Harry Potter, c'est la saga qui aura réussi à marquer toute une génération, et le souvenir de ce petit sorcier bardé d'une cicatrice qui affronte l'un des plus puissants mages noirs de l'histoire hantera à jamais les nuits de nombreux fans. Et puis tonton Hollywood arriva et s'exclama "Ben tiens, si on mettait ça sur grand écran pour faire plaisir aux fans (et aussi s'attirer un maximum de fric, mais ça faut pas le dire)".

Le résultat fut très aléatoire, du réussi à l'horreur en passant par le décent. Le plus gros défaut de la saga Harry Potter en matière cinématographique, c'est sans doute sa complexité et aussi le temps. Parce que oui, nous avons vieilli au même rythme que les trois héros et au fil du temps, notre vision est passée de celle du gamin qui avale tout à celui de l'adolescent capable d'avoir un regard critique (plus ou moins évidemment) sur ce qu'il voit. Et c'est bien ça qui a coûté le plus cher à cette saga côté cinéma.

Au début, Chris Columbus, un réalisateur spécialiste des comédies familiales, s'est occupé de tourner les deux premiers films, et force est de constater que ce sont les deux films les plus réussis. Harry Potter est ainsi un gamin qui voit les choses de manière simple, et n'allez pas me rire que les deux premiers tomes sont d'une complexité extrême. Résultat : il n'y a pas 100 trucs à dire, et comme les fans n'étaient pas très exigeants, tout allait bien. C'est à partir du troisième tome que les réalisateurs commencent à serrer les fesses, parce que les livres commencent à s'étoffer (le tome 3 est 50% plus gros que le tome 2 et le rapport entre le tome 4 et le tome 3 est à peu près similaire), il y a plus de choses à dire, les personnages sont complexes, et le tournage prend en conséquence plus de temps. Sauf que l'évolution du public, elle, n'attend pas et va plus vite. Les deux réalisateurs suivants, Alfonso Cuaron et Mike Newell, ne s'engageront ainsi que pour un nom, parce que tout le monde commence à redouter la phase critique où le public sera en mesure d'émettre de vraies critiques sur les films, sans compter que la complexité de la saga explose entre temps.

Et puis le tome 5 arriva. Harry Potter et l'Ordre du Phénix, c'est juste le plus gros et le plus complexe de tous les bouquins de la saga, il fait près de 1000 pages, on commence à découvrir la trame du véritable combat contre Voldemort avec notamment une bonne partie du passé, les personnages sont arrivés à l'âge des grands changements : bref, c'est le gros bordel. Et le réalisateur à qui tout ça échut fut David Yates. Et vu qu'il ne pouvait pas tout dire, il dut faire un pari sur ce qu'attendaient les fans, et manque de pot, il s'est loupé. Ce qu'on attendait, c'était que toute la trame phénoménale concernant l'univers se mette en place ; à la place, on a eu droit à de grosses coupures dans le scénario, et ça n'a pas plu. D'accord, il n'y avait peut-être assez de temps pour tout dire, mais quand même on ne pouvait pas faire l'impasse sur certaines choses. Ensuite, c'est la débâcle avec le tome 6. Un ami m'avait cyniquement résumé le film à "Sex, Drug and Rock'n'roll", et malheureusement il a raison. Le tome 6, c'est celui qui prépare tout le combat final qui doit avoir lieu dans l'ultime tome, et une grosse partie du film est consacrée aux problèmes sentimentaux des personnages. Le seul truc avec lequel on a tenté de nous mettre dans l'ambiance, c'est la scène de la mort de Dumbledore, aka le plus grand sorcier de tous les temps et l'un des seuls gars qui pouvaient vraiment tenir tête à Voldemort. Sans plus ni moins, bof.

Et puis arrive le tome 7. Vous connaissez tous la loi de l'emmerdement maximum, et l'idée du résultat; vu les deux opus précédents, nous tracasse pas possible. La première partie est plutôt correcte, l'ambiance est quand même bien reprise et l'essentiel est là, ici pas grand chose à dire, mais rien d'exceptionnel. Ah oui, parce qu'on ne vous a pas dit : histoire de ne pas faire un film trop grand et aussi pour s'en mettre encore plus dans les poches, le film a été divisé en deux. Pour la seconde partie, j'étais en T-shirt et la pluie s'est ramenée, j'ai donc passé une heure dans la file d'attente complètement trempé, comme si le ciel tenait à m'avertir de la suite. Et puis je finis par rentrer et j'assiste à tout ça. Pendant la première moitié du film, c'est-à-dire avant qu'ils arrivent à l'endroit-du-combat-final-dont-tout-le-monde-se-doute-où, c'est plutôt correct. Inutile de vous dire que toute la partie concernant le passé de Dumbledore a été condensée en deux minutes, celles où les héros croisent son frère, qui se chargera de simplifier toute l'affaire. Ce sera pour le combat final qu'on aura droit à une véritable boucherie. Déjà, la scène de triomphe de Voldemort, c'est un gros fail, merde. Le discours de Neville à la con, merde, d'où qu'il sort. La manière dont Harry revient, merde, c'est complètement l'inverse. Le final est un authentique bordel faisant honte à ce qui est écrit dans le livre, et parce qu'Hollywood est là, il a fallu que le un-contre-un entre Harry et Voldemort soit bien spectaculaire, parce que la tension de la véritable scène du duel, OSEF.

Conclusion : tout est fini, et c'est très loin d'être une mauvaise chose, parce que pour ce final, Hollywood s'est effectivement chargé de nous livrer un beau carnage. La loi de Murphy aura ainsi une ultime fois frappé.
Jeff-D-Phenix
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le 3 sept. 2011

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