American Nightmare

S'il y a une chose qui frappe dans **Get Out**, c'est la maitrise dont **Peele** fait preuve dés son ouverture; Intelligent, dans sa forme comme dans ce qu'il nous raconte, son plan-séquence convoque les classiques de l'horreur comme **Halloween** de **Carpenter** mais aussi une actualité brûlante, se servant des petites banlieues résidentielles américaines dont l'apparente banalité et l'innocence du quotidien peut cacher l'horreur. 
**Peele** arbore une mise en scène intelligente de bout en bout, un vrai sens du cadre, du montage, n'appuyant jamais trop certains éléments pour les laisser se développer de manière purement cinématographique. Réutilisant des éléments éculés du cinéma d'horreur( l'accident avec le cerf,..), **Peele** déjoue habillement ses artifices pour en faire des matériaux narratifs pertinents et démontre une vrai compréhension des codes du genre.
 Le problème avec **Get Out** se remarque dans sa seconde partie en dévoilant une nature de thriller/comique traversant plusieurs spectres; allant de la satire grinçante jusqu'au potache pur, un choix courageux mais qui réclame une exigence d'écriture totale qui ne pardonne pas l'approximation, la difficulté tenant à faire cohabiter ses deux registres sans que l'un ne vienne vampiriser l'autre.
  **Get Out** adopte dés lors deux ambiances qui ne se rencontreront jamais totalement, constamment entre deux univers mais ne sachant pas créer un cocon d'unité; la faute à des personnages trop sur le fil, à l'image des invités mais surtout du fils des beaux parents, tombant immédiatement dans la caricature, plombant toute ambiguïté bienvenue par une outrance de jeux mal amenée. Même chose pour **Rod**, "Sidekick" comique par excellence, drôle mais semblant débarquer d'un autre film, amusant au début mais brisant l'ensemble par la suite. A force de tirailler son film sans trouver son équilibre et de jouer avec ses personnages, **Peele** peine à rendre le tout homogène, sauf au hasard de certaines scènes comme le bingo, la séance d'hypnose ou encore avec **Georgina**, véritable "boogeyman" du film avec **Walter**, personnages casse-gueule, mais parvenant à faire mouche (la scène du portable pour le coup vraiment glaçante.)
   Avec un dernier acte emballé trop brutalement, le climax perd de sa dimension cathartique, impactant directement la nature subversive de l'oeuvre; **Get Out** aurait finalement eu besoin d'un supplément de rage pour être à la hauteur de l'horreur qu'il veut dénoncer. L'ensemble tient tout de même avec un casting très solide, on retient **Catherine Keener** et **Bradley Whitford** , **Allison Williams** et surtout **Daniel Kaluuya**, impérial du début à la fin.
   Par moments brillant, loupant son objectif à d'autres, allant plus loin que le discours antiraciste facile, **Get Out** est un cauchemar qui agacera autant qu'il fascinera , une petite réussite qui laisse présager du bon pour la suite des créations de **Jordan Peele**.

 C'était **BigMadTom**, aux confins de la folie.