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Priscilla Presley est sans doute un personnage qui fascine Sofia Coppola en ce qu’elle s’inscrit de plein pied dans les sujets qui la fascinent : une jeune adolescente qui s’ennuie et qui rêve de s’évader d’un quotidien qui la déprime. Priscilla pensait qu’Elvis serait son échappatoire à sa vie d’expatriée américaine en Allemagne qui ne l’enchante guère, mais elle se retrouve rapidement, comme Marie-Antoinette à Versailles, enfermée dans un écrin pastel et doré de solitude que Sofia Coppola sait filmer avec beaucoup de style. C’est donc un film sur l’ennuie rythmé par quelques fulgurances qui témoignent de l’amour sincère que se portent Elvis et Priscilla, qui prend le temps de contempler son personnage principal, de l’étudier et d’exacerber ses contradictions.
Mais si Priscilla est bien le personnage principal du film, Elvis est pourtant omniprésent. Sa villa de Graceland exubérante, ses fans hystériques agglutinée devant les grilles de sa propriété, son crew de jeunes hommes vivant à ses crochets, ses photos dans les magazines… Le travail de Coppola a été d’inscrire Priscilla dans cette Amérique qui vit à travers son idole : comme toutes les jeunes femmes de son époque elle voulait approcher, connaître et être aimée par Elvis, star parmi les stars, tandis que lui, comme les hommes de son époque voulait une femme douce, pomponnée, discrète et soumise à ses côtés.
Ces contradictions, et il faut le dire, le traditionalisme patriarchal de celle relation n’atténue pas pour autant les aspects touchants de ce couple improbable. Ecrasé par son statut qui le dépasse, se cherchant entre spiritualité et mysticisme, Elvis est dépeint comme un freluquet immature et capricieux mais profondément affecté par le décès de sa mère et cherchant cette dernière en Priscilla dont la présence rassurante qui lui permet d’assumer qui il est.
Créée
le 4 janv. 2024
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