Compte dormant
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Hearty Paws est d'une tristesse infinie, ça c'est certain. Comme tant d'autres sûrement, j'ai d'abord baissé ma garde pour m'abandonner aux larmes. Rien d'exceptionnel là-dedans, ce n'est ni la première ni la dernière fois qu'une pelloche me fait chialer. Et pourtant cette fois j'ai honte. Pas d'avoir pleuré, non. J'ai honte d'avoir pleuré devant CE film en particulier. Honte d'avoir été, durant quelques minutes, assez naïf pour me laisser berner par un scénariste aussi ignoblement manipulateur.
Car Hearty Paws ne recule devant rien pour titiller les glandes lacrymales. Ni devant la paresse, ni devant la facilité, ni devant la cruauté gratuite. On nous met donc sous le nez un chien trop meugnon, une petite Coréenne trop meugnonne, des adultes bien méchants (parce que tous les adultes sont des salopards de première qui méprisent les enfants et les animaux, c'est bien connu), et on laisse mijoter tout ça dans une soupe à base de pauvreté et de démission parentale.
Le long-métrage de Park Eun-hyung et Oh Dal-kyun apparait de prime abord comme un mix entre Le Tombeau des Lucioles et Hachiko Monogatari, deux exemples de films qui ont su transcender leur scénario tire-larmes pour donner lieu à un résultat remarquable chacun dans leur genre. Mais Hearty Paws se place malheureusement à des années lumière de ces deux réussites.
En premier lieu pour son incommensurable malhonnêteté intellectuelle, d'autant plus dommageable que le film semble s'adresser en premier lieu aux enfants. Puis pour sa réalisation misérable qui n'hésite jamais à en rajouter des tonnes afin de surligner le pathos de la situation : ralentis dignes d'un feuilleton fauché, nappes de violon et accords de piano omniprésents tout droit sortis d'un mauvais album de Yiruma, gros plans larmoyants, les cinéastes déploient une panoplie impressionnante que ne renieraient pas les pires tortionnaires de ce vaste monde, et ne nous épargnent même pas un final révoltant de niaiserie.
Nonobstant, vous ne pourrez évidemment pas vous empêcher de chialer si vous consentez malgré tout à vous faire la victime volontaire des deux réalisateurs. Je vous encourage donc vivement à ne pas cautionner ces 90 minutes pleines à craquer de pleurs d'enfants et de gémissements canins, qui ne révèlent rien d'autre qu'une fainéantise putassière indigne du cinéma coréen. Tournez-vous plutôt vers les deux films sus-mentionnés, qui eux au moins ne vous prennent pas pour des demeurés et ne se reposent pas sur des émotions factices, prémâchées.
Hearty Paws, lui, ne cherche pas à vous raconter une histoire, il veut juste vous voir pleurer. A tout prix. Ce n'est donc pas un film. C'est juste un sale enfoiré.
(Et c'est bien dommage, parce que les jeunes acteurs sont vraiment pas mal.)
Créée
le 25 mars 2018
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