Gorgonà
5.2
Gorgonà

Film de Evi Kalogiropoulou (2025)

Une fable féministe embrumée par le style

"Fraîchement révélé à la Semaine de la Critique de Venise, Gorgonà marque le passage d’Evi Kalogiropoulou au long-métrage avec une ambition certaine : revisiter le mythe antique de la gorgone à l’aune des luttes féminines contemporaines. En situant son récit dans un monde dystopique ravagé par la pollution, où le pétrole fait office de monnaie d’échange, la réalisatrice esquisse une allégorie de pouvoir, de désir et de révolte. Mais à force de surcharge esthétique et de symbolisme appuyé, Gorgonà se prend au piège de son propre dispositif, jusqu’à diluer la portée de son propos."


"Dans ce futur à la Mad Max, l’humanité survit dans des communautés militarisées, où les hommes, rendus grotesques par leur addiction aux anabolisants, s’érigent en chefs de guerre d’un monde déjà éteint. Les femmes, elles, n’ont droit qu’aux marges. Elles cuisinent, nettoient, se prostituent, et parfois tout ça à la fois. C’est dans ce paysage asphyxié que surgit Maria (Melissanthi Mahut), franc-tireuse solitaire, dont l’ascension sociale et politique vient bouleverser un ordre patriarcal aussi figé qu’absurde. Mais ce renversement ne se fait pas seul. L’arrivée d’une mystérieuse étrangère (Aurora Marion), échangée contre des ressources, ravive en Maria un désir enfoui, catalyseur d’un changement aussi intime que politique."


"Plutôt que de construire un suspense ou d’explorer les dynamiques de pouvoir en profondeur, Kalogiropoulou préfère s’attarder sur les regards, les silences, les jeux de textures et de lumière. Ce choix contemplatif, loin d’être illégitime, finit cependant par devenir pesant, surtout quand l’intrigue piétine et que les personnages secondaires ne servent que de faire-valoir au message féministe. Là où le film aurait pu être un western post-apocalyptique chargé de tensions politiques, il devient un drame symboliste, presque abstrait, où l’émancipation est davantage suggérée que vécue. Le rapprochement entre Maria et la nouvelle venue, bien qu’il soit au cœur du récit, manque de chair."


"Reste une proposition visuelle forte, un univers singulier, et une volonté manifeste de questionner les mythes pour en faire surgir de nouvelles figures de résistance. Mais à trop vouloir incarner la vengeance féminine dans un style travaillé jusqu’à l’artifice, Gorgonà sacrifie la chair du récit sur l’autel du concept. Et ce qui devait être une réécriture vibrante de la gorgone devient un objet esthétique un peu froid, fascinant mais creux."


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Cinememories
5
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le 22 sept. 2025

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