L'art du subversif

Je ne suis pas vraiment fan de l'humour Parisien. Cet humour qui met un point d'honneur à dénigrer, exclure ou détruire pour faire rigoler. Mais je dois admettre que si j'ai franchement apprécié Desproges, Gaspard Proust ne m'est pas désagréable non plus.
Bien que je préfère des comiques comme Géra ou Canteloup, moins agressifs mais tout aussi pointus dans leurs genre, je n'ai pas retrouvé souvent l'extrémisme de ce jeune humoriste. À la réflexion, d'ailleurs, je ne l'ai jamais retrouvé depuis Coluche ou Desproges.
Ce petit con se permet tout, et c'est génial. Il tape dans la Xénophobie, le Nazisme, le handicap, la misogynie, la politique... Et ne s'épargne aucune sortie de route avec son personnage de parfait connard.
Cerise sur le gâteau, Proust s'offre le luxe d'une culture raffinée, en marge des classiques références à la vie Parisienne, heureusement peu présentes, qui finissent toujours par m'énerver avec leur message "Private Joke".
Le résultat de ce spectacle est donc très surprenant, car Proust reste constamment sur un ton monocorde et joue à fond la carte du dénigrement et de la culture pour déstabiliser son auditoire.
C'est d'ailleurs amusant en soi de voir que les spectateurs prennent le parti pris de payer pour venir s'en prendre plein la gueule.
Parce que certains n'auront pas compris les références, ou qu'ils auront réagi trop vite à une de ses vannes. Il rebondit sur tout, tout le temps. Ce jeu de scène est aussi sobre que génial en soi. Après quelques minutes, les spectateurs ne savent plus comment réagir, et c'est là qu'on se marre une deuxième fois. Surtout lorsqu'on constate à quel point ça rie jaune dans l'assistance, car Proust change souvent de tête de Turc, mais prend bien le temps de se défouler au passage. (Télérama ou les Bourgeoises) Il revient même fréquemment sur ses premières victimes. Un personnage, pour d'autres personnages, quoi.
Donc que l'on aime ou pas ce genre d'humour, force est de constater que la force de l'humoriste réside dans sa maîtrise des dialogues subversifs, son extrémisme et sa ténacité. Un cocktail beaucoup trop rare aujourd'hui à mon humble avis. Il se permet tout et ça fait du bien au cerveau.