Halloween n’a rien de drôle. Ce festival sarcastique reflète plutôt une soif de revanche des enfants sur le monde adulte.




Quête d'originalité pour Rob Zombie : Quand l'horreur dévie en une suite malheureuse



Halloween 2, une fois de plus écrit, réalisé et produit par Rob Zombie, constitue la suite immédiate de son propre remake de Halloween, basé sur le film original d'horreur culte "Halloween : La Nuit des masques" de John Carpenter sorti en 1978. En outre, il ne faut pas oublier le "Halloween 2" "réalisé" par Rick Rosenthal en 1981, bien que cette nouvelle itération de Zombie soit davantage un hommage subtil qu'un simple remake. En somme, une véritable pléthore de films "Halloween" pour les amateurs du genre ! Après le succès du film précédent, l'idée d'une suite pouvait sembler logique, bien que personnellement, je la considère comme une erreur, car le film initial se suffisait à lui-même en concluant habilement son histoire avec une touche sanglante et tragique. Néanmoins, à Hollywood, les suites inutiles sont monnaie courante pour exploiter au maximum une formule gagnante. Rob Zombie, quant à lui, a une idée originale pour cette suite. Si le premier film se concentrait sur Michael Myers, développant davantage le personnage du meurtrier emblématique, en proposant une lecture différente de celui-ci, le second opus pourrait se concentrer entièrement sur Laurie, explorant comment elle pourrait devenir la nouvelle porteuse du masque effrayant de Myers, peut-être même devenir le nouveau Croque-Mitaine. Bien que l'idée de base soit plutôt originale sur le papier, elle est malheureusement submergée par un déroulement narratif désastreux, noyant ainsi la pépite d'originalité au milieu d'un océan de mauvaises idées. À tel point que cela va aboutir à l'abandon du projet initial, qui consistait à transformer la saga de Rob Zombie en une trilogie. Une histoire qui devait trouver sa conclusion dans un troisième volet qui, ""malheureusement"" (notez mon sarcasme), n'a jamais vu le jour. Dans ce troisième opus hypothétique, nous aurions suivi Laurie, internée dans un asile psychiatrique quelques années après les événements de Halloween 2, tandis que Michael, étonnamment toujours en vie, revenait à la recherche de sa sœur, qui aurait sombré du côté obscur. On aurait assisté à la naissance d'un duo de tueurs psychopathes commandés par le fantôme d'une folle furieuse à cheval blanc, accompagnée d'une version miniature de Myers. Pour couronner le tout, vu le trip de Zombie, il aurait certainement été suivi par le fantôme de Laurie version bébé, alias "Boo", qui aurait pointé du doigt les prochains malheureux à être trucidés, énonçant des ordres tels que « Hadadagugoda ! » Oh, quelle triste perte de ne pas avoir pu assister à un tel chef-d'œuvre ! Zut, flute, caca boudin ! La seule lueur d'espoir aurait peut-être été que le masque de Michael aurait fusionné avec son visage après un incendie.


En ce qui concerne Halloween 2, il devient tout de suite évident que cette suite opte résolument pour une approche différente de l'œuvre d'origine, marquant ainsi un redémarrage complet de la franchise. Bien que cette idée paraisse prometteuse, voilà que Rob Zombie va partir dans une expérience psychédélique totalement bordélique. Rob, je comprends que la consommation de substances hallucinogènes comme le LSD, les champignons magiques ou d'autres substances similaires puisse offrir des moments de jubilation et de détente. Cependant, il est fortement conseillé de ne pas en faire usage lorsque l'on écrit et réalise un film, surtout lorsqu'il s'agit de créer la suite d'une œuvre qui exige une certaine cohérence narrative, élément qui manque cruellement à cet opus. Dans le premier film, le réalisateur a délibérément cherché à humaniser le tueur psychopathe en rationalisant son mal, le distanciant ainsi de l'image inhumaine et fantomatique créée par John Carpenter. Et voilà que dans cette nouvelle itération, il a choisi une approche radicalement opposée. Ce changement de direction scénaristique ne fait pas dans la subtilité, allant jusqu'à pousser l'idée de base de John Carpenter à l'extrême, au point de la synthétiser au lieu de la fantasmer. Rob Zombie décide de défier John Carpenter en poussant son idée de base encore plus loin, un geste qui semble être un pied de nez, peut-être (voir certainement) en réponse à la querelle qui a opposé ces deux cinéastes, comme expliqué dans ma critique du premier opus, « disponible ici ». Cependant, cher Rob, malgré ton indéniable talent à certains égards, tu n'atteins pas le niveau de Carpenter. Ton désir de surenchère t'enferme dans une confusion grossière, semant un certain nombre d'incohérences qui nuisent à l'histoire principale. En effet, le mal de Michael est maintenant attribué au fantôme démoniaque de sa mère, chevauchant un cheval blanc tel une walkyrie, dictant ainsi la conduite de Michael. Et comme si cela ne suffisait pas, le fantôme de la vision innocente de Michael enfant se joint également à cette étrange configuration. Une idée si saugrenue qu'on pourrait la prendre pour une mauvaise plaisanterie, mais non, il s'agit bel et bien du point central de cette nouvelle intrigue. Si cette idée de base avait été établie dès le premier film, j'aurais été tout à fait enthousiaste et j'aurais dit : « Allons-y ! » Néanmoins, il est difficile de présenter un film qui initialement adopte une approche cartésienne, cherchant à tout rationaliser, pour ensuite basculer brusquement vers son opposé absolu en introduisant des fantômes vengeurs au nom de la famille. Cela n'a ni queue ni tête.


Eh bien sûr, je vous vois venir en disant : « Mais non, JéJé, tu n'as rien compris, tu t'embrouilles dans tes explications et ton bagou, car il ne s'agit pas de fantômes, mais de la manifestation déformée de l'esprit malade de Michael. » En somme, ce serait simplement la vision d'une personne atteinte de troubles mentaux psychotiques. Cette explication aurait pu tenir la route, sauf qu'il y a un problème majeur ! Depuis quand quelqu'un d'extérieur peut-il percevoir les hallucinations d'un individu malade ? Car le fait est que Laurie voit exactement les mêmes choses que Michael. À ce stade, on pourrait argumenter : « Eh bien, elle aussi est atteinte de troubles mentaux, tout comme Michael, et donc elle voit également une version déformée de sa mère. » Cependant, il reste une question à résoudre : comment se fait-il qu'elle perçoive la vision de sa mère de la même manière que Michael ? Même visage, même coupe de cheveux, même tenue vestimentaire, même cheval blanc. Cela est d'autant plus étrange compte tenu du fait que Laurie n'a jamais entendu la voix de sa mère et n'a vu que des photos d'elle. Et qu'on ne vienne pas me parler d'une prétendue connexion mentale entre Michael et Laurie, car cela serait tout aussi peu convaincant que l'idée de la venue de ces fantômes, qui sont bien présents puisqu'ils interagissent avec Michael et Laurie. Si ce n'est pas le cas, alors, par tous les dieux, c'est un scénario extrêmement mal écrit. Mais cette explication a au moins le mérite de clarifier quelques incohérences, comme dans le premier opus, où on se demande comment Michael a deviné que Laurie ado est sa sœur, alors qu'il ne l'a vue que bébé, et comment il peut la retrouver vivante dans la maison du shérif à la campagne, dans ce second opus, la réponse c'était bien évidemment "Maman Walkyrie". Ces fantômes s'avèrent bien pratiques, n'est-ce pas ? Je vous vois déjà sortir votre carte magique "Original Fatality", qui a tendance à clôturer les débats. Il est essentiel de rappeler que l'adjectif "original" ne suffit pas à lui seul pour qualifier un film de bon. Bien sûr, la proposition peut sembler audacieuse et originale dans le contexte de cet univers cinématographique. Mais, il ne suffit pas d'être original pour que le film soit qualifié de génial. Sinon, on pourrait prétendre à l'originalité en montrant Michael en train de faire son caca matinale sur la cuvette des toilettes, une scène jamais vue et osée. Mais serait-ce suffisant pour en faire un bon film ? En réalité, la cohérence scénaristique est un élément clé à ne pas négliger. Il est tout à fait problématique d'introduire des éléments dans un film pour ensuite les démanteler dans la suite, surtout lorsque cela est réalisé par le même cinéaste. Comme l'a si bien dit l'un de mes précieux éclaireurs : "L'originalité n'est certainement pas un gage de qualité au cinéma ... Je rajouterais d'ailleurs que l'originalité ne dure que tant qu'on a pas surenchérit avec autre chose."


Pour autant, est-ce une véritable purge de bout en bout ? Malheureusement, la réponse est non. Je dis "malheureusement" car j'aurais préféré ne pas avoir de regrets et passer simplement à autre chose. L'idée de suivre la vie de Laurie après les événements tragiques du film précédent est excellente, et elle est bien exploitée ici. Nous accompagnons un personnage marqué physiquement et mentalement, tout comme son amie Annie, la fille du shérif avec qui elle vit. L'impact de la révélation selon laquelle Michael Myers est son frère est bien développé. Seulement, tout s'effondre lors des retrouvailles avec son frère, ce qui ne mène finalement à pas grand-chose, sinon à une absurdité sans nom. Après un trip complètement hallucinogène en compagnie des fantômes de Maman Walkyrie et du jeune Michael, qui ont littéralement poussé Laurie à la limite de la démence, tout en laissant Michael adulte perplexe face à l'héritage familial, se demandant certainement à ce moment-là (vu son regard) s'il a vraiment décroché le gros lot avec une famille de cinglés pareille. Finalement, il se fait descendre par des tireurs d'élite et s'effondre quasiment mort devant sa sœur. Elle lui dit alors : "Je t'aime, mon frère", avant de le poignarder avec son couteau. Peut-être ai-je manqué quelque chose, mais comment Laurie peut aimer Michael, dont elle sait être son frère que depuis moins de 24h, sachant qu'il a tué sa famille adoptive, dont elle dit dans le film que c'est comme si on lui avait arraché une partie d'elle ? De plus, il a tué ses amies, et Annie a également subi deux attaques de la part de Michael. Ce "je t'aime" n'a aucun sens, tout comme l'ensemble du film d'ailleurs. On pourrait essayer de s'accrocher à Michael, mais ici, il n'est que l'ombre de lui-même, relégué à la seconde position pour laisser la place à sa sœur. Il ne reste donc que peu à explorer autour de lui, à part la genèse de son mal, attribuée à sa maman Valkyrie, la belle bêtise. Toutefois, on peut toujours compter sur ses meurtres percutants qui ont régalé les spectateurs dans l'opus précédent, et ils sont tout aussi mémorables ici, notamment dans la scène d'introduction à l'hôpital. Michael demeure aussi impitoyable qu'auparavant, et la violence qui l'entoure est toujours aussi crue et sale, offrant un réalisme percutant. Tout ça tombe à l'eau lors du final qui est décevant. Au lieu d'une confrontation digne de ce nom, on se retrouve avec Laurie, enlevée dans une petite cabane, où elle entre dans une séance de possession ridicule à la manière de L'Exorciste version Rob Zombie. Après cela, il ne se passe pas grand-chose de mémorable, à part l'arrivée décevante de Loomis, un autre survivant, dont le personnage aurait peut-être mieux fait de rester mort, étant donné le traitement qui lui est réservé et son inutilité dans ce final. Il est rapidement éliminé avant que Michael ne soit abattu. C'est un dénouement qui laisse un goût terriblement amer : tout ça pour ça ! Et pour couronner le tout, le film ose assumer son absurdité avec une scène finale où Laurie, désormais internée dans un hôpital psychiatrique, se voit transmettre le flambeau du Croque-Mitaine par Maman Walkyrie. Un véritable ratage, qui ne fait que confirmer son incohérence.


Du point de vue technique, plusieurs talents sont à l'œuvre, notamment des noms déjà connus pour cette saga comme T.K. Kirkpatrick, qui dirige la direction artistique, et Tyler Bates, qui est en charge de la composition musicale, avec une influence notable de la musique mémorable de John Carpenter, qui ici n'est pas présente, conséquence de la guerre entre les deux cinéastes. Mary E. McLeod s'occupe des costumes, tandis que Garreth Stover et Lori Mazuer sont responsables des décors. On peut également noter l'arrivée de Brandon Trost à la photographie. Dans l'ensemble, la réalisation de ce film surpasse celle de l'opus précédent. Rob Zombie se permet d'introduire des plans horrifiques intéressants, mêlant habilement l'esthétique du vieux cinéma d'horreur en noir et blanc à d'autres subtilités cinématographiques propres au cinéma fantastique. Le résultat est bienvenu sur le plan visuel, mais il peine à avoir un véritable impact en raison des problèmes intrinsèques du film. En ce qui concerne la distribution, Scout Taylor-Compton, qui incarne à nouveau la mémorable et iconique baby-sitter Laurie Strode, livre une performance bien plus convaincante. Il faut dire que cette fois-ci, son personnage bénéficie d'un traitement plus en profondeur et d'un temps d'apparition plus long. Cependant, tout cela est entaché par la tournure des événements dans le contenu final. Tyler Mane, dans le rôle de Michael Myers, reste une fois de plus impressionnant, bien que son personnage soit légèrement moins effrayant cette fois-ci. Son masque à moitié arraché lui donne une allure un peu plus fauché avec sa tête de viking barbu. Malcolm McDowell, sous les traits du Dr. Samuel Loomis, devient complètement incohérent, n'ayant plus rien à voir avec le personnage du film précédent. On a l'impression de faire face à deux personnages différents. Ici, il est devenu terriblement arrogant et prétentieux, et il ne semble servir à rien. On pourrait se demander pourquoi le faire revenir étant donné le résultat. Brad Dourif, dans le rôle du shérif Leigh Brackett, livre une performance une fois de plus très solide, tout comme l'actrice Danielle Harris, qui incarne sa fille Annie et qui subit à nouveau les affres de Michael. En revanche, le retour de Sheri Moon Zombie dans le rôle de Deborah Myers est tout aussi mauvais que lamentable. La nouvelle incarnation de Myers enfant, interprétée par Chase Wright Vanek, est tout aussi médiocre et de mauvais goût, faisant regretter amèrement la performance de Daeg Faerch dans le rôle.



CONCLUSION :



Halloween 2 de Rob Zombie offre une expérience cinématographique décevante. Malgré quelques améliorations techniques par rapport au premier opus, notamment dans la réalisation, il pèche par un scénario problématique et incohérent. L'originalité de l'approche narrative, bien que pas vraiment louable dans ce cas, ne parvient pas à sauver le film de ses propres incohérences avec les éléments surnaturels qui viennent perturber l'univers établi, et un final qui déçoit par son manque de résolution satisfaisante, laissant un goût amer.


Une suite qui aspire à réinventer la magie du film original de John Carpenter en prenant ses distances, mais qui n'atteint pas le génie de ce dernier, nous laissant davantage frustrés que terrifiés.



Je t'aime, mon frère !



Ma critique du film en duo sur la chaîne YouTube de Venom-31 : https://www.youtube.com/watch?v=qS54tYbp4-k

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le 1 nov. 2023

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