Guillaume Tell
5.1
Guillaume Tell

Film de Nick Hamm (2025)

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On pense à Ridley Scott, à ces fresques qui veulent tout dire et n’osent plus rien montrer.

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Un souffle glacial traverse la vallée. Le premier plan s’ouvre sur la pierre. Immobile, rugueuse, grise. Une flèche apparaît dans le champ, tendue entre deux battements de cœur. Guillaume Tell commence comme une prière. Ou comme une attente.


Nick Hamm filme la légende comme on rejoue un souvenir. Tout est net, calculé, presque trop propre. Les montagnes, parfaites, s’étalent sous une lumière métallique. On sent la poussière, le vent, la peau craquelée par le froid. Pourtant, rien ne déborde. La caméra se retient, comme si elle avait peur de salir la légende.


Claes Bang porte le poids du film sur ses épaules. Grand, raide, impeccable. Sa démarche est une armure. Son regard ne cille pas. Tout semble écrit sur son visage, mais rien ne se livre. On voudrait y lire la peur, la fatigue, la faille. On n’y voit qu’une statue. Le corps ne tremble pas, la voix ne se brise jamais. On finit par ne plus y croire.


Hamm cadre avec précision, mais oublie le désordre. Le montage suit un rythme carré, sans respiration. Chaque plan tombe comme un verdict. Le son, lui aussi, paraît lointain : le vent, les pas dans la boue, le crissement des cordes… tout semble mixé dans du velours. On perd la rugosité, la chair. La guerre devient carte postale.


Et pourtant. Par instants, la caméra frôle quelque chose.

Une main qui lâche une pomme dans la poussière.

Une larme dans le froid.

Un enfant qui regarde sans comprendre.

Ces éclats fragiles, volés au milieu du marbre, rappellent ce que le film aurait pu être : une chronique du doute, du poids du devoir, du geste impossible.


Golshifteh Farahani, douce, brisée, offre les rares respirations du récit. Elle ne parle presque pas, mais son visage dit la tendresse que la mise en scène oublie. Son silence devient la seule émotion sincère. Hamm la filme souvent de profil, dans une lumière grise, et ce choix — le plus simple du film — devient soudain juste.


Mais la mise en scène revient vite à ses certitudes.

Plans larges. Musique solennelle. Discours. Uniformes propres.

On sent la volonté d’épopée, la rigueur d’un cinéma qui veut être grand. Pourtant, cette grandeur se fane. On regarde les figurants marcher dans la brume sans y croire. L’air reste figé.


Le tir de la pomme, moment attendu, arrive tard. Trop tard.

Le plan est long, presque figé, mais sans tension. Le souffle ne monte pas, la peur ne s’installe pas. On voit la flèche, on devine le symbole, mais il n’y a plus d’émotion.

C’est beau, oui. Mais vide.


On pense à The Last Duel, à Braveheart, à The Revenant. Des images qui veulent graver la légende dans la chair. Ici, la chair est propre. Désinfectée. On regarde l’Histoire derrière une vitre.


Le film se termine dans un silence poli. Pas de triomphe, pas d’effondrement.

Juste un homme qui marche dans la brume, et la musique qui s’éteint. On se dit que Hamm a tout cadré, tout verrouillé, tout lissé. Il a filmé le courage sans le sentir.


Guillaume Tell est un film noble, mais inerte. Une fresque sans fièvre, un cri sans voix.

On en sort comme d’un musée : admiratif, mais froid.


Un film sec et distant.

Soigné, mais sans âme.


Ma note : 10 / 20


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Le-General
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il y a 7 jours

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il y a 7 jours

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Le-Général

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lafriteuz
3

Je suis pommé

Si on se divertit avec cela, on ne peut pas vraiment dire qu'on a une quelconque niveau d'exigence. Casting des acteurs basé sur la photographie.

il y a 2 jours

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