Cela paraissait compliqué à justifier puisque tout avait été dit, montré, expliqué, schématisé, chroniqué et même reproduit à l’identique (Reel Evil). En dépit de l’intérêt de son environnement hanté, Grave Encounters n’était surtout qu’un gros pétard mouillé. Il n’y avait donc plus rien à ajouter et puis comment ne pas faire dans la redite avec un tel sujet quand le Found Footage sature déjà le marché et n’est déjà plus très loin de péricliter. Pourtant les Vicious Brothers l’ont fait, car cet engouement était trop beau pour être vrai et ne pouvait inévitablement qu’amener à une séquelle Bigger and Louder. Et par la grâce d’une métafiction, cette suite introduit les réactions des gens face au phénomène suscité par la diffusion du film, sa réception auprès du grand public, ses théories conspirationnistes et fumeuses, entre ceux qui gardent les pieds sur terre et savent reconnaître un canular évident et les croyants, pour ne pas dire les pigeons portés par leurs fantasmes morbide et abracadabrants, persuadés que cet enregistrement est aussi authentique que pouvait l’être Le Projet Bair Witch en son temps. Cette réflexion introspective sonne malheureusement aussi fausse que le renouveau de cette entreprise, mais elle aura au moins le mérite de proposer une mise en abyme intéressante de cet épiphénomène ayant marqué la dernière décennie comme pouvait l’être le faux documentaire Curse of the Blair Witch qui avait permis d’étayer un peu plus le propos et de mieux brouiller la frontière entre fiction et réalité.


Grave Encounters 2 introduit par ailleurs un personnage analogue, un étudiant en école de cinéma, odieux connard pédant et hautain qui fait de la critique vidéo et des navetons entre copains avec l’espoir de percer et de devenir le nouveau monstre sacré du cinéma d’horreur. Le portrait esquissé n’est en tout cas pas des plus flatteurs, puisqu’on le surprend entrain de se masturber devant son écran, avec un poster de Tourist Trap à l’arrière plan (tiens ça me rappel quelqu’un). Suite à une conversation avec un follower, il va mener l’enquête sur la disparition du casting d’acteurs en interrogeant les proches puis le producteur opportuniste de la franchise qui va évidemment tout lui révéler en caméra caché ce qui va donc l’inciter à retourner dans le lieu maudit avec ses amis histoire de pouvoir attester de la véracité des faits ou bien de la totale supercherie. Tout cela dans le but évident de faire le buzz médiatique plus que de celui d’inculper le magna hollywoodien. Heureusement les phénomènes paranormaux ne mettront cette fois pas bien longtemps à se manifester. L’histoire était donc vrai, et l’on retrouve Jerry plus ou moins comme on l’avait quitté, entrain de manger des rats pour subsister, à boire de l’eau croupi d'un WC, les cheveux plus longs la barbe hirsute, les dents sales et une hygiène corporelle abominable.


Et nous revoilà partie de nouveau pour une énième chasse aux fantômes à grand renfort de CGI, de jump-scare et d’effets racoleurs. On ne s’embarrasse même plus d’aucune vraisemblance tandis que le scénario s’écrit à même le mur d’une chambre d’aliéné. Il convient désormais de récupérer l’ensemble des enregistrements des caméras devenue omniscientes et qui se mettent à léviter sous l’effet d’une planche de Ouija. Les esprits échauffés demandent à ce que le film soit terminé, ou bien est-ce le producteur qui communique de l’au-delà par voie intradiégétique ? Evidemment, il faut pouvoir offrir au personnage une dernière porte de sortie : un portail rouge interdimentionnelle qui fait le pont entre notre univers et celui de l’asile à la topographie aussi mouvante que le Cube de Vincenzo Nathali, puisqu’il suffit d’ouvrir 3 fois la porte d’un placard à ballai pour retrouver son chemin, ou bien de passer de l’horizontal à la verticale en un simple changement d’environnement. Voilà qui résume assez bien le bordel total de cette situation assez risible comme le cabotinage de son présentateur devenu fou. Cette suite qui pourrait presque faire passer son prédécesseur pour un film d’auteur possède toutefois le mérite de justifier de ses différents axe de prise de vue et de son montage grâce à un ultime pied de nez de ses responsables et ce qui devrait finalement permettre aux complotistes amateurs et aux gros neuneus de se satisfaire d’un bien piètre divertissement bon marché. Pourtant malgré son grand n’importe quoi, il y a quand même un intérêt à regarder ce Grave Encounters 2 autant pour ses gros délires cheap assumé que pour son degré de cynisme appuyé qui en font un cas d’école assez intéressant à défaut de faire peur. Plus tôt dans le film, l’apprenti cinéaste témoignait de vouloir révolutionner l’horreur comme Hooper, Carpenter ou Wes Craven en leur temps. Et bien c’est complètement raté, si ce n'est que cette porte rouge doit certainement mener vers l'enfer de la série Z. Vade Retro espèce de Blaireau !

Le-Roy-du-Bis
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vous reprendrez bien un peu de Found Footage ?

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le 16 nov. 2023

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Le Roy du Bis

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