Après les deux premiers volets de la saga Harry Potter, dirigés par Chris Colombus et caractérisés par une mise en scène classique et à destination d’un public jeune, Alfonso Cuarón fait passer le troisième opus à la vitesse supérieure.
Avec sa mise en scène plus sombre, plus lente, moins classique et un esthétisme bien particulier, Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban est le tournant de la saga qui fait définitivement oublier le film pour enfant et se met à mûrir en même temps que ses personnages.
L’usage du plan séquence et de focales plus larges nous permet de découvrir davantage l’univers de Poudlard dont le décor est bien plus travaillé (les chemins sont plus escarpés, les pentes plus abruptes comparé aux deux premiers films où l’on impression que le château se dresse au milieu d’une prairie). L’esthétique des créatures surnaturelles est à couper le souffle, avec bien évidement les detraqueurs, mais aussi l’hypogryphe Buck.
Mais surtout, le prisonnier d’Azkaban se concentre beaucoup plus sur la relation entre les personnages. Alors que dans les deux premiers, chaque prise de parole d’un personnage ne servait qu’à rappeler où en était l’intrigue, dans le prisonnier d’Azkaban, l’on développe bien plus les liens qui les unissent. Il n’y a qu’à voir les tenues arborés par les apprentis sorciers qui abandonnent les chapeaux pointus et sont bien plus débraillés que dans les premiers films où ils portaient toujours la cravate impeccable avec leur robe de sorcier immaculée.
En fait avec ce troisième film, Harry Potter s’assume comme saga d’un genre nouveau, ne se contentant plus d’emprunter au code du film de sorciers classiques, mais en créant son propre style. L’illustration la plus juste de cette idée est l’arrivé de Michael Gambon dans le rôle de Dumbledore. Alors que Richard Harris donnait au sorcier de grand père sympas que l’on voit mal tenir tête à Voldemort, Gambon va faire évoluer le personnage vers le sorcier puissant que l’on connait.