Il est où l'génie il est où ? Il est où ?...

Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé d’aller fureter dans un vieux grenier, et là vous tombez sur une vieille malle pleine de livres poussiéreux. Autant par curiosité que par réflexe, vous en prenez un entre les mains. Vous ne connaissez ni l’auteur, ni le sujet. Les pages sont gondolées et le tout dégage l’odeur âpre d’un vieil indian paper. Vous commencez quelques lignes et très vite, vous votre désir d’aller plus loin se fait plus fort que le reste, vous vous installez et lisez. « Genius » donne un peu cette impression. Au demeurant, ça parle de livres, ou plutôt des livres d’un auteur Thomas Wolfe, du travail et de la relation de pygmalion avec son éditeur Maxwell Perkins.


Cela semble improbable et n’aurait attiré l’attention d’aucun lecteur dans d’autres circonstances. Factuellement, ce choix d’édition, euh pardon de mise en scène a vu le jour. Bien évidemment, on perçoit que le récit retenu s’éloigne de l’original. Des coupes sérieuses sur ce qui faisait l’essence de l’œuvre de Wolfe en grande partie autobiographique (ce qui provoqua quelques tollés) est à peine évoquée, de même les nombreux travaux littéraires qui sont venus s’intercaler entre les parutions de ses « grands « et « longs » romans. Ajouter un peu de cette matière aurait pu réveiller le film… Mais Grandage et John Logan le scénariste, ont dû à un moment se résigner de ne pas vouloir assommer totalement le spectateur. Bien leur a pris, même si le choix final du script n’était pas le meilleur.


Il y a pourtant un petit éclair (infime, je l’accorde) qui traverse « Genius ». Cela ne tient pas à Jude Law dont la performance à la Michael Keaton des mauvais jours (« Birdman ») est à la limite du risible. Pourquoi Fassbender s’est désisté ??? C'est plutôt grace à l'ambiance générale qui oscille à l’écran entre le sombre (spartiate et obscur bureau de Perkins, logement d’Aline Bernstein…) et là vie tout autour plus bigarrée ou pour le moins ardente. Colin Firth est impeccable, son côté propre sur lui fait mouche. Nicole Kidman emporte une totale adhésion, enfin retrouvée, on se dit qu’elle est vraiment une actrice formidable et porte ici le rôle de la muse maitresse avec une main de fer dans un gant de velours. Quant aux deux personnages de Fitzgerald et Hemingway (deux autres poulains de Perkins), interprétés par Guy Pearce et Dominic West, ils sont, pour le coup, totalement crédibles et bien cernés. Photo, décors, costumes restent honnêtes et seule la bande originale d’Adam Cork se démarque vraiment.


Une fois le générique de fin déroulé, il ne reste plus à « Genius » qu’à retrouver ses nombreux congénères dans une vieille malle. A l’image de celle des livres du grenier, il sera vite oublié.


Pour la musique c'est là => http://www.musicme.com/#/Adam-Cork/albums/Genius-(Original-Motion-Picture-Soundtrack)-3299039983928.html?play=17

Fritz_Langueur
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le 3 août 2016

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