Galaxina
3.9
Galaxina

Film de William Sachs (1980)

L'affaire est entendue. L'humour et la science-fiction ont rarement fait bon ménage au cinéma. A l'exception du cas Dark Star (1974) de John Carpenter, notable comédie science-fictionnelle - le scénariste Dan O'Bannon (Alien) et le réalisateur de The Fog ayant l'idée saugrenue d'écrire un film de SF inspiré par l'absurde En attendant Godot de Samuel Beckett - de quoi décontenancer et refroidir le nerd venu réclamer sa pitance hebdomadaire, rares auront été finalement les récits ayant réussi à jouer sur ces deux tableaux (supposés antagonistes). Longtemps cantonné à une fonction subalterne, tel George Lucas dans le cadre restreint d'un comique bon enfant, l'humour profitera paradoxalement des récents succès populaires et commerciaux de la fin de décennie 70's. A l'instar des ZAZ, la Science-Fiction pouvait enfin s'ouvrir à la parodie et à son flot irrémédiable d'hommages détournés. Or si La folle histoire de l'espace (Spaceballs) de Mel Brooks passe pour être la référence 80's de ce genre, un ancien de l'écurie Corman et responsable du dégoulinant Monstre qui vient de l'espace (The Incredible Melting Man), prénommé William Sachs, réalisa sept années auparavant, ce qui s'apparente comme être la première parodie SF post-Star Wars. Malheureusement, si Galaxina est passée à une certaine postérité, ce sont plus à cause des circonstances tragiques du décès de son interprète féminine, ancienne playmate Playboy, que par les qualités intrinsèques du long métrage, mais n'allons pas trop vite...


En préambule, le spectateur est invité, passé un prologue des plus starwarsiens, à suivre les aventures du vaisseau Infinity en l'an 3008. Appartenant à la nouvelle force de police intergalactique, ce vaisseau commandé par le Capitaine Cornelius Butt (Avery Schreiber) a la particularité d'avoir au sein de son équipage un droïde féminin, doué de sentiments, nommé Galaxina (Dorothy Stratten). Leur nouvelle et périlleuse mission est de récupérer l'Etoile bleue de Quartz (Ohaaaah !) sur la planète Huit (Altair en VO), « minerai très rare qui porte en lui le pouvoir des étoiles » si on croit le commandant Garrity. Tandis que le sergent Thor (Stephen Macht) tombe éperdument amoureux de Galaxina au risque de se prendre des décharges électriques, quand l'envie le pousse à vouloir toucher l'élue gynoïde de son coeur, leur ennemi juré Odric a également des vues sur l'Etoile bleue de Quartz (Ohaaaah !)...


Fallait-il s'attendre à un miracle ? Pouvait-on réellement espérer une parodie inspirée en connaissant un peu le réalisateur. Le doute était de mise, et le résultat confirme les craintes.


Car au-delà d'un budget famélique et d'une production digne d'un épisode de Star Trek, le film accumule surtout les erreurs et autres fautes de (mauvais) goût : acteurs livrés à eux-même, mise en scène paresseuse, scénario et dialogues bâclés. A l'image de l'humour déployé par Avery Schreiber, le long métrage tente péniblement, à grand renfort de grimaces et de blagues éculées, de faire rire le spectateur. En vain. Ce dernier devra même faire preuve de patience et de mansuétude devant un tel déballage cheap, des effets spéciaux aux costumes (par exemple ceux des deux extra-terrestres à bord de l'Infinity : le prisonnier mangeur de cailloux et l'ingénieur aux ailes de chauve-souris en caoutchouc). Certes, cela révèle et indique un second degré louable de la part de Sachs (ou plutôt une tentative désespérée), mais la platitude de l'ensemble, et la ringardise de certaines situations annulent toute (la supposée) ironie. Dommage. What's next ?


Reste en définitive au préposé masochiste à mesurer le niveau des pastiches proposés par cette fine équipe. Si l'hommage au huitième passager de Ridley Scott, soit l'ingestion et la digestion express d'un oeuf alien par le moustachu Cornelius Butt, au cours d'un repas, éveille peu d'enthousiasme (ou de honte), il en est tout autre du traitement particulier que connait la Cantina de Mos Eisley dénaturée en bordel extra-terrestre miteux (?!). En ajoutant un méchant interprété par un Dr Doom / Fatalis d'opérette, une parodie western Mondwestienne et des bikers adorateurs du dieu Harley-David-Son (oh oh oh), le bilan est sans appel : Galaxina tourne à vide sans savoir quelle direction prendre. Seule surprise à porter au crédit du métrage : l'apparition sur un écran de la navette spatiale d'extraits du film germano-polonais de Science-Fiction L'étoile du silence (Der schweigende Stern) (1960).


Quant à la performance de la playmate Dorothy Stratten, et supposé mobile sexy justifiant le visionnage de Galaxina, son rôle de robot a l'avantage premier d'être assorti à son jeu limité, et sa plastique à sa combinaison moulante. Prétendre qu'on en attendait plus de toute façon... Soit belle et tais-toi.


Archétype du mauvais « mauvais film sympathique » et d'une médiocrité annoncée, on ne saurait conseiller finalement aux lecteurs de (re)découvrir le film de Luigi Cozzi, Starcrash (1978), véritable nanar, qui n'avait d'autre ambition que de surfer sur le succès de Star Wars, et nullement de s'en démarquer pour en réaliser une parodie ratée.


http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2013/07/galaxina-william-sachs-1980.html

Claire-Magenta
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le 28 sept. 2013

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