Critique de Get Out

Révélé au public par son célèbre show humoristique, Key and Peele (aux côtés de Keegan Michael Key), Jordan Peele s’attelait ici à son premier long métrage en tant que réalisateur, intitulé Get Out, thriller horrifique doublée d’une charge antiraciste plus que jamais nécessaire dans le climat actuel américain, produit par Universal et Blumhouse, la société de production de Jason Blum, producteur numéro 1 de films d’horreur outre Atlantique (Split, The Visit, Insidious…).

Plus qu’une réussite, c’est un véritable chef d’œuvre que parvient à délivrer Jordan Peele pour son premier film, servi par une tension folle et une mise en scène hors du commun. De surcroît, c’est un puissant cri d’horreur poussé à l’encontre de la société américaine quant à son traitement des Noirs américains, car la vraie horreur du film se situe ici : la situation de ces derniers aux Etats Unis, qui plus est dans un environnement leur étant hostile. De la première scène, filmée dans un superbe plan séquence, à la dernière, le film parvient à capturer le mal rongeant cette société et à nous le faire vivre aux côtés de Chris, le personnage principal : chaque nouvelle rencontre est toujours plus angoissante, l’humour est plus que malaisant, le summum étant atteint lors du traditionnel repas de famille où les parents et le frère de Rose, la petite amie de Chris ayant invité son chéri chez ses parents, bombardent ce dernier de questions toujours plus stressantes. La mise en scène fait clairement son plus bel effet dans cette scène, enfermant Chris aux mains de la famille Armitage, présentée comme réellement tolérante par sa petite amie, cette dernière restant la seule personne auprès de qui Chris trouve refuge au sein de cette demeure, leur relation s’étiolant de plus en plus au long du film.

Malgré une fin assez prévisible et attendue, Get Out jouit d’une écriture sensationnelle, assurant une pure représentation et évolution des personnages (le personnage de Rod Williams, le meilleur ami de Chris travaillant à la sûreté aérienne, est un joyau), particulièrement réussie chez les personnages afro américains ayant affaire aux Armitage. Daniel Kaluuya est également excellent et la bande originale est parfaite, parvenant à faire de chaque dialogue et scène un réel moment de tension.

En résumé, Get Out est un véritable cauchemar en pleine Amérique actuelle mais avant tout un film nécessaire portant un message fort, honnête et dépoussiérant le genre du film d’horreur, qui commence, malgré quelques belles exceptions, à se noyer lui aussi dans ses propres clichés.