Un excellent (et je pèse mes mots) film de grand spectacle, plus profond qu'il n'y parait

N'étant ni un fan du roi des monstres ni un fan de blockbusters, je me suis rendu au cinéma sans grande attente, uniquement motivé par la bande annonce et le phénomène qu'avait constitué le long-métrage Shin-Gojira au Japon en 2016.

Je dois bien avoué avoir être resté, pardonnez moi l'expression, sur le cul suite à la séance. Comment un studio japonais et un réalisateur peu connu ont pu réaliser un film aussi bon et divertissant et avec un budget ridicule (on parle de moins de 15 millions de $, soit 10 à 20 fois moins que le blockbuster américain daubesque moyen), se permettant de ridiculiser Hollywood et les films américains de ces dix dernières années?

Takashi Yamazaki, que l'on connait pour quelques films sympathiques comme les Doraemon Stand by me 1 & 2 ainsi que quelques autres productions plus oubliables, signe ici un film où se mêlent avec brio grand spectacle et drame intimiste.

Le récit suit Shigeshima, un pilote faisant partie d'un escadron tokkotai (escadron kamikaze pendant la guerre du Pacifique), s'enfuit et débarque sur une île ou se trouvent un contingent de la marine impériale et... un monstre marin répondant au doux nom de Gojira.

Une fois la guerre terminée, le héro rejoint un Tokyo en grande partie détruite par les bombardement américains, et tente de redémarrer une vie avec une famille de substitution tout en faisant face à la honte de sa désertion et son syndrome psycho traumatique, matérialisé sous la forme de cauchemards dans lesquels apparait le fameux monstre.

Les personnages sont extrêmement attachants et bien écrits avec un jeu d'acteur plutôt juste (et quand on a vu les mêmes acteurs cabotiner sur des séries tv on se rend compte de l'importance de la direction sur un tournage), les scènes d'actions ou apparait Gojira sont non seulement bien réalisées avec des effets spéciaux de bonne facture et un sound design proche de la perfection, mais surtout sont tellement bien dosées qu'elle provoque un sentiment de terreur réelle chez le spectateur qui craint réellement pour la vie des personnages. La seconde moitié du film offrira quelques scènes dantesques et épiques, grâce notamment à la reprise du thème musical original d'Akira Ifukube.

Personnellement, j'ai apprécié que le film mette en avant des personnages en quête de rédemption et garde un aspect de critique sociale / naturalisme propre au film Gojira oririnal de 1954. Le monstre est impressionnant mais sa présence n'est pas juste là pour le spectacle, elle a du sens, tant matériellement avec la situation du Japon d'après guerre, que symboliquement avec les traumatismes des personnages du films. Ce sont ces éléments, bien dosés, qui font de ce Gojira -1.0 une œuvre qui dépasse le simple spectacle, ce que malheureusement Hollywood n'est plus capable de produire sauf à de rares occasions.