Où il est question d'Apollon imitant malgré lui une copine de l'Olympe

Qui n'a pas été sensible à la beauté du tableau de Botticelli intitulé "La naissance de Vénus" où la déesse, déjà femme, émerge des eaux, debout sur un coquillage géant, sa nudité à peine dissimulée par ses longs cheveux mouillés.

Quoique moins majestueuse, une semblable scène nous est proposée par les réalisateurs de "Gaza mon amour". Grâce à eux voilà qu'Apollon, pris dans un filet de pêcheur, surgit à son tour du fond de la mer. Ou plutôt sa statue, plus grande que nature,dont le sexe dressé que rien ne vient cacher, est assurément triomphant. Cette pêche miraculeuse ainsi offerte par les flots à Issa, personnage clef de ce récit, nous donne la tonalité du film. Loin des passions exacerbées ou du manichéisme que l'on rencontre habituellement dès qu'il est question de la bande de Gaza, les frères Tarzan et Arab Nasser ont préféré faire le choix de la distanciation.

En repêchant ce dieu grec jadis chanté par Homère, Issa a également ramené à la surface de notre mémoire le souvenir du passé prestigieux de cette cité florissante de Gaza sous l'Antiquité. Privilégier ainsi le temps long c'est bien sûr relativiser le présent et ses tourments que l'on peut espérer voir un jour disparaître. Sans doute est-ce pour cela que le film débute par un rêve. Celui d'Issa qui du reste en fera d'autres par la suite durant ses sommeils agités. Le deuxième ressort sur lequel jouent aussi les Frères Nasser est évidemment l'humour.

Quoi de plus jubilatoire que la survenue d'une divinité païenne, de surcroit en érection, sur un territoire contrôlé par le Hamas. On voit par là la totale liberté d'esprit des frères Nasser qui, tel un pied de nez à la censure, ont eu la fantaisie de naître en 1988 à Gaza soit un an après la fermeture des derniers cinémas de leur ville natale. Rien d'étonnant dès lors que sans réticence l'on s'attache très vite à cette population gazaouite qui nous est dépeinte avec tendresse et qui, comme chacun sait, est hélas enfermée dans une étroite enclave de 365km2 entre la mer Méditerranée, Israel et l'Egypte. Pour aller à sa découverte le plus simple à présent est de suivre Issa et de partager un moment sa vie.

A vrai dire, celle-ci ne manque pas d'imprévus oscillant entre les émois d'un coup de foudre et les tracas occasionnés par le cadeau empoisonné d'une statue de pierre aussi embarrassant que celui d'un cochon capturé en mer par Jaafar, cet autre pêcheur de Gaza mis en scène par Sylvain Estibal en 2011. Le beau temps, selon l'adage, venant toujours après la pluie, on commencera par les soucis pour terminer avec un rayon de soleil.

Hisser hors de l'eau une sculpture ancienne plutôt que des poissons, fort bien. Mais qu'en faire ensuite. Sur le coup le premier réflexe est de la transporter vaille que vaille chez soi et de la cacher. Et voilà Apollon, ce dieu solaire, relégué au fond d'un placard obscur. Il y serait sans doute demeuré longtemps n'était une mauvaise manipulation d'Issa. Un geste malencontreux et, catastrophe, ne reste plus dans sa main que le sexe brisé de l'idole apollinienne. Inutile d'épiloguer longuement sur la symbolique de cette amputation puisque les frères Nasser n'en ont pas fait mystère. Ecoutons-les dans cet entretien:

Oui. Apollon est le dieu de la poésie, des arts, de la beauté et dans le film il vient dans un endroit qui croit en un seul dieu. Le pénis en érection est le symbole du pouvoir masculin. Mais une fois à Gaza, Issa manipule la statue et le pénis se casse, Apollon perd son symbole phallique! Le dieu symbole de l'amour est cassé par l'homme qui croit en l'amour. Apollon perd le symbole de sa puissance à Gaza parce que Gaza est un lieu impuissant où la seule puissance qui existe est celle du Hamas. Mais même le Hamas n'est pas puissant, ils sont coinçés dans ce territoire étroit comme tous les Gazaouis! Même Mahmoud Abbas doit demander la permission à Israël pour voyager à l'étranger. Nous Palestiniens n'avons pas de puissance, pas de pouvoir, si ce n'est le pouvoir intérieur comme par exemple le pouvoir d'aimer.

Mais revenons à cet appendice viril. Détaché du reste du corps, il est paradoxalement plus discret et surtout plus transportable pour qui, comme Issa, souhaite obtenir l'avis éclairé d'un sachant sur la valeur de sa découverte. Funeste idée et pauvre Issa, moins pour sa gène en présentant penaud ce phallus en pierre que parce que le boutiquier soi-disant spécialiste auquel il s'est benoîtement adressé s'est empressé de le dénoncer aux autorités sitôt que notre imprudent pêcheur l'eut quitté. On devine sans peine la suite : arrestation, interrogatoires, mise en détention dans une geôle sordide, fouille de la demeure du détenu et finalement confiscation de son trésor archéologique.

L'appât du gain étant la chose la mieux partagée au monde, les agents du Hamas, mettant de côté leurs convictions religieuses, vont rapidement mesurer l'importance du profit qu'ils pourraient tirer de ce dieu ancien qui n'est pas le leur. Laissons à nouveau la parole aux réalisateurs:

Ce gouvernement de la Bande de Gaza n'a aucune expérience, il ne sait pas comment gérer la population. Ils ont appris à gouverner sur le tas et maintenant ils contrôlent Gaza depuis quinze ans.Il existe une représentation caricaturale du Hamas et des islamistes: des gens idiots, brutaux... On a essayé de les représenter de façon réaliste, sans caricature. Je ne dis pas qu'ils sont très intelligents, mais ils ne sont pas aussi stupides qu'on le pense. Ils ont leur point de vue, leur logique interne. Ce n'est pas le point de vue d'Issa ni le nôtre. Quand ils découvrent la statue d'Apollon chez Issa, c'est un sacrilège pour eux car ils ne reconnaissent qu'un dieu unique. Mais quand ils découvrent que cette statue pourrait se vendre cher à l'étranger, ils changent de point de vue et voient en elle un moyen de gagner de l'argent et de casser symboliquement le siège, d'avoir une relation avec l'extérieur, mettant ainsi de côté son aspect sacrilège. Ils ne sont pas complètement stupides.

A défaut d'avoir pu garder sa précieuse trouvaille, Issa finira en revanche par retrouver sa liberté, l'arbitraire des policiers du Hamas n'allant pas jusqu'à le laisser croupir indéfiniment dans sa prison. Avant même cependant sa levée d'écrou officielle, il réussira chaque soir à s'échapper de sa cellule pour rejoindre les bras de la belle Siham à travers des rêves suggestifs inspirés davantage par Apollon et ses attributs vainqueurs que par le seul Morphée. Après tout qu'importe le dieu pourvu qu'on ait l'ivresse. Il est bon toutefois de préciser que l'intensité de ces songes nocturnes est ici inversement proportionnelle à celle mise par Issa dans sa cour faite à Siham. Il est vrai qu'à soixante ans il est resté cet amoureux timide qu'il était adolescent. Plus facile pour ce rude pêcheur d'affronter chaque petit matin les éléments sur son bateau que de déclarer sa flamme à celle qu'il aime en secret. Siham, de son côté, qui éprouve de pareils sentiments pour ce soupirant muet, se garde bien de l'encourager en faisant , elle, le premier pas. Rien d'étonnant à cela puisque l'un et l'autre appartiennent encore à cette génération pour laquelle il n'est pas aisé de jeter la tradition par-dessus bord.

Fort heureusement, Leila, la pétulante fille de Siham, poussera sa mère à s'en affranchir. Elle-même du reste, comme tant d'autres de son âge, s'en est débarassée ainsi qu'en témoignent son franc parler et ses tenues branchées. Bref, n'en déplaise au poète, quel que soit le nombre des années à qui ce cadeau est offert, il est encore possible de chanter un amour heureux. C'est précisément ce qu'ont souhaité faire Tarzan et Arab Nasser:

Nous, nous avons voulu filmer des êtres qui gardent leur lumière et leur chaleur intérieures. C'est déjà difficile de vivre une histoire d'amour à Gaza pour des jeunes, alors imaginez pour des personnes âgées. Nous nous sommes inspirés de personnes réelles que nous cotoyons: notre père, nos oncles, nos amis. Et nos amis ont plutôt la cinquantaine que la trentaine. Les personnages âgés sont intéressants, ils ont du vécu, de l'expérience. Malgré tout ce qu'il a connu dans sa vie, Issa a toujours le coeur qui bat. Son ami plus jeune lui demande de partir avec lui à l'étranger et Issa répond que son avenir est à Gaza. La vieille génération nourrit toujours l'espoir d'un avenir meilleur à Gaza,alors que la jeune génération est un peu perdue: elle sait ce qu'elle ne veut pas, mais elle ne sait pas exactement ce qu'elle veut. Quant à l'histoire d'amour, nous n'avons pas voulu reprendre le cliché selon lequel l'amour est réservé aux jeunes. Non, des quinquagénaires sont aussi capables d'aimer, peut-être même mieux que les jeunes. Il y avait aussi un défi narratif: les limites de l'amour à Gaza ne sont pas les mêmes qu'à Paris ou même au Caire. A Gaza, il n'y a pas d'espaces pour nouer des relations amoureuses, il n'y a pas de cinémas, pas de parcs...Ainsi, Issa doit inventer des stratagèmes pour approcher Siham, comme lui faire faire des ourlets à son pantalon. Et Issa n'ose pas exprimer directement ses sentiments, il est timide. A Gaza, entre le siège, les bombardements, la situation quotidienne, il est mal vu de parler d'amour. Beaucoup pensent qu'il y a des problèmes plus importants et urgents que l'amour. Mais Issa choisit l'amour et se bat pour ça, c'est central pour lui.

Cette scène des ourlets rapidement évoquée au passage par les réalisateurs mérite qu'on s'y attarde car elle résume à elle seule tout ce qui fait leur style. Au point de départ toujours cette même question: comment retenir le regard de l'autre quand l'autre est une femme et que devant elle l'on a si peu confiance en soi. Ici, sous une pluie froide de Gaza en hiver, Issa, comme dans la chanson, proposera d'abord à Siham un petit coin de son parapluie mais, hélas, sans d'emblée un petit coin de paradis à la clef. D'où l'idée,après avoir pris son courage à deux mains, d'entrer purement et simplement dans l'atelier de couture de Siham au prétexte de faire raccourcir ses pantalons prétendument trop longs. En vraie professionnelle la belle couturière verra au premier coup d'oeil qu'aucune retouche n'est nécessaire mais comprendra aussi que ce client qui vient de pousser la porte de sa boutique ne l'a pas fait par seule coquetterie vestimentaire. Quoi qu'il en soit elle exécutera scrupuleusement la commande.

S'ensuivra un essayage mémorable mêlant drôlerie et pudeur. D'un côté, tout piteux, Issa pareil à un petit garçon en culottes courtes,de l'autre Siham, sourire aux lèvres mais émue par ce qu'elle découvre être une déclaration d'amour déguisée. Grâce aux exhortations de sa fille, comme on a déjà eu l'occasion de le souligner, Siham acceptera de partager avec Issa ce bonheur précieux d'aimer à nouveau.

Mais "Gaza mon amour" c'est aussi cet amour des Frères Nasser pour leurs compatriotes restés sur place. De là, autour d'Issa et de Siham, des personnages hauts en couleur qui sont loins d'être des faire-valoir ou de simples figurants. Ainsi, à l'opposé de Leila qui s'ingénie à bousculer les règles, Manal apparait, elle, comme la gardienne vigilante des coutumes du pays. Se substituant à leurs parents disparus, elle s'est donc mise en tête de marier son frère Issa et de choisir pour lui sa future épouse. Ce qui nous vaut une scène savoureuse où sous le contrôle de Manal notre pauvre Issa, l'air contrit, doit affronter pour donner ensuite son avis les premières candidates au mariage sélectionnées par son intraitable soeur et dont bien sûr Siham est exclue.

Mais laissons là le babil de ces dames pour faire la connaissance d'un titi palestinien. Du bagou, il en a revendre et il en faut, ma foi, pour défendre la cause d'un père dans le besoin et obtenir si possible un énième crédit de l'épicier du quartier. Eh oui! on tire souvent le diable par la queue à Gaza. Raison pour laquelle beaucoup n'ont d'autre ambition que de s'en évader. Encore faut-il être en mesure de réunir la somme nécessaire pour payer un passeur. Tel est le cas de l'ami d'Issa convaincu que l'existence est plus douce ailleurs et qui souhaiterait que les deux décampent ensemble. Pour éviter de devenir lassant on arrêtera là l'énumération des nombreux personnages auxquels les Frères Nasser, le temps d'un long métrage, ont réussi à donner vie.

S'il est vrai, selon l'adage, que la réalité dépasse la fiction, ici, celles-ci semblent se confondre tant on éprouve le sentiment de retrouver ce même type de protagonistes, mais pour de vrai cette fois-ci, dans le passionnant documentaire "Gaza" de Garry Keane et d'Andrew Mac Connell sorti en 2019. Un autre duo donc derrière la caméra. Les grandes lignes de ce travail en commun ont pu être exposées par Andrew Mac Connell:

Il y a peu d'endroits dans le monde qui suscitent une réaction viscérale aussi forte que Gaza. C'est un endroit qui semble immédiatement familier, connu dans le monde entier grâce aux flashs d'informations diffusés sur nos écrans de télévision. Pourtant, en vérité, nous ne savons presque rien sur cette petite bande de terre située au bord de la Méditerranée. Dès le début, nous avons voulu aborder la disparité entre perception et réalité. Après avoir passé des années à travailler sur le terrain, nous savions que Gaza était bien plus que la représentation dans les médias. Cette terre unique et dynamique, riche en culture et en histoire, abrite un peuple opprimé et déshumanisé, mais également résilient et fort,et qui ne souhaite rien de plus que de vivre une vie normale. A travers une distribution de personnages majeurs et mineurs, nous rencontrons des Palestiniens de tous les horizons qui ont chacun une histoire forte à raconter mais qui, ensemble, créent un portrait de Gaza unique.

Et Mac Connell de conclure:

C'est Gaza comme vous ne l'avez jamais vu auparavant. Loin d'être un lieu de misère, c'est une terre de sourires, de joie et même de brefs moments d'espoir.

Ceux qui auront la curiosité de découvrir ce documentaire après avoir vu "Gaza mon amour" seront sans doute confondus par la parfaite reconstitution dans ce film de fiction des lieux et de l'ambiance du pays natal des Frères Nasser. Le tournage en effet ne s'est pas déroulé à Gaza mais en Jordanie dans un camp de réfugiés palestiniens.

Dans ce Moyen-Orient que l'on dit compliqué qu'en est-il d'Israël? C'est ici en quelque sorte l'Arlésienne. Sa présence, certes pesante pour les Gazaouites, n'est que suggérée de temps à autre par les réalisateurs à travers quelques brèves notations. Le passage dans le ciel d'avions militaires israéliens, les coupures de courant du fait de la destruction de la seule centrale électrique de Gaza bombardée en juin 2006 et jamais correctement réparée depuis ou l'interdiction de dépasser en mer une zone de 5 kilomètres. De par son métier Issa connaît parfaitement cette règle qu'il applique du reste chaque matin dès son départ du port. Il sera pourtant rappelé à l'ordre par la police israélienne. Et ce un peu comme un symbole de l'enfermement des Gazaouites, à la toute fin du film:

Dans la dernière scène, en effet, il n'y a plus que deux amoureux à bord d'un bateau, Issa et Siham tout à leur nouveau bonheur. Qu'importe alors le monde extérieur et ses interdits, sauf que leur esquif laissé à la dérive, et pour cause, a soudain franchi les 5 kilomètres autorisés.

Et comme "Gaza mon amour" a débuté par un rêve, on voudrait pareillement terminer cette chronique en en faisant un. Mais à la manière de Martin Luther King. Si Issa le pêcheur se voit interdire de naviguer aussi loin qu'il le désire, Salim Daw, l'acteur qui l'interprète ne connaît, lui, pas de frontières. Grâce à la pellicule il peut passer aisément d'un film à l'autre, de ce film palestinien-là à un film israélien comme "Tel Aviv on Fire".

Rêvons donc que ce que permet ainsi le cinéma puisse un jour se réaliser autrement que par des seules images en mouvement sur un écran. N'est-ce-pas Martin Luther King qui en 1968 disait déjà:

Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots
Athanasius_W_
8
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le 20 juil. 2022

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Athanasius  W.

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