Un film sur l'été japonais, et rien que ça. La perspective est celle d'un jeune enfant face à ses propres défis, le genre d'obstacles qui paraissent insurmontables seulement à cet âge-là, et on peut reconnaître à Tetsuya Nakashima le talent d'avoir réussi à retranscrire ce sentiment avec autant de simplicité. Takashi et quatre de ses camarades de CM1 doivent redoubler d'effort, ensemble, après la classe, afin de réussir un exercice qu'ils n'ont pas réussi à faire en cours de sport : un renversement arrière à la barre fixe. D'un postulat un peu classique, l'épreuve imposée par un professeur comme le symbole des difficultés futures à surmonter, "Happy-Go-Lucky" le transforme en un kaléidoscope de sensations liées à l'enfance. Ce mélange de douceur et d'absurdité permet d'aborder les angoisses et les incertitudes qui assaillent l'enfance, constitutive de cette période — avec sans doute en supplément ici une composante liée à la honte inhérente à la société japonaise.


Avec le bruit caractéristique des cigales estivales en fond, le portrait de Takashi s'insère dans celui de son environnement immédiat, avec son père enfermé dans une chambre suite à un accident, sa sœur qui aime le rouge à lèvres et pose nue pour un magazine, et sa mère qui supporte un peu le tout. Il faut y être sensible, au risque de trouver le film d'une simplicité consternante, mais à titre personnel c'est toute la naïveté de l'enfance qui ressort de ce court film, sous la forme d'une petite chronique familiale. Chaque personne affronte sa petite épreuve, en quelque sorte, et chacun déclenche une série de souvenirs sous la forme de flashbacks — comme les échos d'un passé lointain qui persiste. Le père et son dessin saccagé par sa sœur qui finira lauréat d'un grand prix, félicité pour sa créativité, la mère et une histoire de femme-serpent qui la terrorisait. Takashi de son côté fait une petite fixette sur les grosses poitrines, pendant que la mère va chercher le père au karaoké à coup de crochet dans les dents (il a pas fini de porter des minerves). L'été, saison d'entre-deux par excellence, symbole de l'hésitation, de l'atermoiement, de l'errement, et de toutes les incertitudes liées à l'enfance.

Morrinson
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le 26 mai 2021

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