Très très bon film truffé de nombreuses références (Touki Bouki de D.D Mambety notamment) qui montre prodigieusement la violence d'une cité-Etat grecque dominée par la polution des raffineries pétrolières, des paysages arides et une masculinité exacerbée. En filmant les corps d'une façon similaire à celle de Claire Denis dans son film Beau Travail, Evi Kalogiropoulou montre le corps masculin dans sa bestialité, la menace qu'il impose, mais également le ridicule qui en résulte.
En parrallèle, la relation lesbienne est bienvenue et est amenée assez intelligement : Maria, la future élue du chef Nikos, a assimilié tous les codes de virilité et les reproduit dans ses relations. Ainsi s'allie les deux opprimées du récit, Maria et la nouvelle prostituée (me rappelle plus son prénom...) achetée pour un bidon d'essence.
L'interprétation en sous-texte du mythe grec Gorgona est aussi subtile que bien mené (même si certains plans se répètent un peu). L'introduction d'évènement fantastiques, tel que le pouvoir qui est conféré à Maria, est osé mais cela fonctionne très bien. Certain.es pourraient trouver le style un peu grotesque, entre les musiques d'intrigues et des zooms parfois excessifs, mais cela s'accorde très bien avec le ton et le propos du film.
La fin est aussi très interessante puisque la protagoniste Maria, désormais élue cheffe de la cité, reste bloquée dans l'illusion de pouvoir changer les choses de l'intérieur, tandis que l'autre refuse cette vie là, ayant parfaitement conscience que le schéma se répétera tant qu'il y aura quelqu'un au pouvoir.
Il y a tant de chose à dire sur ce film...!