La Frieda du titre étrangle à mort son fiston lors d'une petite virée forestière sur une butte saint-galloise. Il n'en faudra pas plus pour créer un véritable scandale helvétique et un film bien plus intéressant qu'il n'y parait.
Attention cependant : il s'agit bien là d'un film de procès relativement balisé, sans vraies fulgurances comme avaient su proposer Anatomie d'une chute ou Les choses humaines pour ne citer qu'eux. Là où Friedas Fall tire son épingle du jeu, c'est bien dans le contexte historique. Car en 1904, une mère tuant son propre enfant passe pour de la folie pure, laissant peu de doute sur l'issue d'un procès peu arbitraire. A l'image de l'avocat de la défense Janggen (excellent Max Simonischek, comme à son habitude), le film va creuser l'affaire pour chercher à comprendre qu'est-ce qui pourrait bien pousser une couturière sans histoire à un odieux infanticide. Bien que convenus, les motifs s'avèrent suffisamment intrigants pour garder le spectateur intrigué dans un récit balbutiant des thématiques féministes. Et là ô grande surprise : le film s'avère relativement mesuré, montrant des bribes de féminisme sans grandes exagérations, l'aube du droit des femmes, illustrant avec justesse les prémices d'un mouvement qu'on ne présentera plus.
Cela dit, une fois sa thématique explorée, le long-métrage perd de vitesse et tire en longueur. J'aurais pu me repaître des somptueux décors de Saint-Gall qui me laissaient augurer un film visuellement splendide... du moins si la réalisatrice avait autre chose à me montrer. Les scènes s'enchaînent mais tout est tellement répétitif sur le plan visuel que ça en devient lassant. Elles sont bien belles votre abbaye saint-galloise et votre cellule poisseuse, hein, je dis pas le contraire, mais si c'est pour me les montrer 500 putains de fois sans jamais innover visuellement, là je dis non !
Heureusement que le long-métrage pense parfois à respirer un peu, fuyant dans la campagne suisse pour nous livrer des plans à couper le souffle, servis par une photographie soignée et une actrice principale vraiment touchante. Oui, "touchant" c'est bien le mot qui pourrait résumer Friedas Fall, tant toute cette histoire s'avère profondément triste, particulièrement bien illustrée par ce plan final dont l'inéluctabilité et le désespoir m'ont coupé le souffle.
Un énième solide drame suisse-allemand, c'est mon verdict (bruit de marteau du juge) !