«Hard Candy» ou quand le bonbon adolescent devient dur à croquer.
Le thriller psychologique n'a jamais été aussi bien mené sur un sujet de société, aussi abominable que la pédophilie sur internet.
David Slade traite d'un sujet qui est un phénomène récurrent dans nos sociétés ; grâce aux chats sur internet les pédophiles ou éphébophiles attirent les adolescent(e)s dans leurs filets.
Ce thriller psychologique, «Hard Candy» (qui vient de l'argot d'internet pour désigner les jeunes filles mineures) n'est pas une histoire commune de fait divers, bien au contraire. On s'attendrait presque à ce que l'éphébophile en question, Jeff Kohlver un photographe de 32 ans (joué par Patrick Wilson), assouvisse ses besoins pervers, à cause du plan d'ouverture sur une fenêtre de chat sur internet, où deux personnes se parlent. Sous le pseudonyme de «Thonggrrrrrl14» se cache Hayley Stark, une adolescente de 14 ans (jouée par Ellen Page que l'on connait mieux maintenant grâce à son rôle star dans «Juno» de Jason Reitman sorti en 2008). Elle donne rendez-vous à «Lensman319» (Jeff) dans un café-restaurant. Nous allons alors participer à leur rencontre, et enfin découvrir leurs visages.
Nous sommes d'abord étonné de la culture et de l'intelligence dont fait preuve la petite Hayley. Elle lance des remarques incisives et bien senties à cet homme étonné lui aussi de sa facilité à lui poser des colles. L'attirance qu'il a pour elle est palpable. Les jeux de regards en gros plans sont très travaillés et révèle une mise en scène parfaite et construite pour mettre mal à l'aise le spectateur. Elle propose ensuite, non sans une fausse candeur, d'aller chez Jeff. Bien évidemment, il accepte. Elle sort des verres, ils se saoulent, Jeff s'évanouit et là peut enfin commencer le film.
En effet, Jeff se réveille ligoté à une chaise, devant lui se tient Hayley qui jubile. S'en suit alors un travail d'investigation et de recherche pour Hayley comme pour le spectateur. Nous participons activement au film. Nous réfléchissons tout le temps au pourquoi du comment, en essayant de comprendre ce que cherche Hayley, ce qu'elle veut faire de cet homme. Les dialogues sont d'une justesse remarquables, nous avons exactement la bonne dose d'information pour essayer de comprendre le film. Nous sommes plongé dans une atmosphère glauque de part l'esthétique très travaillé aux tons bleus et blancs. Nous avons affaire à un réalisateur qui ne laisse rien au hasard, chaque détail compte. Le réalisateur a vraisemblablement des connaissances picturales et surtout photographiques. Il nous met mal à l'aise, le stress est à son paroxysme au moment où Hayley torture l'éphèbophile, elle le castre. Elle devient elle même bourreau.
On portera une attention toute particulière à l'interprétation de Ellen Page, qui est époustouflante ! Le tournage s'est effectué en 18 jours, les scènes dans la maison de Jeff ont quasiment toutes été tournées dans l'ordre chronologique du film, ce qui met les acteurs dans une espèce de transe qui se ressent vraiment à l'écran. Plus le film avance, plus le stress est grandissant, autant pour les personnages que pour nous, spectateur.
David Slade reste loin des clichés des films où la victime implore son tortionnaire, à coup de sensibilisation mielleuse, ou en essayant de trouver sa faille qui le fera fléchir. D'ailleurs il se moque même de cela quand Jeff implore Hayley en lui expliquant pourquoi il pourrait être pédophile, en lui racontant son passé, son enfance marquée de torture par sa tante. Hayley feint de prendre pitié de lui, on croit alors tomber dans un mélodrame où l'adolescente retourne à son statut de jeune fille naïve. Mais non ! Hayley repart de plus belle. C'était, peut être, un clin d'œil du réalisateur pour signifier que son film n'est pas comme les autres.
Tout au long du film nous assistons à la vengeance d'une jeune fille sur un pédophile. Ce sujet, pour le moins sensible, n'est ni banalisé ni dramatisé. Or, on est emmené dans le tourbillon d'une vie. On assiste plus à la déchéance d'un homme dont on révèle le honteux secret. Toute sa vie s'en voit basculer après le passage du cyclone Hayley.
Elle s'en va après avoir accomplit sa mission, seule au soleil couchant, éreintée, à bout de force, car, en plus d'avoir subit un choc psychologique, elle vient littéralement de tuer un homme. Elle reste la vengeresse mystérieuse de toutes les victimes de pédophiles.
Car le véritable sujet de ce film n'est pas la pédophilie et la mise en garde contre ses monstres, mais plutôt que les apparences peuvent être très trompeuses. Enfin, l'inspiration viendrait du Japon. Le producteur, David Higgins, aurait lu des reportages parlant de jeunes Japonaises attaquant des hommes qu'elles séduisaient sur internet et rencontraient dans la vie réelle pour les battre.
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