Se voyant comme une réponse aux remakes de Rob Zombie, qui avait chamboulé l'image séminale de Michael Myers en injectant de l'humanité sous le masque du Mal Absolu, ce Halloween nouveau cru suit un chemin de plus en plus emprunté par Hollywood : faire table rase de toutes les suites, remakes ou reboots d'une grande franchise et revenir aux sources en prolongeant directement l'opus d'origine, tout en garantissant au spectateur une expérience nouvelle et intéressante. Et le Halloween de David Gordon Green ne réussit ni l'un, ni l'autre.
Ne cessant de multiplier les hommages au film de 1978, qu'ils soient discrets (une maison de poupée reprenant la façade de celle de Myers enfant) ou clairement revendiqués (la structure scénaristique est peu ou prou la même), ce nouveau film commet-là une erreur terrible, poussant le spectateur à comparer les deux œuvres à force de nous renvoyer à l'originale. La comparaison ne tient pas la route bien longtemps, tant la mise en scène peine à saisir la terreur subtile que peut générer le tueur au couteau de cuisine. En témoigne le plan-séquence visible dans le trailer, techniquement irréprochable mais qui dans le fond pose problème : si la caméra se colle à Myers, suit ses mouvements et intègre son point de vue (ce que même Zombie refusait de faire dans la partie purement slasher de son remake), le spectateur anticipe ses actions. Or, la peur dans le chef-d'oeuvre de Carpenter venait justement de son imprévisibilité constante.
En terme d'horreur pure, sans même tenir compte du niveau prestigieux atteint par le Halloween de 1978, ça ne vole malheureusement pas très haut. Si la photographie inspirée sauve l'ambiance générale du film, les jumpscares putassiers sont légion et la plupart des scènes de meurtre sont remplies d'effets gore surannés qui frisent le ridicule.
Reste alors quelques acteurs talentueux (Jamie Lee Curtis, très touchante) mais qui hélas passent le plus clair du film à se débattre contre leurs personnages stéréotypés ; Laurie Strode a virée survivaliste, sa fille Karen conçoit le monde comme un havre de paix utopique (récoltant au passage les pires lignes de dialogues du film) et sa petite-fille Alysson représente le sempiternel cliché de la lycéenne coincée mais très mature - le film ne force heureusement pas plus le trait que ça.
Difficile donc de voir dans Halloween version moderne autre chose qu'un slasher brouillon, mal conçu et incapable d'assumer le poids de son illustre lien de parenté. Cerise sur le gâteau, la fin du film se révèle étrangement ambiguë, notamment sur la question des armes aux Etats-Unis. On préférera largement la violence poisseuse du remake de Zombie, autrement plus inventif et passionnant que cet énième resucée sans véritable saveur.