Attention, il semble que la version ciné soit un peu censurée (petites coupes par-ci par-là). Voilà pourquoi je ne comprenais pas d'où venaient certaines blessures, certaines attaques ont simplement été coupées depuis la dernière cinexpérience. Voilà qui fait quand même chier, alors que le film reste pourtant très violent.


Un petit groupe de punk/rock se voit contraint de jouer dans une salle paumée exclusivement fréquentée par des suprématistes véner. Quand ils voient ce qu'ils n'auraient pas dû voir et que personne ne se fait confiance, la situation dégénère en survival gore. Sauf que si les musicos ont de la hargne à revendre, il n'ont pas l'expérience des nazis pour le massacre.


Beaucoup de bonnes choses dans ce Green Room. J'apprécie déjà ce groupe de rock qui est suffisamment soudé pour être crédible et rendre ses membres attachants, loin devant Desierto pour prendre un survival récent. On y croit, on vit leur tournée minable, on a ressenti dans leur concert cette rage qu'ils utiliseront pour leur survie et on arrive à avoir peur pour eux. Car la tension est très bien amenée, les scènes dans cette pièce verte apportent un climat vraiment étouffant. C'est claustrophobique, l'incertitude règne, on se sent pris au piège, il y a une vraie peur à l'idée de quitter son abri ou de prendre la mauvaise décision fatale, c'est un huis-clos qui fonctionne parfaitement. Rien que pour ce 1er tier remarquable, le film est à voir.


Comme l'affiche le laisse clairement paraître, il vient le moment de se battre. Et là aussi ça fonctionne du tonnerre. On n'y voit pas très clair, mais la tension et la paranoïa sont bien là car les nazis sont balèzes et donc flippants. On les voit juste assez pour apprendre à les craindre, aidés par un chef joué par un improbable Patrick Stewart assez glaçant. Les plages de calme sont très bien dosées et les attaques se montrent bien brutales, on est saisi par la violence qui s'en dégage. Le film joue d'ailleurs avec quelques clichés sur les survival, faisant parfois de l'humour à ce sujet jusque dans la dernière réplique du film. Cette incertitude et cette impuissance du 1er tier se retrouvent ainsi parfaitement dans cette 2e partie, exploitant à la manière d'un Panic Room la forte vulnérabilité que l'on ressent en quittant une planque après trop de temps passé en sécurité. J'ai trouvé ça bien prenant, le film est très viscéral malgré cette censure.


Mais finalement le problème viendra pour moi de la fin. Car à force de montrer que les nazis représentent une vraie menace, il est décevant de les voir perdre soudainement leur aura en commettant quelques erreurs bien grossières. Et là, on finit par y croire assez moyennement en fait. Alors il y a toujours un affrontement qui fonctionne un peu, mais c'est bien moins intense et désespéré car c'est devenu assez con. Cette fin sent le manque d'inspiration à plein nez, c'est frustrant. On se remémore alors quelques scènes qui n'ont finalement pas servi à grand chose, comme ces petites explications sur les origines du désastre dont on n'a en fait rien à foutre ou des fausses péripéties. Ça gâche un peu le tableau, mais le reste m'a suffisamment plu pour que je ne bouge pas ma note. Et puis il y a quelques détails qui font plaisir, des bonnes idées, de temps en temps une touche de poésie comme cet animal égaré. Pour voir un survival avec un groupe de rock, ce Green Room est une excellente came à faire passer bien avant le caricatural Rock Macabre.

thetchaff
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le 3 mai 2016

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