Que l’on ait apprécié ou non les Halloween de Rob Zombie, on ne peut en toute bonne foi lui enlever que ce dernier s’en était emparé des deux mains. « Fais ton film » lui aurait dit John Carpenter. Et c’est ce qu’il a fait. Quitte à diviser le public, les deux opus avaient le mérite de s’être offerts à lui. Et divisé, le public fut. Michael Myers est le mal incarné, la froideur à l’état pur. Pour beaucoup, la manière dont Rob Zombie à choisi de nourrir ce personnage, que ce soit en s’attardant sur son enfance, sa psyché, ou tout autre approche susceptible de l’humaniser, constitue encore une erreur impardonnable, un crime de lèse-majesté et signe le rejet du remake du réalisateur de La Maison des 1000 Morts.


Leçon en fut tirée; Un peu trop bien même. David Gordon Green, Danny McBride et leurs petits copains ont fait leur choix, pas question de trop dévier de la vision originelle du « Maitre de l’Horreur ». Puisque Carpenter montre tout de même le visage de Michael Myers enfant, le film esquisse furtivement le visage du vieil homme. Cela n’ira pas plus loin. Le seul personnage qui semble véritablement omnibulé par ce qui se passe derrière les yeux vides du serial killer est le plus grotesque et gratuit du métrage. Lorsque est évoqué le lien fraternel entre Myers et Laurie Strode tel que révélé dans le Halloween 2 de 1981, l’affaire est effacée au motif que l’on avait « bricolé ça pour rassurer les gens ». Et c’est là que se révèle le drame profond de cette production : Bien trop consciente d’elle même. Jamais Green ne laissera une véritable chance à son film d’exister intrinsèquement. Le onzième opus de la franchise Halloween ne peut être autre chose que le onzième opus de la franchise Halloween, du moins dans l’esprit de ses créateurs. Et quelle frustration. Les bonnes idées se font happer par ce qui n’est ni plus ni moins qu’une question d’attitude. C’est le petit dernier qui pour attirer les regards du père, se comporte comme un petit tyran auprès du reste de la fraterie. Les clins d’oeil au reste de la saga sont condescendants, tandis que les trop nombreuses références techniques à l’oeuvre première sont vulgaires, attendues et dispensables. Et dans cette perspective de réalisateur-fan, l’idée même de penser faire un film au moins aussi bon que celui de Carpenter est une idée hérétique. On assiste alors à une suite qui paraît presque, par moment s’excuser. A des meurtres brutaux et réussis, se succèdent des exécutions-gags virant à la parodie. Et chaque fois que David Gordon Green laisse transparaitre cet était d’esprit, c’est pire qu’une symphonie de téléphones qui sonnent pendant la séance.


Pourtant, ce Halloween 2018 porte en lui quelque chose de légitime. Puisque Jamie Lee Curtis fut la première Final Girl, il était intéressant d’en faire la première PTS Girl. C’est d’ailleurs largement sur cette idée que le film s’est vendu. Le mal incarné devient le mal incarnable, et on prend plaisir à mesurer à quel point ce virus a laissé son emprunte sur Laurie Strode, se demandant parfois s’il ne l’a d’ailleurs pas contaminée. Sa lignée porte le poids de son syndrome post-traumatique, jamais vraiment celui d’une malédiction -tout du moins jusqu’au plan final- et c’est une chose assez judicieuse. Dés l’évasion du serial killer, on ne demande alors qu’à se faire emporter par cette suite, et cela malgré le montage assez hasardeux de certaines séquence pendant les vingts premières minutes. N’oublions pas que l’action se déroule pendant Halloween. Cette fête fait partie à part entière du deuxième acte de cet opus et on sent toute l’affection qui lui est portée.
C’est dommage que David Gordon Green n’ai jamais véritablement eu l’air de croire en son film. C’est encore plus dommage d’accepter un tel challenge et de partir battu. Le second grand argument de ce film, c'était son adoubement par le maitre. On comprend l’admiration pour l’oeuvre de Carpenter, ce dernier semblant enfin être reconnu pour le véritable auteur qu’il fut en son temps. Mais sans déconner, si c’était juste pour lui sucer la teub, ça valait pas la peine de teaser autant.

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le 27 oct. 2018

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