La nouvelle saga Halloween, dans les mains de David Gordon Green, suscite une tonne de sentiments contraires. Car après la franche réussite du premier opus, il était pour le moins rageant de constater que Halloween Kills se prenait déjà les pieds dans le tapis en perdant ses très bonnes idées et son sous-texte politique dans certaines scènes d'un ridicule achevé.


Restait cependant son boogeyman accédant à l'immortalité, qui n'avait plus besoin de corps pour propager la peur qu'il inspire dans une communauté qui perdait ses repères et prenait les armes dans une Amérique privée de boussole morale.


Halloween Ends reprend exactement le même chemin... En amplifiant certains défauts, en accentuant des travers malencontreux, en perdant de vue certains codes du genre qu'il illustre.


Et en prenant certaines attentes à revers. Car le masqué entrait dans la salle pour assister à la suite directe de Kills, soit à peine quelques heures plus tard, pour un revenge movie énervé, Laurie Strode devant venger la mort de sa fille.


Sauf que l'on se tape encore une histoire parallèle qui renverse les tropes, ainsi qu'un re-re- tout de ce qui s'est passé dans les épisodes précédents assez énervant. Comme si Green ne savait pas comment aborder son troisième épisode, ou encore qu'il refusait l'obstacle...


Et de se rendre compte que Ends se déroule quatre années après Kills, soit une éternité, qui a laissé à Laurie Strode le temps de se reconstruire.


Ouais...


Et si Ends n'étonne pas en ce qu'il se centre évidemment sur la troisième génération, il le fait en comptant fleurette, et la romance neuneu d'Andi Matichak tout droit évadée d'un épisode de Dawson. Un mélange des genres dont on se serait bien passé, tant l'idylle apparaîtra tartignole et introduite au chausse-pied pour traiter du prolongement de la danse mortifère de Laurie et Michael quarante ans durant.


La bonne idée était pourtant là : la transmission du mal, la communauté qui crée ses propres monstres, ou encore les ténèbres intérieures. Avec tout cela, on sentait la volonté de David Gordon Green de sonder la noirceur de l'âme humaine, vu qu'aucun des personnages n'est vraiment innocent, pas même Laurie Strode. Mais la maladresse constante consterne parfois, tout comme des facilités parfois indignes ou des personnages assez falots.


Tout comme l'éviction quasi totale de The Shape, auquel le réalisateur semble s'entêter à le priver de sa toute-puissance, jusqu'au final attendu l'opposant à sa nemesis.


A côté de cela, il y a aussi cette image d'une Amérique divisée et paranoïaque, que l'on devine pas très reluisante dans les yeux de David Gordon Green, avec par exemple, une scène ambiguë faisant écho aux suites de la traque d'Oussama Ben Laden. Et si l'intention est louable, on se dit que l'aspect slasher pur est quelque peu perdu de vue, ce qui la fout mal quand le nom de Halloween trône en haut de l'affiche et que l'on affuble sa figure de proue d'un padawan qui n'a pas grand chose à faire ici.


Pas sûr finalement que ce revival nécessitait une trilogie...


Behind_the_Mask, qui n'a pas peur du tueur.

Behind_the_Mask
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de la saga Halloween et Une année au cinéma : 2022

Créée

le 25 oct. 2022

Critique lue 301 fois

16 j'aime

Behind_the_Mask

Écrit par

Critique lue 301 fois

16

D'autres avis sur Halloween Ends

Halloween Ends
Star-Lord09
6

Quelque chose de Stephen King...

Lorsque le profil de Laurie Strode découpe le visage de Corey dans un gros plan serré, David Gordon Green rejoue en miroir l'affiche du Halloween de 2018. L'héroïne est clairement la moitié de son...

le 13 oct. 2022

27 j'aime

68

Halloween Ends
RedArrow
6

The Shape of Evil

Avec son tueur à nouveau en goguette à Haddonfield quarante ans après ses forfaits, les conséquences traumatiques de la fameuse nuit d'Halloween 1978 sur le clan Strode, à jamais marqué par...

le 12 oct. 2022

20 j'aime

5

Halloween Ends
micktaylor78
7

La circulation du Mal

Que cela soit pleinement justifié ou du fait d’une simple nostalgie déplacée pour un cinéma à l’ancienne, le reproche du manque de conscience politique dans le cinéma de genre contemporain revient...

le 13 oct. 2022

20 j'aime

41

Du même critique

Avengers: Infinity War
Behind_the_Mask
10

On s'était dit rendez vous dans dix ans...

Le succès tient à peu de choses, parfois. C'était il y a dix ans. Un réalisateur et un acteur charismatique, dont les traits ont servi de support dans les pages Marvel en version Ultimates. Un éclat...

le 25 avr. 2018

204 j'aime

54

Star Wars - Les Derniers Jedi
Behind_the_Mask
7

Mauvaise foi nocturne

˗ Dis Luke ! ˗ ... ˗ Hé ! Luke... ˗ ... ˗ Dis Luke, c'est quoi la Force ? ˗ TA GUEULE ! Laisse-moi tranquille ! ˗ Mais... Mais... Luke, je suis ton padawan ? ˗ Pfff... La Force. Vous commencez à tous...

le 13 déc. 2017

189 j'aime

37

Logan
Behind_the_Mask
8

Le vieil homme et l'enfant

Le corps ne suit plus. Il est haletant, en souffrance, cassé. Il reste parfois assommé, fourbu, sous les coups de ses adversaires. Chaque geste lui coûte et semble de plus en plus lourd. Ses plaies,...

le 2 mars 2017

181 j'aime

23