Film traité délicatement sur un sujet des plus scabreux. François Ozon nous évite un film "à charge" et j'ai particulièrement apprécié la chose.
C'est une réalisation un peu entre documentaire et film avec une interprétation comme toujours irréprochable de Melvil Poupeau qui peut jouer un serial killer, un transexuel comme un homme meurtri par les attouchements auxquels il a eu droit dans leur enfance de la part d'un prêtre. On se demande ce que ce comédien ne pourrait pas interpréter comme personnage.
J'ajoute que les autres comédiens, Swann Arlaud, Eric Caravaca et Denis Ménochet, sont irréprochables aussi dans leur interprétation, comme le sont tout autant Bernard Verley, "bourreau" presque pitoyable dans le rôle du Père Preynat ou François Marthouret dans le rôle du Cardinal Barbarin qui personnifie à lui seul brillamment l'Omerta de l'Eglise.
Il était intéressant de montrer surtout à quel point la dénonciation de telles pratiques n'a pu que poser des problèmes parfois d'autant plus insurmontables que la famille de certaines victimes ne voulait pas en entendre parler. Je précise que j'avais pris la peine de lire plusieurs témoignages sur le site "La parole libérée" avant de voir le film en question.
Comme l'a dit François Ozon lui même lors de la conférence de Presse du 30 janvier 2019, ce n'est pas un film sur la pédophilie ou plus exactement, c'est un film sur le "masculin blessé", les "blessés du corps, du coeur et de l'âme", sur les ressentis d'individus "craquelés", "fissurés", "désemparés", que l'on associe traditionnellement bien plus au féminin.
Le réalisateur donne tout de même, comme toujours, une part belle aux femmes. Elles n'ont peut être pas le rôle principal dans "Grâce à Dieu" mais se sont elles (épouse, compagne ou mère) qui permettent le cheminement "libératoire" des victimes masculines.
En résumé, "Grâce à Dieu" est un film qui souffre (à mon goût) de quelques longueurs mais qui est bien construit, superbement interprété, et qui mérite d'être vu.