Hackers
5.2
Hackers

Film de Iain Softley (1995)

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Assez vite le film impose son univers avec une énergie brute : flashy, saturé de néons, saturé de mouvements rapides, d'écrans partagés et de motifs psychédéliques qui définissent immédiatement son esthétique rave-techno des années 90. Cette datation pourrait sembler datée, et pourtant, elle devient presque un charme à part entière, comme une capsule temporelle d'une époque où tout devait être cool. La bande-son accompagne parfaitement ce tourbillon visuel, avec des morceaux électroniques qui frappent, bougent et restent longtemps dans la tête, donnant au film une impulsion presque hypnotique. Les acteurs, Jonny Lee Miller, Angelina Jolie et Fisher Stevens, apportent une intensité qui contraste avec le scénario simpliste : chacun d'eux impose une présence, un rythme et une personnalité qui transforment ce qui aurait pu être un simple teen-movie en un spectacle vivant et dynamique.

Mais cette vitalité tape à l'œil ne peut pas totalement masquer les limites du film. Le "hacking" est présenté comme un voyage hallucinatoire dans des mondes virtuels multicolores, avec des graphismes psychédéliques qui n'ont aucun lien avec la réalité technique. Pour un spectateur connaissant un minimum l'informatique, ces séquences oscillent entre ridicule et fascinant : ridicule par leur inexactitude, fascinant par leur audace visuelle. Le scénario reste, lui, remarquablement simple : l'intrigue est manichéenne, les antagonistes caricaturaux, le suspense limité. Les personnages, sous-développés, ne sont jamais plus que des archétypes projetés dans un décor ultra-stylisé, et tout le film semble tendu vers la sensation et l'apparence plutôt que vers la profondeur ou la cohérence narrative.

Pourtant, malgré ces défauts, le film possède un charme indéniable. Son ton adolescent, rebelle et naïf, ainsi que son esprit contre-culturel, créent un univers cohérent, où chaque couleur, chaque morceau de musique et chaque mouvement de caméra semble avoir été pensé pour séduire par sa force visuelle et son énergie. On sent que le film cherche à évoquer quelque chose de plus grand, une idée de liberté, de transgression et de subversion, même si cette philosophie reste traitée de manière très simplifiée. Il y a une forme de naïveté volontaire qui le rend attachant : on pourrait presque percevoir ce film comme un manifeste adolescent, un cri de liberté enveloppé dans une explosion de couleurs et de sons.

En fin de compte, c'est un film qui fascine autant qu'il agace. Il est visuellement inventif, musicalement entraînant, porté par un casting charismatique, mais limité par son scénario et ses inexactitudes techniques. On en sort avec un mélange étrange d'admiration pour le style et de désabusement face au fond, avec le sentiment d'avoir traversé un moment totalement daté mais étrangement captivant. Il laisse une impression de chaos contrôlé, comme si l'énergie pure du film, plus que sa logique ou sa cohérence, était le véritable moteur de l'expérience. C'est un peu comme une frénésie visuelle et sonore que l'on savoure pour ce qu'elle est, consciente de ses absurdités mais séduite par son audace et sa personnalité.

Genifair
6
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le 6 déc. 2025

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Genifair

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