Un bateau de pêche coule mystérieusement. Un bateau-sonde va enquêter et coule à son tour. Puis une petite île est ravagée. Les pêcheurs commencent à murmurer que c'est un antique monstre, Gojira. Des chercheurs vont enquêter et trouvent des traces de radioactivité, dont la cause se révèle être un dinosaure de 60 m de haut, que des essais nucléaires sous-marins ont tiré de sa caverne. Il marche sur Tokyo. Un savant finit par trouver un moyen de s'en débarrasser...
Film-catastrophe avec peu de moyens, "Godzilla" est prenant. On suit les différents acteurs de la société dans leurs préoccupations : politiques cherchant à étouffer ou au contraire à mettre de l'huile sur le feu, savants qui s'interrogent, familles de victimes... Et puis, dans le dernier tiers, la vedette est complètement volée par le monstre.
C'est vraiment paradoxal. On fait difficilement plus carton-pâte : maquettes d'avions/hélicos, champs-contre-champs artificiels, montages transparents avec des différents d'éclairage, effets d'explosion ou d'eau visiblement en miniature... Et malgré tout cela, on a envie de croire que c'est bien Tokyo que le bestiau est en train de détruire. On frémit quand son pied écrase un wagon de chemin de fer qu'un plan précédent vient de nous montrer bourré de monde, même si ça fait train électrique. On voit bien que l'océan de flammes au milieu duquel la bête hurle est fait de petites maisons-maquettes.
Et pourtant, c'est une image apocalyptique qu'on n'oublie pas. Et on est partagé : on s'identifie au monstre, dans sa joie de destruction, et on est horrifié par le nombre de victimes que cela implique. Le plan sur la mère avec ses deux enfants qui hurle "Nous allons bientôt retrouver papa" est particulièrement frappant.
A noter que le remake américain, "Godzilla, king of the monsters" a été en partie retourné en anglais, avec Raymond Burr dans le rôle d'un journaliste. En effet, les essais atomiques dont il était question dans le film étaient américains, et l'année précédant la sortie de Godzilla, le Japon avait été choqué par l'affaire du "Lucky Dragon", un chalutier dont l'équipage, non prévenu, avait été irradié par une explosion atomique. Donc la version américaine fait beaucoup d'explications pour disculper complètement le pays de l'Oncle Sam.
Je vais essayer d'en voir quelques autres. C'est un film très original, à la fois onirique (la séquence sous-marine vers la fin) et brutal, qui nous renvoie à la place de l'Homme dans l'univers.