Suite du cycle Schrader avec ce deuxième film dans la filmo du réalisateur. Le titre envoie du bois et correspond finalement assez bien au film.
Communauté calviniste tradi de Grand Rapids, Michigan. Jake VanDorn veille sur sa famille avec l’autorité du père garant de la bonne morale de sa fille. Alors que les jeunes de la communauté sont partis en voyage en Californie, sa fille est portée disparue sans avoir laissé la moindre trace. Le père mettra tout en œuvre pour la retrouver … dans la ville du péché.
Tout se jouera dans l’ambiance que Schrader veut créer. D’une certaine manière, il crée le pont entre Blue Collar, film du nord et American Gigolo, film californien. Il montre aussi la vie de communautés fermées endogames. Là, les valeurs du monde ouvrier. Là encore, l’entre-soi clinquant du milieu californien. Ici, la pression pour reconduire les codes de cette communauté protestante de descendance flamande. C’est bien celui qui détient le pouvoir économique et financier qui fixe les règles et le fonctionnement des rapports sociaux, impose sa conception de la morale. Pour se libérer, il y a donc deux solutions : gagner du pouvoir au sein de la communauté ou fuir. C’est ce que va découvrir VanDorn. On peut vouloir une autre vie que celle qu’il a prévu pour les autres. On peut s’opposer à l’autorité, même si ça devait mener à l’autodestruction.
Ce thriller des bas-fonds nous montre comment ce père accepte de glisser dans un monde interlope qu’il rejette fermement pour retrouver sa fille. On voit le personnage changer, noircir, et tâcher de comprendre ce qui lui paraît ne pas avoir de sens. George Scott, plus habitué à la télé qu’au grand écran, rend parfaitement justice à ce personnage complexe et déchiré. Le reste du casting est également à la hauteur de ce qui a tous les airs d’une série B un peu glauque. La mise en scène oscille entre pas de chats et coups de poings, toujours dynamique et là où il faut.
En bref, on tient là un thriller un peu à l’ancienne, qui n’a pas peur de se salir les mains et qui fait des merveilles avec les moyens qui lui sont donnés. Ça rappellera un peu Scorcese (bah oui) ou de Palma car oui, c’est fait de ce même bois qui alimentait aussi un Pollack ou un Lumet. Conseillé donc.
>>> La scène qu’on retiendra ? La plongée dans le snuff, vraiment glauque.