Apogée du film catastrophe... ou catastrophique, c'est selon...

Après m'être arrêté à une première bande-annonce alléchante, ce Godzilla cuvée 2014 avait tous les éléments pour s'imposer comme un blockbuster hors des sentiers battus: jeune cinéaste prometteur, casting impeccable et atmosphère dantesque. Au final, la déception est telle que j'en viens à préférer la version d'Emmerich: elle, au moins, avait le mérite de ne pas se prendre au sérieux.
En-dehors d'une poignée de séquences (la fuite dans la centrale au début, l'inspection nocturne d'un pont visant à faire passer un train transportant une ogive nucléaire, le saut en parachutes de militaires au-dessus de la ville) qui charrie d'incroyables fulgurances, le film de Garreth Edwards est, il faut se rendre à l'évidence, une véritable purge. Au-delà des invraisemblances en tout genre inhérentes à ce genre de production, Godzilla souffre de problèmes d'écritures totalement rédhibitoires: le scénario, quand il ne se dilue pas totalement dans le principe de l'action sans temps mort (la deuxième partie), compte sur une structure éclatée (différents personnages, différentes époques) pour mieux faire oublier sa totale vacuité. Quant aux personnages, on ne peut même pas dire qu'ils sont sacrifiés au profit de l'argument fantastique, puisque bien avant que les monstres ne pointent le bout de leur nez, ils brillent par leur fadeur et leur inutilité (et voir des acteurs de qualité devenir transparents, voire ridicules, ça fait mal). Si les années 90 nous livraient à la pelle des blockbusters totalement creux, les cinéastes faisaient preuve d'un certain sens du show, de cette touche de second degré indispensable pour faire avaler un tant soit peu caricatures et vacuités du projet (les films d'Emmerich ou de Michael Bay). Désormais, le même néant (car comment pourrait-on affirmer que ce Godzilla contient plus de matière que le premier?) nous est livré avec un sérieux proprement imbuvable. Résultat: un film qui semble presque robotisé, tant sa propension à échouer lamentablement dans la sphère émotionnelle relève de l'inhumain. Exceptées les trois scènes mentionnées plus haut (sur 2h, ça fait pas beaucoup), pas un moment dans le film où l'on se sente concerné par ce qui arrive aux personnages, pas un moment où l'on ne vibre sur ce qui se passe à l'écran. Godzilla, en plus d'être un blockbuster chiant, et un blockbuster froid comme la mort. Je n'ai même pas le courage de parler de la fin, sidérante: avec le recul, je me demande encore s'il faut en rire ou en pleurer. Pour ma part, je n'ai même pas pu me raccrocher aux scènes d'action ou aux effets spéciaux, tant le look des monstres arachnides transpire la paresse (l'équipe ne s'est pas cassée la tête pour faire preuve d'originalité, on se croirait dans Cloverfield) et celui de Godzilla m'a laissé... dubitatif. Le film se distingue par la taille démesurée de son bestiaire: pour sûr, c'est inédit... d'ailleurs certains plans rendent justice, il est vrai, à cette appréhension vertigineuse de l'immensité pour nous autres, misérables humains. Quant à savoir si ça vaut le coup de se déranger pour aller le voir, ça, c'est une autre histoire...
CableHogue
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le 15 mai 2014

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