Help Me Eros
6.9
Help Me Eros

Film de Lee Kang-Sheng (2007)

Acteur fétiche de Tsai Ming-liang, Lee Kang-sheng passe derrière la caméra dans ce Help Me Eros pour… faire du Tsai Ming-liang ? Le film a de quoi surprendre en effet par sa grande ressemblance avec les œuvres de ce dernier, tout en affirmant au demeurant ses différences.


On retrouve effectivement ici l’influence du Maître dans l’agencement méticuleux des plans, très souvent fixes, et plus globalement dans le ton de l’œuvre, profondément marqué par la solitude que connaît chacun des personnages. Jamais totalement dépressif, Lee joue lui aussi avec brio sur l’humour, l’ironie et les changements de ton parfois brutaux, d’un romantisme un peu désuet à des scènes de sexe complètement timbrées en passant par des moments d’introspection plus ésotériques.


Le film se balade sur plusieurs registres, traitant notamment de l’addiction aux drogues, du manque d’affection, de la prostitution, de l’homosexualité etc. Lee parvient à concentrer tout ça dans son métrage et à le garder cohérent grâce au fil rouge de la solitude, lequel unit les trois protagonistes sans qu’ils le sachent. Il n’oublie pas, tout comme Tsai, de distiller avec beaucoup de finesse une critique du capitalisme sauvage qui a laissé tant de Taïwanais sur le carreau dans l’histoire récente du pays.


Sans doute Lee manque-t-il encore un peu de maturité dans la façon qu’il a d’aborder les problèmes qui sont devenus pour son mentor une sorte de second langage qu’il manie à la perfection à travers son cinéma. On ne peut lui retirer cependant ce lyrisme exacerbé, très romantique, qui se distingue en cela de celui de Tsai, lequel est davantage élégiaque et porté sur la nostalgie.


En atteste l’usage que fait Lee de la musique, beaucoup plus présente qu’elle ne l’est dans les œuvres du Maître. Elle sert ici moins à susciter la mélancolie qu’une forme de recueillement chez le spectateur, appelé à réfléchir sur les multiples lectures à donner à ce film au symbolisme riche et très puissamment érotique. Une très belle expérience qui ne pourra que ravir tout amateur du cinéma de Tsai Ming-liang.

Créée

le 6 mars 2021

Critique lue 312 fois

1 j'aime

grantofficer

Écrit par

Critique lue 312 fois

1

D'autres avis sur Help Me Eros

Help Me Eros
Docteur_Jivago
7

Blood in the Veins

D'abord, merci à Dagoni, second conseil probants après l’excellent Peking Opera Blues et, à l’image de ce dernier, j’ai bien l’impression que ce Help me Eros est plutôt méconnue, et s'il n'est certes...

le 1 juin 2014

8 j'aime

5

Help Me Eros
SlimGus
9

Critique de Help Me Eros par Gaylord G

Film contemplatif à souhait, Help me Eros vous conte l’errance d’un homme, entre cannabis et histoire d’amour ou de sexe, cherchant simplement à vivre, à surpasser ses mal aitres. Le film se veut...

le 1 nov. 2012

6 j'aime

1

Help Me Eros
Omelette-aux-Blettes
8

Critique de Help Me Eros par Omelette-aux-Blettes

Help me Eros, un film de Lee Kang-Shen est une œuvre contemplatif à l'instar des films de Tsai Ming-Liang (auxquels il y a joué). Ce métrage est vraiment semblable aux réalisations de son « mentor »...

le 15 févr. 2015

4 j'aime

Du même critique

My Name
grantofficer
6

The Girl From Nowhere

Un an après le très surprenant Extracurricular, Kim Jin-min rempile avec un nouveau drama produit par et pour Netflix. Cette fois le bonhomme s’inspire de l’univers des gangs et des stups pour...

le 16 oct. 2021

21 j'aime

1

My Mister
grantofficer
9

Un homme d'exception

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : My Mister est l'une des plus belles séries que j'ai pu voir récemment. L'histoire de la série tourne autour des deux personnages de Park Dong-Hun,...

le 28 mai 2020

21 j'aime

15

Stranger
grantofficer
9

L'arbre qui cache la forêt (critique saisons 1 & 2)

Critique de la saison 1 Stranger, de son nom original coréen Secret Forest, nous plonge dans une affaire criminelle atypique dont a la charge un procureur génial qui, à la suite d'une opération du...

le 16 mars 2020

19 j'aime

11