Porter à l’écran Guerre et paix de Leon Tolstoï en 1956 était une de ces entreprises cinématographiques qui dépassaient l’entendement. Surtout si on se mettait en tête d’illustrer la monumentalité de l’œuvre à une époque où la figuration n’était pas l’affaire des programmeurs mais bien composée de personnes en chair et en os. Il y a de quoi être renversé en visionnant les séquences impliquant des milliers soldats et de chevaux si on pense aux artisans qui ont eu à orchestrer tout cela. C’est hallucinant. Ne serait-ce que pour ce travail titanesque, le film mérite tout notre respect. Maintenant pour ce qui est de l’ensemble de l’œuvre d’une durée de 3h28, les réserves sont justifiées. On peut comprendre que les moyens mis à la disposition de la production exigeaient la réalisation d’une fresque qui se mesure en partie par sa durée. Le piège d’une telle adaptation est de devoir multiplier les séquences illustrant des passages du roman sans qu’elles soient nécessaires ou qu’elles soient à la hauteur de l’univers que s'est crée le lecteur. C’est en effet ce qui se passe avec ce long-métrage de Kim Vidor malgré la contribution exceptionnelle de la direction artistique et d’une partie de la distribution. À commencer par Audrey Hepburn. La perle au milieu de tout ce branle-bas de combat. Elle prête cette fois son âme et son regard à la jeune amoureuse et bouillonnante de vie Natacha qui apparait à l’écran comme une fleur sur un champ de bataille. Tout le reste semble accessoire à cette superposition de l’amour sur une toile de fond guerrière. On en sort à la fois émerveillé et déçu.

Elg
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le 11 déc. 2022

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