Rétrospective #17 : Godzilla Vs Biollante (1989)

Première suite de cette ère après le réussi The Return of Godzilla. Fruit d'un concours lui-même motivé par l'intérêt d'un des producteurs à l'égard de La Petite Boutique des Horreurs, le film se construit sa propre identité sans se calquer sur le précédent, à commencer par la musique.


C'est un de mes plus grands bémols : si les passages disco sont un petit régal pour mes oreilles, je suis bien moins fan du reste. Le film aurait gagné en atmosphère en changeant voire se délestant de tous ces morceaux qui cassent pas mal le ton du film. On pouvait facilement lorgner sur de l'épique mais on doit se contenter de... l'enjoué ? Certains morceaux ne feraient pas tâche dans une petite comédie, c'est ça que je veut dire.
À noter que les transitions sont souvent ultra abruptes.


Ce film renoue un peu plus avec la vibe touche-à-tout des nanars que le retour aux fondamentaux "catastrophico-horrifiques" du précédent.


Y a tout un délire avec l'esprit d'une soeur décédée dans des pétales de rose, mais malgré ce genre de retour assez nawak l'approche reste plus réussie, surtout que le budget, toujours généreux par rapport à l'ère Showa bien qu'un peu en deçà de Return of Godzilla, permet d'avoir un film à la production plus affinée et donc plus agréable à traverser.


On remarche sur les traces d'un James Bond finalement, mais dans le bon sens du terme, pas comme une tentative désespérée de surfer sur un genre particulier et d'en profiter pour utiliser le moins de moyens possibles.


Car si le film se permet des digressions afin de permettre l'affrontement de deux monstres comme on en aime, il continue aussi à poser des questions éthiques, cette fois liées au pouvoir de la création permis par la science et plus précisément la manipulation biologique et/ou génétique (le film se perd un peu dans les deux), en opposition logique avec celle de destruction que revêtait l'arme atomique, mais avec la même conclusion : finalement tout dépend de ce que l'homme en fait et généralement les catastrophes émergent à cause d'une quête de pouvoir, quel qu'il soit.


Le film regorge de plusieurs américains dont les rôles et destins sont assez explicites quant à la façon dont les auteurs du film perçoivent les US. D'ailleurs, je crois que tous les persos autres que japonais sont tous caricaturés et malveillants, en plus de quelques antagonistes locaux.
Le perso du savant fou dont l'expérience dérape est un peu cliché et la façon théâtrale avec laquelle il parle de son œuvre est un peu fatigante.
La petite pépite en terme de persos c'est quand même cet étrange ersatz de Terminator humain.


Je me serait bien passé de cette étrange interaction entre l'humaine qui a des pouvoirs et Godzilla. À dire vrai, à part pour expliciter des choses déjà évidentes ou qu'on aurait pu expliciter autrement, elle et sa soeur ne servent à rien, on aurait pu totalement s'en passer sans pour autant fermer les yeux sur le rapport quasi spirituel qu'il y aurait entre les humains et les plantes et l'origine de la création de Biollante. Je me serait également passé de cette altercation entre Godzilla et un chef militaire un peu trop con.


Rien à voir sinon, mais j'ai l'impression que le film s'est carrément permis une pique contre les nanars avec ce mec peinturluré de partout, laissant penser une fraction de seconde que les aliens et compagnie sont de retour, mais en fait pas du tout.


Bref, globalement les persos, qui sont de base pas un point fort dans les films de la Toho, sont ici moins réussis que dans le film précédent, le film s'éparpillant un peu trop et perdant le fil de son intrigue d'espionnage en cours de route.


Là où il se rattrape, c'est sur les monstres et leurs actions.


Les scènes navales sont vachement sympas à mater, les minatures sont convaincantes, Godzilla aussi, mais surtout Biollante fiou...


Le premier plan où on le voit grandi et dressé au dessus de l'eau est sacrément joli. Et chacun des plans où on le revoit est franchement beau. Ils paraissent fiers de leur création et ils ont bien raison, c'est un des meilleurs monstres de la Toho jusqu'à présent. Tantôt majestueux et poétique, tantôt terrifiant et destructeur, il est visuellement très réussi et techniquement très convaincant, nous offrant alors autant de sympathiques moments contemplatifs que de destructions ou de bastons avec Godzilla.


Godzilla parlons-en : s'il continue d'influencer le monde par sa simple réapparition, il ne provoque plus la même panique. Les années ont passé et les humains ont appris à se préparer face à son retour. Il reste donc une menace, mais d'autres enjeux sont en cours, et finalement le tout se confond plutôt bien, grâce à une intrigue sur fond d'espionnage industriel qui permet de tout ramifier ; les différents groupes d'humains, Biollante, Godzilla. Mais une fois que les deux monstres s'affrontent pour la première fois, Godzilla redevient le centre de l'attention. C'est pas un prétexte ou un figurant. Les vues prolongées en contre-plongées le magnifie, les explosions avec ce rouge puissant donnent un certain style, les plans larges sont toujours généreusement remplis de miniatures convaincantes...


Je regrette toujours ce vaisseau très surcheaté.


Je suis obligé de revenir sur Biollante vu que c'est le principal adversaire de ce film et le nouveau leitmotiv, mais vraiment il est sacrément réussi ce monstre. De jour comme de nuit il est filmé avec beaucoup d'efficacité, très souvent entouré d'une grosse brume ajoutant au coté surnaturel du monstre, et l'animation comme la mise en scène est à des années lumières de ce à quoi les nanars de l'ère Showa nous avaient habitués.


La façon dont il évolue fonctionne également à merveille, toujours à mi-chemin entre la contemplation et l'effroi, divisant par la même occasion le film en plusieurs actes distincts. Lorsqu'il réapparait pour le climax final, on a droit à un colosse conceptuellement terrifiant, à deux pas d'un mythe lovecraftien, prêt pour une baston divertissante, baston un peu gâchée par une chute loupée de Godzilla mais au diable les petits loupés. Par contre la tête flottante de la soeur c'est un gros nope.


D'ailleurs les 5 dernières minutes ne sont là que pour apporter une conclusion hâtive à toutes les intrigues, preuve que le scénario ne savait pas trop où aller. Malgré cela, je salut ce dernier pour avoir abordé ces thèmes et ce sans trop déraper sur le fond même si celui-ci ne m'a pas entièrement convaincu. Sur la forme par contre, c'était franchement satisfaisant à regarder (moins à écouter).

Chernobill
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le 15 mars 2021

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Chernobill

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