Good Boy
6.1
Good Boy

Film de Ben Leonberg (2025)

Souffrant d’une affection pulmonaire, Todd se retranche dans une demeure campagnarde, où son fidèle chien semble pressentir une présence impalpable tapie dans l’air stagnant des lieux.


À hauteur de truffe, au seuil de l’invisible

Le film Good Boy s’avance comme une fable horrifique d’une singulière audace, cherchant à réenchanter le poncif du huis clos hanté par le biais d’une perspective canine. En adoptant le point de vue d’Indy, le chien protagoniste, le réalisateur déplace l’axe de la peur vers une sensorialité autre : une horreur olfactive, sonore, où chaque craquement, chaque souffle, chaque infime variation de lumière devient événement. L’idée, en soi, relève d’une véritable gageure poétique — filmer l’invisible par les frissons d’un museau.


Un concept fascinant, mais une exécution qui s’essouffle

Hélas, au-delà de son postulat initial, la mécanique narrative se grippe. Le scénario, dépourvu d’élan véritable, tourne en rond comme un chien prisonnier de sa laisse. L’intrigue se résume à regarder Indy observer son maître chanceler sous le poids de l’occulte, dans une succession de scènes dont la redondance finit par lasser. Le film installe, répète, puis réinstalle la menace — sans jamais la transcender. La tension, d’abord feutrée et prometteuse, s’érode dans la monotonie où le suspense se dissout dans la contemplation.


Un maître falot

Le maître d’Indy, censé incarner la déchéance humaine face à l’imperceptible, apparaît ici dérisoirement peu attachant. Son invisibilité confine parfois à l’inintelligible, annihilant toute empathie possible. On voudrait trembler pour lui, mais l’on se surprend à plaindre le chien davantage que l’homme. Ce renversement involontaire trahit la faiblesse du portrait humain, réduit à un simple vecteur de désarroi, une silhouette erratique dans le champ perceptif du véritable héros.


Indy, seul témoin lucide de la déréliction

C’est donc le chien qui pense à notre place, qui ressent, pressent, devine. La caméra, toujours à hauteur de truffe, magnifie sa perception animale : les bruits amplifiés, les ombres hypertrophiées, les mouvements hors champ composent une symphonie d’inquiétude. Les humains, désormais relégués au rang d’appendices visuels, ne sont guère plus que des jambes filmées en contre-plongée, silhouettes disjointes d’un monde dont le canidé est le seul interprète sensible. Cette inversion du regard, si rare dans le cinéma d’horreur, octroie à l’œuvre une puissance sensorielle et un lyrisme crépusculaire indéniables.


Une canité métaphysique entravée

Le métrage demeure ainsi un exercice de style particulier, mais inabouti — à la fois téméraire et timoré, fulgurant et figé. Sa perspective inédite ouvre un champ vertigineux, celui d’une horreur vue par l’innocence animale, mais son récit circulaire en émousse la portée. Le film, semblable à son héros, flairant la vérité sans jamais la mordre, finit par errer dans sa propre mélancolie.

Bref, une œuvre olfactivement subtile, visuellement térébrante, mais dramaturgiquement ankylosée : un essai captivant d’originalité, miné par sa propre inertie — un hurlement contenu dans un soupir. Et puis, le toutou est le principal atout.


Trilaw
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