Comme toute personne ayant GITS en film de chevet, je redoutais que cette adaptation américaine ne soit qu’une coquille vide de plus. Sans parler du casting et de la polémique qu’il suscite sur lesquels je vais revenir.


Cette version est déconcertante pour ceux qui connaissent les films de Mamoru Oshii et les séries tirées de cet univers cyberpunk. Au niveau du scénario, il essaie de rendre hommage au premier du GITS en reproduisant à l’identique certaines scènes


(le saut de l’ange d’un immeuble, combat dans quelques centimètres d’eau, la discussion sur le bateau)


ou plans


(Celui en contre plongée pour apercevoir le ciel et un avion au delà des immeubles, celui des doigts cybernétiques tapant sur un ordinateur portable).


Il y a un même un clin d’œil à Avalon. Vu comme cela, on pourrait se dire qu’il y a certain respect de l’œuvre originale et du réalisateur japonais. Sauf que l’on retrouve aussi des éléments de GITS : Innocence


( les robots geishas, le médecin analysant le corps d’une victime pendant que les officiers de la Section 9 l’interroge).


Ainsi, l’histoire est un mix des films et des séries.


pour proposer une histoire censée se dérouler avant le premier GIST (cf le plan final.).


Toutes les réflexions philosophiques ou citations sur la technologie, le devenir de l’humanité, le transhumanisme, ce qui est réel et non, l'âme d'un individu qui constituaient le noyau dur de l’histoire de Masamune Shirow ont tout simplement été supprimées comme un bug rédhibitoire pour le public américain. Il ne reste plus que le thème de l’identité abordé, de manière superficielle, à travers l’enquête du Major pour savoir ce qui ne va pas chez elle.


Même si l’ensemble est cohérent, on est loin de la puissance de GITS 95. C’est un peu comme si le réalisateur rendait honneur à ce qui a été proposé jusqu’ici avec la Section 9, tout en détruisant la cohérence temporelle de la saga existante.


Au niveau des décors et des effets spéciaux, le travail est plutôt bien fait. Parfois, j'avais l'impression que cela permettait simplement de remplir une scène pour que l’on ne s’ennuie pas. Cela donne une impression étrange sur l’utilité de ce long métrage, même si le divertissement proposé est honnête pour celui qui n’y connaît rien.


La polémique relative au casting permet de faire un buzz négatif et inutile sur le film. Ce dernier n’est déjà pas aidé par la réputation de son réalisateur : Rupert Sanders. Même si Scarlett Johansson interprète le Major en reprenant les mimiques et la démarche du personnage animé. L’ensemble du casting n’est pas uniquement occidental. On y retrouve « Beat » Takeshi Kitano en Aramaki crédible jusque dans la coiffure. C'est l’un des personnages importants du film. Pilou Asbaek (acteur danois aperçu dans la série BORGEN), joue un Batou surprenant de naturel alors que ce n’était pas forcément gagné d’avance. Juliette Binoche joue un médecin travaillant pour HANKA. Elle a d’ailleurs un temps de présence plus long que celui qu’elle avait dans Godzilla de Gareth Edwards, autre adaptation d’une œuvre majeure du cinéma japonais. Heureusement, Michael Pitt donne une consistance non négligeable à ce GITS se reposant essentiellement sur le personnage de Scarlett. Le marketing du long métrage est véritablement centré sur l'actrice et ses formes avantageuses (cf, l'affiche par exemple). Malgré le peu de présence qu'il a à l’écran, son charisme est plus visible que celui de l’héroïne. Sans oublier, les autres acteurs dont la plupart sont asiatiques. Je pense que le white bashing résulte du fait que beaucoup considèrent GITS culte et qu’il fait partie intégrante de la culture populaire japonaise.


Or, je trouve ce procédé un peu facile parce que j’ai en tête un autre film asiatique Infernal Affairs qui a fait l’objet d’un remake par Scorsese: Les infiltrés où tous les personnages étaient caucasiens et interprétés par des acteurs américains célèbres. Or, ce film n’a pas connu une telle polémique alors qu’ IA a été un grand succès public et critique, suivi de 2 suites. C’est vrai qu’un film de Scorsese est plus respecté qu’un autre réalisateur, même lorsqu’il réalise un remake d'un long Hong-Kongais. Je sens que je vais m'attirer les foudres des fans du réalisateur de Taxi Driver. En fait, tout dépend de comment on va appréhender le film ou de ce que l’on en attend. Et surtout, le spectateur est encore libre de le boycotter ou non, selon sa propre sensibilité.


Le résultat est correct mais il va inciter les spectateurs à découvrir les deux films plus profonds d’Oshii et surtout le manga qui a donné naissance à cet univers.


PS : Je remercie la sortie du film permettant la réédition du manga original de Masamune Shirow

Hawk
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Tickets de cinéma 2017 et Les meilleurs films de 2017

Créée

le 8 avr. 2017

Critique lue 2.5K fois

29 j'aime

16 commentaires

Hawk

Écrit par

Critique lue 2.5K fois

29
16

D'autres avis sur Ghost in the Shell

Ghost in the Shell
T-rhymes
4

Il est où le Ghost ?

Ghost in The Shell.... Adaptation live des films d'animation Ghost in The Shell et Ghost in The Shell 2 Innocence, sortis respectivement en 1995 et 2004, . Eux même adaptés du manga culte de Masamune...

le 23 mars 2017

114 j'aime

26

Ghost in the Shell
Velvetman
6

Human being in The Shell

Le Ghost in The Shell de 1995 voyait le Major se poser une question : « Qu’est-ce que je suis ». La version hollywoodienne avec Scarlett Johansson en lead voit ce personnage mi humanoïde mi...

le 30 mars 2017

99 j'aime

4

Ghost in the Shell
Behind_the_Mask
7

Phantom Pain

Cher abonné, A travers ce modeste avis, j'aurais pu, après vous avoir dit que je m'étais rematé Ghost in the Shell, Innocence, Stand Alone Complex et Arise, me lancer dans un jeu des sept erreurs...

le 1 avr. 2017

91 j'aime

30

Du même critique

Alien: Covenant
Hawk
5

Alien Covenant : un film hybride !

Après Prometheus, Ridley revient avec une suite que personne n’attendait vraiment. Pile au moment où l’Alien 5 de Blomkamp est tout simplement abandonné. Triste nouvelle pour les amateurs de la...

Par

le 13 mai 2017

39 j'aime

9

Hudson Hawk, gentleman et cambrioleur
Hawk
9

Critique de Hudson Hawk, gentleman et cambrioleur par Hawk

J'ai eu un gros coup de coeur pour ce film comique de Bruce Willis, en Arsène Lupin U.S. dans un contexte contemporain. Un film réalisé comme un cartoon qui ne se prend jamais au sérieux, tout en...

Par

le 12 nov. 2010

37 j'aime

30

LEGO Batman - Le Film
Hawk
8

Un Batman coloré qui dynamite son univers avec beaucoup d’autodérision.

Suite au succès de La grande Aventure Lego, Batou a droit à ses propres aventures où il parodie tout son univers depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui. Tout y passe de la série des années 1960,...

Par

le 5 févr. 2017

36 j'aime

18