Le MI6 est sur les traces d'Auric Goldfinger,un joaillier qu'ils soupçonnent d'être un trafiquant d'or international.C'est l'agent James Bond qui est chargé de surveiller le malfrat et de découvrir comment il évite les contrôles douaniers pour transporter son précieux métal.Troisième épisode de la saga Bond et premier réalisé par Guy Hamilton qui prend ici le relais de Terence Young qui était à la tête des deux précédents.Hamilton shootera trois autres opus de la franchise,"Les diamants sont éternels","Vivre et laisser mourir" et "L'homme au pistolet d'or".On retrouve sinon quasiment la même équipe avec la firme EON Productions d'Harry Saltzman et Albert R. Broccoli à la prod,,les formidables thèmes musicaux de John Barry,l'éclatante photo en Technicolor de Ted Moore,Peter Hunt au montage,Richard Maibaum,ici associé à Paul Dehn,au scénario adaptant un roman de Ian Fleming,et bien sûr notre mâle alpha,le mec plus ultra Sean Connery dans le smoking de Bond.Les changements sont à chercher du côté de la chanson,qui est différente à chaque fois,et du décorateur avec l'arrivée sur la franchise de l'excellent Ken Adam.C'est Shirley Bassey,qu'on réentendra sur les génériques de "Moonraker" et "Les diamants sont éternels",qui interprète l'excellent "Goldfinger",alors qu'Adam déploie des décors de grand style.D'ailleurs le visuel est à nouveau fabuleux,le film étant un gigantesque délire pop.On a manifestement décidé de franchir un nouveau cap en ce domaine avec par rapport aux précédents films plus de sites,plus de cascades,plus de violence,plus de morts,plus de gadgets,plus de personnages étranges et plus de jolies filles à tomber pour le héros,qui passe là pour un gros queutard capable de négliger sa mission dès qu'il voit passer un jupon.On voyage donc un peu plus large,même si on est encore loin des tours du Monde des récents opus,et l'on va du Mexique à Miami,puis de l'Angleterre à la Suisse,pour finir aux Etats-Unis.Les lieux sont superbement imaginés et filmés,avec un hôtel de luxe,des routes suisses sinueuses,une usine géante où se trament de sombres complots,un aérodrome pour spectacle aérien,une maison pleine d'inventions inédites,une casse auto où ça compacte sec et un final dans une célèbre banque imprenable.Mais certains aspects donnent du gîte,comme les scènes d'action souvent maladroitement exécutées,avec notamment des combats au corps à corps où les protagonistes se prêtent trop ostensiblement aux prises de l'adversaire,sans parler de certaines transparences encore trop évidentes.L'utilisation des gadgets,par Bond comme par Goldfinger,est en revanche savoureuse.On assiste là à l'apparition de la fameuse Aston Martin,cette bagnole piégée de partout,et au développement des scènes impliquant le chercheur Q,celui qui équipe Bond en farces et attrapes,qui apparaissait très brièvement dans "Bons baisers de Russie" et qui y fournissait beaucoup moins de gadgets.Les cascades automobiles sont plutôt réussies,même si on verra mieux plus tard,et l'érotisme sous-jacent introduit une donnée étonnante dans la saga,celle du féminisme.C'était déjà le cas dans "Bons baisers",et ça l'est encore dans "Goldfinger",Bond se fait capturer et neutraliser par ses ennemis et doit compter sur le retournement de veste des charmantes créatures complices des méchants qui décident in fine de lui sauver la mise.Il faut dire qu'il les a au préalable culbutées,ce qui les a sans doute tellement subjuguées qu'elles ne pouvaient plus s'opposer à lui.En fin de compte il est sauvé par son zob magique,ce qui réduit considérablement la dimension machiste souvent reprochée à la saga vu que ce ne sont ni son intelligence ni sa force qui lui permettent de vaincre,mais sa puissance sexuelle.A cet égard la scène du laser progressant vers l'entrejambe du commander est fort gouleyante,comme si Goldfinger avait deviné où se situe la force de l'agent secret.Par ailleurs,le gangster aussi se repose sur la gent féminine,avec Pussy Galore et son escadrille entièrement composée de nanas,ou avec Jill Masterson qui l'aide à tricher aux cartes.Une certaine cruauté est de mise dans le film,la folie de Goldfinger et la brutalité de son sbire Oddjob provoquant des dégâts importants.Les deux soeurs Masterson sont éliminées avec désinvolture,des gangsters sont assassinés en groupe et on gaze tranquillou toute la population d'une ville,tout ça pour satisfaire le goût du lucre d'un psychopathe invétéré.C'est là qu'intervient la grande faiblesse du film,son scénario à la fois invraisemblable et prévisible.Goldfinger est un génie du crime,un type sans pitié et sans conscience,et pourtant il va s'ingénier pendant tout le film à épargner la vie de son ennemi juré,celui qui n'arrête pas de lui mettre des bâtons dans les roues,alors qu'il l'a quasiment en permanence à sa merci,et cela sans aucune raison valable.Il tue tout le monde,à part le mec qui lui pose le plus de problèmes.En outre,Bond agit sans aucune discrétion et fait tout ce qu'il faut pour que les affreux sachent qui il est et ce qu'il veut.Par ailleurs,de grosses baisses de rythme viennent ponctuellement ralentir les opérations,tandis qu'on voit venir de loin le twist résurrectionnel final lors de l'attaque de la banque.Sean Connery a toujours la classe absolue dans le rôle principal,même si son obsession pour la bagatelle le rend plus ordinaire et l'éloigne du héros pur et dur qu'il est censé incarner.Gert Fröbe,qui a souvent joué les militaires allemands dans des films sur la WW2,est fantastique en mégalo taré prêt à tout pour s'enrichir alors qu'il est déjà plein aux as,mais sa fascination pour l'or le rend fou.Dommage que sa personnalité soit aussi ambivalente,il est très malin mais complètement idiot dès qu'il s'agit de traiter le cas Bond.Harold Sakata,ex haltérophile et catcheur,est époustouflant en homme de main asiatique massif et indestructible,roi du lancer de chapeau.C'est un des meilleurs lieutenants de méchants de la saga,avec Robert Shaw et Richard Kiel.Un bataillon de jolies filles est de la revue,qui tombent toutes comme des mouches face au beau James.Il y a Honor Blackman,vedette féminine de "Chapeau melon et bottes de cuir" de 62 à 64,juste avant "Goldfinger" donc,qui est l'aviatrice intrépide qui ne s'en laisse pas compter,Shirley Eaton,la complice en tricherie de Goldfinger qui va mal finir,Tania Mallet qui est sa soeur revancharde,Margaret Nolan en masseuse soumise et la plantureuse yougoslave Nadja Regin en danseuse mexicaine,elle qui était dans "Bons baisers" la volcanique maîtresse de Kerim Bey.On a également le pool de l'espionnage anglais de début de film avec le patron M Bernard Lee,la secrétaire flirteuse Miss Moneypenny incarnée par Lois Maxwell,et le technicien Q joué par Desmond Llewelyn qui est plus en vue que dans le film précédent.Le copain américain de Bond,l'agent de la CIA Felix Leiter,est de retour après sa participation à "Docteur No",mais sous les traits d'un autre acteur,pas terrible,Cec Linder.Ce personnage apparaîtra parfois tout au long de la franchise,interprété par huit acteurs différents et qui pour la plupart d'entre eux ne tiendront comme Linder le rôle qu'une fois.Signalons enfin la présence dans le personnage d'un méchant chinois de Burt Kwouk,le majordome de l'inspecteur Clouseau dans les "Panthère rose",qu'on reverra chez Bond dans "On ne vit que deux fois",où il sera à nouveau du mauvais côté de la loi et de la morale.Note et critique de film de Guy Hamilton publiées précédemment:"Meurtre au soleil"-4.Moyenne:5.