Mardi 31 mars se tenait l'avant-première de Good Kill, au MK2 Bibliothèque, dernier film d'Andrew Niccol (Bienvenu à Gattaca, Lord of war...) avec Ethan Hawke (Tom Egan) et January Jones (Molly Egan). L'histoire retrace la vie fictive d'un pilote de drone, Tom Egan, en proie à des conflits moraux ; il s'interroge sur la justesse de son combat, et sur l'honneur d'une guerre dématérialisée, transformée en un jeu vidéo, où les pilotes sont embauchés pour leurs compétences de gamer.


L'histoire se déroule en plein désert de Mojave près de Las Vegas. Le terrain a été choisi par le réalisateur pour une plus grande véracité des faits, en effet, les militaires ont réellement installé leur base à proximité de cette ville. Ils ont sélectionné cet endroit pour familiariser les pilotes avec l'environnement désertique, qui ressemble énormément à celui d'Irak, et ainsi faciliter l'entraînement des nouveaux « aviateurs ». A savoir qu'Andrew Niccol n'a reçu aucune aide de la part de l'armée, elle a refusé de l'assister dans son projet, et toutes ses sources proviennent de Wikileaks et d'anciens pilotes de drones.


Ce décor vide, en plus d'être proche de la réalité, nous renvoie directement au monde intérieur du personnage principal de Tom Egan, qui se retrouve face à la vacuité de ses actes et de son travail, avec notamment une banlieue plus qu'aseptisée, à la limite du réel, censée représenter le rêve américain, et qui en fait est devenu le cauchemar de notre héros. Puisqu'il se désincarne littéralement en tombant de Charybde en Scylla, sous fond de lutte larvée pour le contrôle des drones, entre d'un côté l'armée Américaine qui respecte (mais pas tout le temps) les règles d'engagement et de l'autre la CIA qui s'en contrefiche (tout le temps). Alors que notre héros ne souhaite qu'une chose : reprendre le manche d'un bon vieux F-16 !


Après ce petit pitch, nous en arrivons au ressenti en tant que spectateur. En effet, le film est vraiment lent, de plus, peu de rebondissements viennent alterner la trame principale qui se résume, à d'un côté la banlieue et de l'autre le conteneur, où l'équipage effectue ses missions plus ou moins légitimes. De surcroît, le drone devient un composant diégétique, mais même s'il apporte un élément narratif intéressant voire hypnotique et même voyeuriste par moment avec un sentiment de toute puissance, il nous coupe, de part la distance physique avec les gens, d'une quelconque empathie pour les populations qui subissent ces bombardements (un peu comme dans GTA premier du nom avec sa vue par dessus).


Effectivement, le réalisateur souhaite montrer le rapport flagrant entre le pilotage des drones joystick à la main et les jeux vidéo. C'est ainsi que son jeune fils, qui est un pilote en puissance, représente à travers certaines séquences, cette nouvelle génération de pilotes qui ne peut plus faire la différence entre réalité du combat et jeux vidéo, comme on peut le voir lorsque Tom rentre un soir tard et retrouve son fils endormi la manette à la main devant Halo. Une scène qui fait écho aux paroles du réalisateur qui raconte que certains pilotes rentraient le soir pour continuer à jouer sur leur console.


C'est peut être en voulant représenter cet aspect jeu vidéo qu'Andrew Niccol ne parvient pas à nous lier aux personnages et aux gens qui sont derrière le joystick ou sous les drones et ainsi nous coupe de tout lien avec les personnages et par cela même empêche l'identification nécessaire avec son monde désertique.

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le 10 avr. 2015

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