L’art est un refuge où se suspend la douleur d’exister.

Pour Kitano, l’art est ce refuge où se suspend la douleur d’exister, s’apprivoise la mort et s’embrasent les fleurs de sang de la colère.

Un film quasiment silencieux, mélange subtil de violence et de colère (à l’image de la violence intérieure éprouvée ) et de poésie qui jaillit de partout : dans les images, la force de l’amour de ce couple et leurs jeux où ils retrouvent l’enfance, la lutte contre les absurdités de la société , les injustices, contre la corruption, mais aussi la rédemption, le pardon.) La transformation du monde et l’apprivoisement de la mort par le biais de l’art est vraiment le sujet du film. C'est extraordinaire cette temporalité un peu disloquée qui fait s’emboiter les scènes en faisant alterner passé/ présent, ces images de mer , de ciel et de plage ou encore les peintures de son ami paralysé ( qui sont le toiles réelles de Kitano) , véritables visions du monde viennent en contrepoint des événements qui arrivent pour le personnage central et même les annoncent. Je connaissais le réalisateur à travers son travail d’artiste peintre , ses toiles aux couleurs vives mais aux thèmes mélancoliques et j’avais en mémoire son rôle en tant qu’acteur dans Furyo. J’ai lu que dans Hana Bi , Kitano qui sortait d’une dépression suite à un accident grave avait fait une tentative de suicide … ce visage apparemment impassible n’est rien d’autre qu’une des séquelles de cet accident, une paralysie). Pourtant, comme il est bavard ce visage impassible , agité de tics …on y découvre selon le scènes toute une gamme d’émotions et d’expression …. Grâce à ce travail artistique Kitano a repris goût à la vie et à la création On retrouve toute cette thématique dans ce film la mort, la douleur existentielle qui ne peut s’exprimer qu’à travers la violence ou bien l’art, la poésie. L’artiste peintre et le réalisateur se rejoignent dans une œuvre très forte « Ce film m'a permis de faire face et trouver les moyens d'apprivoiser mes angoisses. Jusque-là, je me battais contre tout ce que j'avais fait. Je savais bien qu'au fond de moi, quelque chose était cassé. » a-t-il dit dans un interview.

Créée

le 9 août 2024

Critique lue 12 fois

2 j'aime

cathVK44

Écrit par

Critique lue 12 fois

2

D'autres avis sur Hana-bi

Hana-bi
real_folk_blues
10

Dirty arigato

Une musique composée de cordes enjouées, planante et tournée vers les nuages. Puis deux visages ahuris et du bitume face au portrait craché d'un homme en deuil. Un coup de serpillère imbibée violent...

le 28 juin 2012

181 j'aime

40

Hana-bi
Ze_Big_Nowhere
9

Feu d'artifice

Hana-Bi c'est... Un poème. Une poésie tragique. C'est une ballade désenchantée vers le gouffre. C'est cette violence sans fard qui éclabousse de rouge les visages et les toiles. C'est cette...

le 1 sept. 2013

113 j'aime

15

Hana-bi
Rawi
10

Kitano qui rit, Takeshi qui pleure.

Comment expliquer le plaisir de retrouver les personnages de ce film, après quelques années d'éloignement ? Hana-bi tient et tiendra toujours une place particulière dans ma cinéphilie. Il a été mon...

Par

le 30 mars 2015

80 j'aime

11

Du même critique

Tatami
cathVK44
8

Sur le tatami, cheveux dénoués, le cri de la liberté: Uchi mata !

Deux femmes iraniennes prises dans une menaçante tourmente géopolitique. Sur le tapis, cheveux dénoués, le cri de la liberté. Uchi-mata.Un film en noir et blanc aux allures de thriller. Haletant,...

le 10 sept. 2024

14 j'aime

Valeur sentimentale
cathVK44
8

La maison familiale : une histoire de silences, de manques, d’exclusion et naturellement, d’amour.

À l’image des territoires intérieurs de la famille et de ses relations complexes, leur maison transmet en héritage, manques et des non-dits, secrets et tragédies. Au fil des générations, entrelaçant...

le 21 août 2025

13 j'aime

Évanouis
cathVK44
7

Quand les enfants se volatilisent.

Où se logent vraiment la réalité d’un fait divers, le fantasme ou le surnaturel ? Entre disparitions étranges et phénomènes d’emprise, le thriller entrelace les points de vue. Sur fond de sorcellerie...

le 12 août 2025

11 j'aime