De la merde, même emballée dans de la soie, ça reste de la merde.

La série animée Godzilla représente une partie de mon enfance, celle où je passais des journées à faire combattre des monstres en plastique au milieu de boites de céréales tenant lieu de buildings. J'adorais les monstres, les robots géants, les dinosaures, tout ce qui représentait cet espèce de fantasme de destruction à grande échelle.
Dire que je suis déçu serait un euphémisme.

On va passer tout de suite sur les deux points positifs du film, deux comme ma note:
- Godzilla est beau. Je veux dire le film, hein, pas le monstre, on parlera de son cas plus tard. Certaines images sont sublimes, la 3D est très bonne, sur le plan du travail de caméra je ne dirais rien.
- La première partie du film est bonne. C'était pas non plus exceptionnel, mais, si c'était resté à ce niveau tout le long, j'aurais mis facile un 6/7.

Attention, à partir de là je spoile.


Le film est mort à partir de la mort du père à Malcolm (oui, pour moi ça restera toujours lui), voir un peu avant.
Le design de Godzilol est juste grotesque, j'ai rarement vu monstre numérique aussi immonde esthétiquement parlant. Je sais pas qui a validé cette merde. On dirait un croisement entre la vieille figurine dégueulasse des années 60 et Gérard Depardieu pour le tour de taille. C'est à gerber, j'en reviens toujours pas.
Les Mutos sont pas inspirés pour un sou, on a deux insectoïdes standard que l'on peut retrouver dans n'importe quel film/jeu de science-fiction, qui, dès qu'ils ouvrent la gueule, font un bruit de porte qui grince sous reverb.
Et paye tes comportements de merde.
Le Muto entend un type qui rampe faire du bruit au milieu d'un incendie et des éboulements, veut le bouffer, se fait interrompre, pour après aller attaquer un bateau qui fait de la lumière alors qu'il se bat contre Godzilla, menace bien plus importante.
Quoique, vu comment le lézard se bat, je comprends qu'un touk touk à vapeur soit plus menaçant.
Mais bon, à un moment Godzilol se rappelle qu'il peut cracher du feu, et ça va un peu mieux.

Ensuite, un autre défaut : la musique.
Je croyais pas possible de trouver pire que World War Z en terme de bande originale.
Eh ben je me trompais.
Ca fait "dzingz", ça fait "poin", parfois ça fait "tum tum", mais en aucun cas ça ne fait un morceau mémorable, voir un morceau tout court.

Next, le problème principal du film, celui qui m'a fait enlever facilement 5 points.

OU EST LA PUTAIN DE LOGIQUE
LA LOGIQUE
ELLE EST OU BORDEL

Pfffiou, pardon, ça me démangeait.
Je suis bien conscient que c'est pas un film à scénar que je suis allé voir, mais y a des limites dans la connerie.
Toutes les deux minutes, une erreur de cohérence ou un comportement stupide.
Toutes les putains de deux minutes.
"Ololol, j'ai un super plan pour tuer les monstres, ça va trouer, alors en fait, on va foutre un missile nucléaire sur un bateau vu que ça les attire, et s'en servir comme appat pour les éloigner au large.
- Mais, ils se nourrissent de radioactivité, c'est complètement con !
- Tkt, la force du souffle va les pulvériser, 45 fois plus puissant qu'Hiroshima ma gueule. Bon, maintenant il ne nous reste plus qu'à faire traverser le pays au missile alors qu'un monstre géant dévaste les états entre nous et la bombe, poser ce missile sur un bateau, qu'on va amener au point de convergence des 3 monstres, juste au milieu de la baie de San Francisco, près du pont tu vois, comme ça si ça explose, tout le monde meurt, MERRRICAAA FUCK YEAAAAH, et ensuite, on va mettre toute notre flotte sur le chemin des monstres pour que nos bateaux se fassent couper en deux, puis on va aussi envoyer les avions alors que deux des monstres provoquent des impulsions électromagnétiques qui mettent hs tous les appareils électroniques. Super. Ah, et on va aussi faire évacuer la ville par le même pont situé au milieu de la zone de combat, on est des fous nous, on est des américains, tous ceux qui meurt mourront en hommes et femmes démocratiquement libres."

Une des plus belle enc*lade du film restant sans conteste la manipulation spatiotemporelle. Oui, oui, aux States, on a ce pouvoir. On peut faire se déplacer des monstres d'une moitié de la planète à une autre en deux jours, et les faire faire 200km en une heure, qui semble en durer beaucoup plus. Juste pour les amener, pile là où on avait prévu, à l'heure prévue, parce que bien sûr, jamais il nous viendrait à l'idée qu'ils puissent changer d'itinéraire.
Sans compter qu'ils peuvent trainasser en chemin, démonter des trains, poursuivre des héros inutilement, ce genre de connerie, sans jamais prendre de retard ni changer de trajectoire sur les écrans radars.
Mais bon, depuis que j'ai appris qu'aux States ils mettaient des oeufs géants réagissant à la radioactivité dans des centre de déchets nucléaires, plus rien ne m'étonne. Surtout des centres pareil.
Perso, j'ai jamais vu que dans un complexe abritant des ogives nucléaires, la sécurité soit tellement à chier que quand un monstre sort de son oeuf, détruit la moitié du bâtiment + la moitié de la montagne et du désert alentour, aucune alarme ne résonne, et personne n'en a rien à carer Les mecs son obligés de checker visuellement chaque pièce pour enfin se rendre compte qu'il manque un pan entier du bâtiment.
Chapeau.

Il est temps de faire une parenthèse spéciale dédicace au professeur japonais, le mec défoncé comme c'est pas permis. Avant chaque scène l'acteur s'enfilait deux ou trois blunts, obligé. En fait, ce professeur, c'est un peu le Gandalf de Godzilla. Le gars, son trip dans la vie, c'est de se mettre en face caméra, faire sa tronche d'incrédule drogué, et dire une phrase merdique que tout le monde va prendre comme parole sainte.
*demi-tour face caméra, yeux hagards, babine pendouillante*
- Godzilla lui réponds !
- Il chasse !
- C'est une femelle !
- Cette montre a appartenu à mon grand-père mort à Hiroshima, tu comprends que je ne cautionne pas le nucléaire, quand bien même c'est pour latter la gueule à des monstres géants. Sans parler du fait qu'ils se nourrissent de radioactivité, tu vois.
**
Grosse puissance, son organisation spéciale dévouée à la recherche sur Godzilla et les Mutos depuis une cinquantaine d'années qui est dépassée par les résultats que le père de Malcolm a trouvé seul avec du matériel Castorama.
Ah, et j'allais oublier les phrases mythiques qu'il sort h24, le regard perdu vers l'horizon, le plus souvent pour en imposer à un militaire.
"L'homme ne contrôle pas la nature, vous savez, ce n'est qu'une illusion. *regard pensif au loin*
- Et ? Que préconisez vous au sujet des streums ?
- Let them fight. *regard pensif au loin, alors qu'il vient lâcher une phrase de merde, digne du départ d'un combat de chiens dans une cave de Tokyo*
Ou cette magnifique scène, après un historique des monstres, présentation de Godzilla :
"- Nous l'avons appelé ... *demi-tour de têtes multiples, regards énigmatiques" GODZILLA !
- Wat ?
- Car c'est ce qui se rapproche le plus d'un dieu sur terre, d'où le God.
- Hrrm j'aurais bien eu une autre explication, mais bon, pourquoi Zilla ?
- ... ça veut dire lézard en japonais très ancien, ou une connerie du genre je suppose. En fait on l'explique pas dans le film, parce qu'on a pas trouvé d'explication plausible."

Revenons aux incohérences, via l'aberrante scène du train avec un missile dessus, la nuit, dans les montagnes où rôde un Muto, sur des ponts en bois suspendus dans le vide. Les militaires escortent le train, et s'arrêtent devant un tunnel, car de l'autre côté de la montagne, il y a un pont. Ils appellent l'équipe qui s'occupe du pont pour leur demander s'ils peuvent traverser :
"Allo, Tangocharlie ici Zoulouviensdanserohéohé, est-ce que le pont est clear ?
- Aaaaaaaah, crac, boum, ratatatatatatatata, Aaaaaaaah, crunch, slurp.
- Allo, Tangocharlie, répondez, est-ce que le pont est clear, je répète, est ce qu'on peut venir ?
- Aaaaaah maman je vais mourir, bratatatatatam, boooumm, arggggg
- Putain j'en bite pas une à ce que vous me chantez."
. . .
. .
MAIS T'AS PAS CAPTE QU'ILS SONT EN TRAIN DE CREVER
Sérieusement. Alors qu'en plus, tout le long, on entends et voit des explosions derrière la montagne.
Une équipe de reco part alors de l'autre côté du tunnel.
Rien à signaler, ils traversent le pont sans encombre, easy. Et là, le Muto, qui devaient probablement se pignoler contre la montagne, sort de nul part après être resté immobile dans l'ombre un quart d'heure sans raison pour essayer de bouffer le héros, chose qu'il fera d'ailleurs assez souvent, fuck la logique, vive le spectacle.

On peut aussi parler de cette scène dans la jungle, ou les militaires qui balayent la zone avec leurs lampe-torches et les hélicos en l'air avec des projecteurs n'arrivent pas à voir un sous-marin nucléaire russe échoué dans les arbres, et le monstre de 90m qui le bouffe sans un bruit, avant que le script ne le dise.
Trop d'incohérences, c'en est hallucinant. Chaque scène en contient au moins une. Dingue.

Un autre truc gonflant aussi, c'est comme les humains se la jouent poseur tout le long du film. Au lieu de courir dans tous les sens parce que bordel, c'est quand même l'apocalypse, ils courent, s'arrêtent pour admirer les monstres, courent, s'arrêtent pour admirer les monstres, courent, ...
Le héros qui soulève une poutre "PASSEZ LES MECS JE VAIS PAS TENIR LONGTEMPS"
Le plan d'après, son escouade est déjà à l'autre bout du cratère, il tient encore la poutre comme un gland.
Et puis ce final, "GODZILLA KING OF THE MONSTERS SAUVEUR DE NOTRE VILLE"
"Arrghh, je crois que je vais mourir, mais Godzilla aussi, on va crever en même temps, c'est bien, je me sentais en osmose avec lui, il est comme le frère que je n'ai jamais eu, j'aurais tant voulu jouer aux Majorettes avec lui"

Je me suis fait chier devant Godzilla. Incroyable. Je m'attendais à TOUT, sauf à m'ennuyer devant ce film.
J'ai mille fois préféré Pacific Rim, qui lui au moins, même s'il a presque autant de logique, a un petit ton décalé/kitsch plein d'auto-dérision, qui fait passer la pilule en douceur.
Alors que Godzilla, lui, est juste chiant, quand il n'est pas frustrant.
Swzn
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le 14 mai 2014

Modifiée

le 15 mai 2014

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Swzn

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