Oh le lourd !

Heavy est le premier film réalisé par James Mangold, et il aura fallu presque deux ans pour qu'on le découvre en salles. L'effet Lyv Tyler (peu avant Armageddon), dirons-nous...
Il n'empêche que c'est un film très touchant, peut-être maladroit par moments, mais qui révèle en son sein une grande tristesse. C'est l'histoire d'un jeune homme (Victor, incarné par Pruitt Taylor Vince, j'y reviendrais), employé d'une supérette, manipulé par sa mère, et dont l'arrivée d'une nouvelle employée (Lyv Tyler, dans son deuxième rôle au cinéma) va lui faire découvrir l'amour et lui révéler également ses complexes, dont son obésité qui lui pèse au moral, sans mauvais jeux de mots....

Il est clair qu'en voyant le film, le moral n'y est pas vraiment, car la situation de ce pauvre employé n'est guère enviable.
Mais je vais revenir sur son acteur, Pruitt Taylor Vince. Si il est un excellent second rôle dans le cinéma américain et à la télévision (on a pu le voir dans Le mentaliste), il est ici magnifique, de par son allure à la fois désolé mais où va émerger une volonté de s'en sortir, et aussi par un défaut physique qui sied très bien pour ce rôle. Il est atteint de nystagmus, une maladie oculaire qui fait que ses yeux bougent sans arrêt. Pour Heavy, son personnage est très timide, et son regard fuyant lui donne cet air touchant, presque paumé.
Pourtant, par amour pour cette nouvelle employée, il a envie de s'en sortir. Obèse, il veut s'en sortir en faisant un régime, mais sa mère lui dit tout le temps qu'il n'est pas gros et elle casse en quelque sorte sa volonté. Il essaie de devenir plus sociable, mais il entend des paroles désagréables sur son physique. Bref, il est sans arrêt cassé dans son élan, ce qui conduira à cette fin qui sonne comme un retour au départ, mais avec un petit espoir...

La mère, incarnée par Shelley Winters, est également très bien, car elle incarne une sorte d'autorité maternelle ; elle dirige d'une main de fer sa supérette, mais un accident domestique va bouleverser le cours de l'histoire. Quant à Lyv Tyler, elle représente pour Victor une sorte de fantasme dans ce trou perdu où ils vivent, mais on pourrait lui reprocher son manque d'émotions.

C'est un film où, fondamentalement, il se passe peu de choses, mais je trouve ce Pruitt Taylor Vince très touchant, une sorte d'ours sans griffes, et à la fin du film, on se sent presque comme lui.
Le film est sorti en catimini partout où il a été diffusé, mais c'est un premier essai qui a quelque chose de presque humaniste, et il faut également souligner les très beaux décors, qui donnent l'impression qu'on est dans une zone isolée de l'Amérique.

Peu après, James Mangold signera Copland ; beau début de carrière !