Future Cop
5.4
Future Cop

Film de Charles Band (1984)

Charles Band, réalisateur et producteur, a pas mal œuvré à l’essor des films de genre à tout petits budgets dédiés au marché de la vidéo dans les années 1980. Par l’intermédiaire de Wizard Video, il permet aux fans américains de voir pour la première fois des films tels que Zombie 2 (1979), Massacre à la Tronçonneuse (1974), The Driller Killer (1979), Pink Flamingos (1972) ou encore I Spit on Your Grave (1978). Il crée Empire Pictures en 1983 puis Full Moon en 1988 (lorsque Empire Pictures fera faillite) mais c’est sous la bannière de Empire Pictures qu’il a produit la plupart de ses films à petits budgets les plus appréciés du public tels que Re-Animator, From Beyond, Ghoulies, … Future Cop (Trancers en VO) a été un des premiers succès de Band en VHS (ventes + vidéoclubs), un film qu’il réalise en plus de le produire, et Future Cop obtiendra petit à petit un statut de film culte aux U.S.A, d’où la moyenne de 6/10 sur IMDB sur plus de 7000 votes, presque un record pour une production Charles Band. Avec la chute d’Empire Pictures, la saga sera abandonnée, mais elle renaitra de ses cendres avec l’arrivée de Full Moon Features et donnera naissance à pas moins de cinq suites. Mais nous parlerons de ces suites en temps voulu et consacrons-nous aujourd’hui à Trancers premier du nom parce qu’il y a des choses à dire dessus.


Danny Bilson et Paul De Meo sont deux jeunes scénaristes au CV vierge. Mais ils ont envie de faire leurs preuves et proposent une histoire s’inspirant à la fois de Blade Runner, Terminator et des films noirs des années 40 à Charles Band qui dit « Banco, je prends 400000$US dans la caisse et on met ça en boite ». Mais bien qu’on sente clairement ses inspirations, Future Cop / Trancers va développer son propre univers. Sa vision de ce futur dystopique, à base de néons colorés, est des plus sympathiques, bien cheapos avec un côté bricolé à base de maquettes et autres effets visuels aujourd’hui désuets (et même possiblement déjà à l’époque), mais cela donne un certain charme au film, très ancré dans les 80’s (néons, punks, musique synthwave, …), que les amateurs apprécieront. Mais bon, comme représenter le futur ça coute cher et qu’on n’a pas de budget, hop, pirouette cacahuète, retour dans les années 80 avec une approche intéressante du voyage dans le temps : lorsqu’une personne remonte le temps, sa conscience habite le corps d’un ancêtre. Ruelles sombres, sous-sols, bars miteux, dessous de ponts, entrepôts, … Oui, le manque de budget se fait réellement sentir. Mais la mise en scène de Charles Band, et ce malgré des moyens très limités, est des plus honorables car il semble connaitre ses limites et il ne se prend pas réellement au sérieux. Son ambiance se tient car il sait faire preuve d’une certaine créativité, certains cadrages sont réussis (d’autres beaucoup plus hasardeux) et, bien que la photographie fasse parfois un peu datée, avec ses néons multicolores parfois kitchos, Band arrive à donner une atmosphère assez particulière à son film. Alors, oui, les effets spéciaux ont mal vieilli (la disparition de corps façon la série V), mais malgré tout l’équipe d’effets spéciaux et maquillages comprenant des noms tels que John Carl Buechler ou David Allen, s’en sort honorablement compte tenu des thunes injectées dans le film.


Nous allons donc suivre les premières (mes)aventures du policier bourru Jack Deth, un héros avec une paire de couilles grosses comme ça, bourrin, qui ne fait pas de chichi, taciturne mais s’adoucissant en présence d’une jolie fille. Un détective de film noir à la Humphrey Bogart, mais modernisé, interprété par un Tim Thomerson qui s’approprie chaque minute qu’il passe à l’écran et qui semble prendre un malin plaisir à interpréter ce personnage. La toute jeune Helen Hunt, pour la première fois dans un premier rôle, se débrouille bien avec l’arc de personnage limité qu’on lui a donner à jouer. Son couple avec Thomerson fonctionne bien et fait presque tout le film. En soi, objectivement, Trancers n’a pas grand-chose pour lui. Mais pourtant, avec son ambiance étrange et son envie de divertir, il s’avère plutôt plaisant car il est plein d’idées sympathiques comme ce bullet time avant l’heure. Il n’arrive certes jamais à réellement bien les mettre en images, mais l’intention et l’envie sont là. Le scénario, c’est la même chose. On sent l’envie de développer un truc bien à lui, mais tout va trop vite au point que ce n’est pas des trous qu’il y a dans le scénario mais des puits, créant des incohérences de manière régulière. Par exemple, on nous présente les hypnos (les trancers en VO, d’où le titre), des sortes de « zombies » qui sont le penchant Fullmoonesque des réplicants de Blade Runner, mais on ne nous explique jamais réellement ce qu’ils sont. Et pourtant, on apprécie cette succession de scènes où vont s’enchainer gunfights, courses poursuites et autres cascades, entrecoupés de scènes de dialogues parfois bien funs, où l’humour léger n’est jamais oublié, soit dans les réactions bourrines voire absurdes du héros (lorsqu’il déglingue le corps au laboratoire), soit dans les punchlines. Alors non, ce n’est pas du grand cinéma, c’est n’est même pas un bon film, mais Trancers est une petite série B amusante pour qui aime retrouver cette ambiance si particulière des années 80.


Ce premier volet de la saga des Trancers (Future Cop chez nous), premier gros succès de Charles Band, est un sympathique divertissement, un peu cheapos mais avec de chouettes idées. Si vous aimez les 80’s, ses néons, ses héros burnés et son système D, alors vous pourriez apprécier l’expérience.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-future-cop-de-charles-band-1984/

cherycok
6
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le 3 oct. 2023

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