Le scénariste Max Borenstein, déjà scénariste sur le Godzilla de 2014 (œuvre matriciel du Monsterverse de Legendary Pictures), est à l’écriture sur ce Godzilla : King of the Monsters. Il écrit le script en parallèle de celui de Kong : Skull Island. Le bonhomme est celui qui a posé les bases du Monsterverse.
Pourtant il ne sera pas crédité en tant que scénariste sur ce film car ça sera Michael Dougherty et Zach Shields, ceux qui ont écrit le script finale.
Gareth Edwards devait mettre en scène ce nouvel opus, mais il se désiste du projet et laisse sa place à Michael Dougherty, réalisateur de l'horrifique et plaisant Krampus. La raison du départ de Edwards est à mettre en parallèle avec sa volonté de se consacrer à des projets plus personnels.
En 2019, pratiquement cinq ans jour pour jour après la sortie de Godzilla, voilà donc que débarque sur nos écrans Godzilla : King of the Monsters, sa suite presque directe.
Le Godzilla de Gareth Edwards, était une étonnante réussite. Le film revisitait le mythe nippon avec déférence, en en faisant l’expression d’une nature contrainte de remettre de l’ordre, sans que l’être humain ne puisse intervenir. Les personnages devenaient ainsi des spectateurs passifs, pouvant juste observer, avec nous, la magnificence des événements se déroulant sous leurs yeux. Chose risquée pour un tel blockbuster, le long-métrage façonnait sa mythologie par l’économie et le hors-champ, désamorçant de nombreux effets pour nous frustrer, et asseoir la supériorité d’un dieu qu’il nous est impossible de comprendre.
Mais forcément, suite aux critiques d’une partie du public, estimant ne pas en avoir eu pour son argent, on ne s’attendait pas à ce que le deuxième volet poursuive avec cette même note d’intention (surtout lorsqu’il est censé ancrer un univers étendu amorcé par Kong : Skull Island, au vu d’une confrontation prochaine entre les deux titans). Résultat, le film se transforme en énième séance de destruction désincarné, écrasé par un cahier des charges plus énorme encore que ses créatures.
Là où même Kong : Skull Island avait le mérite de s’avouer immédiatement vaincu sur le plan des rapports humains, pour nous offrir le plus vite possible un film de monstre jouissif, ici, on nous trompe sur la marchandise en s’efforçant de développer un récit familial insipide. Chaque humain présent dans le film nous prive d’une quelconque accroche émotionnelle, en plus de contrecarrer, par une misanthropie involontaire, l’élan humaniste que le récit voudrait délivrer.
Entre messages sur l’écologie, et l’inquiétude quant à l’avenir de la Terre et de l’humanité, le film reprend les principales thématiques du premier film, à la différence que, cette fois, beaucoup plus de monstres vont s’inviter à la fête. Un bestiaire faisant état de dix-sept titans, même si seulement quatre d’entre eux vont avoir une réelle place à l’écran, car il faut en laisser aux humains, et c’est bien le problème, comme dit plus haut. Il faut bien que l’humanité ait son mot à dire, le soucis étant que la grande majorité des défauts du film ressortent dans les arcs narratifs liés aux personnages humains. Génériques, pas ou peu intéressants, incapables de générer de l’empathie, parfois énervants, les personnages humains alimentent une intrigue trop prévisible, prenant trop de place dans une histoire où les monstres, bien plus intéressants, manquent.
Les monstres / titans restent au cœur des enjeux, mais même sur ce point, le film semble à la peine, notamment lors d’affrontements qui manquent souvent de lisibilité, et avec des scènes d’action beaucoup trop coupées, frénétiques, fatigantes. C’est bien là que pêche principalement ce second opus, dans son manque de maîtrise, et sa difficulté à associer tous les éléments à sa disposition pour faire preuve de fluidité et de percussion. Car, pourtant, il n’est pas dépourvu de beaux moments, notamment avec Mothra, qui se trouve au cœur des rares moments de poésie du film, et qui s’est trouvé être à peu près le seul personnage pour lequel j’avais de l’empathie. En face, Ghidorah, Rodan et, bien sûr, Godzilla, offriront des instants où la démesure sera reine, dans des scènes de pur chaos, mais quand le gigantisme vient stimuler la fascination du spectateur, le mal est déjà fait.
Godzilla : King of the Monsters est assez confus dans ses propos, mais il se rattrape en nous montrant ce qu’on attend de ce genre de film : des scènes de combat longues et impressionnantes. On oubliera vite l’histoire sans fond et le jeu des acteurs (Millie Bobby Brown est totalement à côté de la plaque) pour se focaliser sur le plaisir de voir les coups pleuvoir sur nos villes. En espérant que le prochain film, affrontement entre Godzilla et Kong, saura trouver l’équilibre entre bon scénario et combats épiques.