Hiner Saleem est le réalisateur qui a permis au Kurdistan d'apparaître sur la carte du monde du cinéma et, rien que pour cela, il mérite plus que le respect. Cependant, il est aussi l'auteur de films très inégaux, à l'instar de son avant-dernier, Qui a tué Lady Winsley. Le cinéaste aime à changer de registre et Goodnight Soldier semble à première vue une romance, avec un début à la Roméo et Juliette, où un jeune couple doit faire face à la haine ancestrale de leurs familles respectives. L'histoire a été vue mille fois et elle est traitée de manière assez sirupeuse, avec un brin d'érotisme soft, lorsqu'elle s'attarde sur les deux tourtereaux. Bien entendu, le contexte est plus passionnant, avec la guerre contre Daech, la prédominance traditionnelle du patriarcat et la place assignée aux femmes mais il y manque de la profondeur. Pour alléger les contours dramatiques de son récit, Saleem use aussi de l'arme de l'humour dans plusieurs scènes où l'absurde s'invite avec bonheur. Mais fondamentalement, Goodnight Soldier accorde bien trop d'espace à la joliesse de son duo d'amoureux, façon gravures de mode, qui ne dépareraient pas dans un roman-photos à l'eau de rose (ah; les problèmes très personnels du soldat !) malgré l'environnement peu propice à une aussi mièvre intrigue. Encore heureux que Dilin Doger, l'héroïne du film, ne soit pas seulement d'une beauté irréelle mais qu'elle possède également un indéniable talent, ce qui n'es pas forcément vrai de son compagnon, qui souffre de la comparaison. Tout cela est bien (cu)kurde en définitive, désolé pour le pitoyable jeu de mots.

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le 12 juil. 2022

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