Grand Ciel
Grand Ciel

Film de Akihiro Hata (2025)

Le cinéma à portée sociale, en France, c'est l'un des genres les plus prisés quand on a envie de faire comprendre qu'on est concerné, que ce soit comme réalisateur ou en tant que spectateur, du reste.


Je vais vous le dire tout net : c'est seulement l'aspect fantastique de Grand Ciel qui m'a intrigué et convaincu de réserver une place.


Grand Ciel commencerait presque comme un parangon de film naturaliste en se coulant dans les pas de Damien Bonnard, le guide du spectateur dans un univers rugueux de BTP, qui investit un chantier de construction de nuit, bâtissant immédiatement une atmosphère de malaise sourd, investiisant un décor austère, froid et uniforme.


Et de se prendre la condition ouvrière en plein visage : l'exploitation, la précarité des conditions de travail. Les affrontements, les mobilisations syndicales, la pression du patron. Et les jalousies aussi, dès lors que l'on prend un peu de galon.


La lumière du jour découvre aussi un monde en vase clos et la contamination de la charge du travail sur la sphère privée, en s'insinuant dans la relation de couple de son personnage principal, la transmission de son héritage prolétarien à son fils et les problèmes économiques ou de logement rencontrés.


Grand Ciel, c'est cet ensemble immobilier en forme d'utopie rayonnante, lumineuse et transparente auquel aspire la famille, contrastant sauvagement avec son chantier nocturne, opaque et mystérieux , ainsi qu'avec son phénomène surnaturel qui l'anime.


La disparition d'un ouvrier signera le prélude à une étrange plongée dans le temps, puisqu'elle rappellera résonnera par instant de manière historique en faisant référence aux puits des anciennes mines. A une étrange plongée dans les entrailles d'une bête, ensuite, dès lors que les sous-sols indistincts grondent, respirent, s'animent, tandis que sa musique intime se distord.


Dans Grand Ciel, c'est de la réalité des décors nus et crus que naît le fantastique, étouffant, comme si le chantier réclamait des tributs réguliers pour avancer. C'est sur ce béton qui se fissure que continue de se graver la réalité de la condition ouvrière qui efface les identités et invisibilise. Dans un éternel cycle de sacrifice en forme de malédiction.


Une malédiction portée par un brouillard impénétrable et sans retour.


Behind_the_Mist... Euh... Mask, qui retournera poussière.

Behind_the_Mask
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le 15 nov. 2025

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