Les ingrédients proposés par cette comédie en forme de fable mâtinée de fantastique et de merveilleux sont pour le moins alléchants. On a le premier film d’une star de série télé (l’acteur principal de « Master of none »), un postulat qui introduit des anges gardiens et le concept du body swatching (ces films où les personnages échangent leurs corps/vies) et un casting composé du réalisateur lui-même, Aziz Ansari, mais aussi du sympathique Seth Rogen, tout juste auréolé du succès de sa géniale série « The Studio », et surtout de Keanu Reeves qui met les ailes d’un ange pour l’occasion. Avec ces éléments. « Good Fortune » partait pour être un parfait « feel-good movie » drôle et original. Il n’en sera pourtant rien...
En effet, ce film est aussi inoffensif que l’ange Gabriel joué par l’interprète de Néo et John Wick. Pourtant, le long-métrage ne prétend pas être un film familial, ce qui aurait permis de comprendre ce côté gentillet voire niais qui nuit au résultat. Non, on est davantage dans une comédie pour adultes et adolescents mais tout est terriblement et tristement inoffensif, comme si Ansari n’osait rien pour son premier passage derrière la caméra. On aurait voulu du mordant, du trash, du satirique, du potache ou, mieux, tout cela à la fois. Avec une histoire pareille, tout était permis. Las, hormis un fond social bien enraciné contre le capitalisme sauvage et prônant gentiment la lutte des classes qu’on a associé ici à une morale prévisible sur la solidarité, la nécessité d’aller de l’avant et de se battre contre le libéralisme sauvage, pas grand-chose à se mettre sous la dent. On finit par rentrer dans une torpeur végétative tant tout ce qui se déroule sous nos yeux est un non-événement.
Ansari semble porter à cœur les sujets cités plus haut à tel point qu’il en oublie complètement d’exploiter son postulat niveau comique. Le body swatching a rarement été aussi mal utilisé, le fossé social entre les personnages n’occasionne que du déjà-vu et les séquences avec les anges sont cheap au possible si ce n’est quelques bonnes idées comme celle qui voit chaque ange attribué à un souci (pour Keanu Reeves c’est les textos au volant!). « Good Fortune » est même parfois excessivement niais comme le prouve la romance avec Keke Palmer à laquelle on ne croit pas un instant ou la naïveté de l’ange Gabriel. Dans la seconde partie, les errances nocturnes de ce dernier avec Seth Rogen provoquent quelques sourires mais c’est bien peu surtout que la mise en scène est peu inspirée et que tout cela manque de rythme. Voilà une bonne idée qui accouche d’un film raté.
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