Frédéric Tellier, dans cette fronde contre le capitalisme, nous envoie le récit de trois personnages luttant pour leurs choix. D'abord une mère de famille qui, n'acceptant pas le destin tragique de son mari, se lance dans un combat contre les lobbys des pesticides. Puis un avocat, anciennement prêt à tout pour la gloire, reconverti dans le droit environnemental potentiellement par opportunisme avant d'y trouver un vrai combat de valeur, incarné par Gilles Lellouche que j'ai trouvé très adapté pour jouer la fierté mais aussi le surjeu du défenseur en justice. Enfin, un chargé de communication lobbyiste aux répliques cinglantes et cyniques, œuvrant pour le capitalisme avec une ferveur sardonique, interprété par Pierre Niney, il est le vrai géant du film et crève l'écran. On a alors, au travers de ces trois bonhommes, un nuancier de valeurs qui va du convaincu de la première seconde à l'opposant formel en passant par le renégat. Cette nuance on la retrouve également dans les discours au début du film, grâce à l'éloquence de Pierre Niney face au lobby des voitures électriques qui n'a pas le temps d'avancer ses arguments, on aurait presque envie de le croire avant de découvrir sa noirceur. On a alors un engagement qui monte crescendo et qui nous laisse le temps d'y adhérer sans nous sauter à la gorge.
Malheureusement les arguments non énoncés qui auraient pu être un choix pour cette nuance et pour desservir la crédibilité de la communication honteuse des lobbyistes, devient une habitude au fil du récit.
Oui car je vais maintenant répandre quelques critiques un peu champ-mé, le discours contre les pesticides se veut supérieur dans le sens où il doit être adopté et sonner comme une évidence en vain contre la corruption de l'argent, pourtant au fil du film on retrouve des bribes de discours en faveur des pesticides qui ne sont absolument pas démontés, comme si le discours du film était tellement outrecuidant qu'il s'en dispensait, pire que ça on y répond même parfois par la violence pour en démontrer l'absurdité. Sans pour autant tomber dans la moralisation, je pense qu'il aurait été intéressant de détruire ses arguments de façon plus fine qu'en supposant une supériorité du discours. Finalement cette façon de faire nous apporte un récit manichéen.
Vous allez encore dire que je peste mais je décide, bien que les personnages en leurs unités sont tout à fait bien dessinés, les rapports entre eux manquent de profondeur et ce à cause de scènes inutiles qui nous content des tranches de vies sans aller plus loin, des scènes qui veulent émouvoir mais qui ne convainquent pas par leur manque de réalisme. Les scènes entre mère et fille qui sont justes affligeantes, le courage d'oser aller en prison pour sa cause en délaissant sa famille gâché par le non-courage d'expliquer la mort sa fille, Papa l'ange est tué par un fangicide ma chérie.
Ces scènes inutiles s'expliquent parfois par l'aspect métaphorique auquel elles aspirent, certaines sont plutôt réussies comme la funambule ou encore la danse rock mais certaines frisent le cringe de par leur absurde longueur comme celle du cerisier.
En bref, un film avec de très bonnes intentions, des personnages bien écrits et bien joués mais qui s'éparpille avec une profusion de scènes qui ne servent pas ou desservent le propos initial tout en atteignant pas l'émotion voulue qui elle aiderait la cause. David allait plus loin