Heli est un film mexicain éponyme du réalisateur Amat Escalante qui m’a plutôt secouée. On y rencontre une famille mexicaine pauvre : père, fils, fille, belle-fille et petit-fils vivent dans la misère et la promiscuité.
Le première scène du film pose l’horreur d’un pays où les gouvernements sont impuissants : deux corps à l’arrière d’un pick-up, en sang, un plan d’avion, du sang séché, puis un corps pendu à un pont, par un gang. Heli prend toute sa force dans ses silences, et les plans successifs de sublimes paysages, dans un Mexique sec et déshumanisé. Prise de conscience politique, le film ne se contente pas de narrer une histoire, mais de peindre des réalités : ici, Estela, jeune fille de 12 ans, entraîne sa famille dans une sombre histoire en tombant amoureuse d’un jeune policier de cinq ans son aîné détournant de la drogue. Gangs, cocaïne, et séquestration se succèdent pour raconter un quotidien paisible dans le désert mexicain, qui bascule dans l’horreur, notamment au travers d’une scène de torture extrêmement dure à supporter pour le spectateur.
Amat Escalante livre ici un film éminemment politique : une société laissée à l’abandon, une vie rurale dévastée par l’ascension des narcotrafiquants et des gouvernements qui n’agissent qu’en façade, qui laissent sous-entendre des affaires de corruption, de prostitution et de viol notamment;
Heli prend force dans sa proximité avec la réalité qui est d’autant plus forte car elle est renforcée par le jeu brut des acteurs, aussi jeunes que d’une rare brutalité psychologique. L’essentiel du film prend sa source dans le fantastique jeu de ces jeunes acteurs qui côtoient la mort dans un cadre magnifiquement sublimé par des plans longs et soignés d’Escalante, qui rend compte de la violence du Mexique, pays fui tous les jours par des familles vers des Etats-Unis dont la répression des migrants au Sud est quasi peu croyable, notamment par la construction d’un mur de plusieurs mètres de haut, dotés de capteurs de mouvements, mais aussi d’une milice de civils, les Minute-Men, qui ne reculent devant le meurtre pour repousser des mexicains qui fuient la misère quotidienne, en plus de la violence des gangs et des trafiquants.

bensassou
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le 7 juin 2016

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