Don't fall in the Oblivion Well !

Les films qui parlent ouvertement de racisme, je n'aime pas. Non pas à cause du thème, mais parce que c'est tellement utilisé de manière clichée qu'au bout d'un moment ça se tire une balle dans le pied en se voulant anti-raciste alors que le film le banalise dans le métrage au point d'être ennuyant (oui c'est de toi que je parle Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?, va falloir réécrire ma critique un de ses 4 de ce film). Heureusement, il y a des contre-exemples qui valent coup et dans tous les genres : Dear White People, la saga X-Men, Harcelé, les Aventures de Rabbi Jacob (pitié pas de suite pour ce film), Zootopie (oui même Disney s'y est mis), District Nine etc, il y en a beaucoup. Pour Get Out, j'étais entre 2. En effet, autant le concept est original en soit, autant je sentais venir que ce film allait dans tous les travers que j'ai énoncé. Finalement, c'est exactement le cas. Mais, le film a quelque chose qui fait que cela passe mieux dans la mesure où c'est un parti pris, mais auquel le film ne s’embarrasse pas de subtilité

Horreur et Onirisme

Le film est réalisé par un nouveau venu à savoir Jordan Peele. Qui de base est un humoriste de la télévision qui a fait des voix pour Rick et Morty et American Dad, a joué dans de la black comedy à son nom (oui c'est ça fait cliché je sais) et au cinéma, il a joué dans Keanu (vous savez le film avec récent avec un chat comme enjeu). Get Out est sa première réalisation et ce n'est absolument pas une réalisation qui se contente d'être un film d'horreur. Il y a gimmicks de bases de ce genre de film. A savoir, certains jump-scare inévitable, changement de musiques bien sombres on les connaît tous. Mais le film possède de bonnes idées de mise en scène qui est bien gérée et des cadres bien posés. Mais là où le film se démarque est dans l'onirisme

Cela dit, même dans la mise en scène, on sent vraiment le partit pris

Et le film n'est que ça, une mise en scène où on sent vraiment le propos du film et sans aucune subtilité. Cela dit, le cinéma comme on dit est un beau mensonge et il y a bien des scènes mises pour nous faire douter jusqu'au bout. Et cela c'est plutôt intelligent comme procédé.

Chasseurs blancs, proies noires

Au niveau des personnages, c'est le manichéisme pas outrancier. Mais niveau subtilité alors on peut faire une croix dessus :

Le héro s'appelle Chris Washington , sa copine et la famille de celle-ci on comme nom Armitage et son meilleur ami se nomme Rod Williams. Niveau cliché on atteint le summum ! (Soit dit en passant, mon nom de famille est Pierrot et je suis black. Je dis ça je dis rien).

Chris Washington (joué par Daniel Kaluuya, alias le collègue d'Emily Blunt dans Sicario) forme un couple mixte avec Rose Armitage (Allison Williams de la série Girls) et découvre la belle-famille de celle-ci. Mais on sent qu'il n'est pas rassuré ou à l'aise et qui voit que la famille est de plus en plus bizarre. Déjà, on sent que le focus est plus porté sur lui et que le film se déroule de son point de vue globalement. Cela donne un peu l'ambiguïté du film où d'un coté on pense que la famille lui veut du mal et de l'autre qu'il s'agirait de la paranoïa (spoiler, ce n'est pas le cas). Même Rose qui au début a l'air d'être de son coté fait tout pour le rassurer

La famille Armitage a tout d'une famille modèle : Missy Armitage (Catherine Keener du film Captain Philipps, le meilleur Greengrass à mes yeux), qui est la mère de famille tout ce cas de plus classique (et adepte d'hypnose) , Dean Armitage (Bradley Whitford) qui est le chef de famille chirurgien et cela utile pour comprendre l'histoire et Jeremy Armitage (alias Caleb Landry Jones qui a joué, le Hurleur dans X-Men le Commencement.) qui est adepte de close combat. Bref, c'est la famille typique où on peut exploiter le coté lisse dans le contexte.

Quant au pote Rod (Lil Rel Howery), c' est le comic-relief assez futé (et son running gag hilarant...).

Ma première réaction envers ses personnages est qu'ils étaient sans nuances. Sauf que non. Ils ont chacun une consistance et une évolution pas toujours heureuse mais bien écrite. C'est juste qu'à cause du parti pris, et ben on sait qui sont les gentils et qui sont les méchants. Le film ne fait pas dans la demi-mesure et ça se voit. Il y a juste le personnage du grand père auquel qui apporte un peu d'éclaircissement mais qui fait que la famille est très dérangée.

Et on a d'autres personnages secondaires tels que Logan (Keith Stanfield du N.W.A, j'arrête pas de voir les acteurs de ce film cette année c'est dingue), Georgina (Betty Gabriel) et Marcus (Marcus Henderson ) qui ne font que renforcer le malaise ambiant

Belle famille et piège mortelle

Donc si l'histoire est simple, elle parle d'un postulat où de base le film assume son manque de subtilité et son parti pris. Cela aurait pu être énervant à la longue mais la réalisation fait en sorte de donner de l'ambigüité

Cela dit dès le milieu du film on est fixé sur les tenants et aboutissement et le jeu est de savoir comment Chris va s'en sortir. Le film montre aussi l'évolution du personnage principal qui passera du mec cool au mec soupçonneux, de la victime au vengeur badass. Bref, ce qui pourrait déranger, c'est le thème du film et l'interprétation qu'on peut en avoir. Le film est sorti dans un contexte où le racisme aux Etats-Unis est encore bien présent et le sentiment de méfiance aussi grand (alors qu'ici on fait des films où on préfère rire du racisme de manière maladroite...). Le thème ne m'a pas gêné mais le fait que l'esthétique n'apporte aucune nuance envers les situations fait que tout est assez gros. Même le final, je l'ai trouvé assez brusque même si la fin alternative n'aurait pas été aussi bien. Cela aurait été mieux une fin à la Misery plutôt qu'une fin qui finit aussi brusquement que ça. Mais bon.

Carton mérité ?

Bref, ce film fonctionne bien en tant que film d'horreur assez original mais qui a choisi de ne pas être subtile avec le spectateur et que le message est limpide dès le milieu du film. Cela aurait été mieux avec davantage de personnages neutres (car oui les policiers n'ont qu'un rôle mineur et sont soit dans la méfiance, soit dans le doute). Mais bon en tout cas je me suis bien marré (sérieusement Rod, tu es un personnage cliché mais on te pardonne) et la tension est palpable. Un visionnage hautement conseillé.

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