C'est aux Halles, dans "le plus grand cinéma du monde" (complexe d'une bonne trentaine de salles offrant une grande diversité de films) que j'avais choisi d'aller voir ce Heroico de David Zoana.
Nous en étions arrivés aux 2/3 du film, en pleine progression dramatique, quand je fus tiré de ma "fascination" pour ce qui se passait sur l'écran par un charivari, à trois ou quatre fauteuils (vides) de moi, sur ma rangée et celle juste derrière. Je crus d'abord à un incident entre deux spectateurs : ils s'étaient mis debout et je ne comprenais pas ce qu'ils disaient, puis je les vois sortir de leurs rangées respectives pour quitter la salle. Je me lève pour laisser passer celui qui était sur ma rangée, ne comprenant toujours pas quel était le souci.
Et puis l'un des deux me dit qu'il y avait un rat énorme qui s'était juché sur le fauteuil vide juste à côté de là où il était assis (sur ma rangée). Du coup, je quitte ma place, l'homme insistant que le rat avait la taille d'un chat. Quelques personnes sortent de la salle (qui en comptait une trentaine, pas plus). Je les suis et en profite pour aller aux toilettes. À mon retour, les trois ou quatre personnes les plus concernées par l'incident étaient en conciliabule avec une employée du lieu. Un responsable du cinéma arrive. J'essaie de lui faire comprendre mon souhait : qu'on rallume les lumières et interrompe la projection du film, qu'on chasse l'animal ou qu'on s'assure qu'il a fui la salle et qu'ensuite on reprenne la projection là où il l'avait dérangée. Car je tenais à voir le dernier tiers du film. Le responsable m'a très poliment affirmé que c'était impossible. Il ne pouvait faire qu'un geste commercial (places gratuites). Ça n'est pas ce que je lui demandais (d'ailleurs, comme beaucoup de cinéphiles, j'ai un abonnement UGC). Malgré mon insistance, je n'ai pas obtenu gain de cause.
Je ne peux juger du film puisque je n'ai pas vu la fin. Ma note n'exprime que la mauvaise humeur suscitée par l'incident, sa gestion par les responsables du complexe et leur manque de réactivité.
Qu'il y ait des rats aux Halles, on le sait bien et ça n'est pas un scoop. Et on comprend aussi qu'avec tout le pop corn acheté, à demi consommé et généreusement répandu dans les salles obscures, leur éradication n'est pas facile. Tout de même, la direction du complexe ET la mairie devraient se pencher très sérieusement sur la mise en oeuvre d'une forte campagne de dératisation, sinon du Centre de Paris, du moins de ce "plus grand cinéma du monde"... parce que ça n'a rien de divertissant d'aller y regarder un film en se disant qu'on a peut-être, à 10 cm de son bras posé sur l'accoudoir, un rat énorme qui, ayant grimpé sans peur sur le fauteuil contigu, est en train de vous renifler. Comme c'est arrivé hier soir, en salle 12 de ce fameux grand ciné parisien... que j'appréciais beaucoup jusqu'alors.
En attendant de voir le film en entier et de pouvoir le noter justement, mon "1" sanctionne la séance telle que je l'ai vécue.
Ça y est, je l'ai vu en entier (dans un autre cinéma parisien). Le film démarre plutôt bien mais ne tient pas ses promesses. Son dernier tiers m'a déçu. Le personnage du sergent chef n'est pas assez creusé, développé, explicité. Ses rapports avec Luis, jeune "poulain" de l'Heroico Colegio Militar (l'École militaire du Mexique), sont complètement ambigus. Il est tantôt protecteur, quasi tactile, et tantôt menaçant, d'une violence extrême. Par ailleurs, l'opus alterne (et mélange) scènes réalistes et scènes oniriques, avec une frontière assez floue entre les deux niveaux. Le spectateur ne sait plus trop où il en est, et si la scène visionnée relève de la réalité ou si elle relève du rêve, voire du cauchemar. Le quotidien des élèves de cette école militaire formant les futurs officiers de l'armée mexicaine est-il particulièrement viril ou carrément cauchemardesque ? En tout cas, le cauchemar (vécu ou rêvé) culmine dans la séquence finale. J'ai eu l'impression que le réalisateur maintenait volontairement l'ambiguïté, comme s'il n'osait pas dire les choses clairement, aller au bout de son propos (par peur de la censure mexicaine ?). Du coup, le final paraît bâclé, assez mal mis en scène. C'est dommage, parce que la photographie est souvent belle, la lumière jolie, les décors étonnants et les acteurs plutôt convaincants. Il y avait donc matière à un film intéressant, alors que là, ça n'est ni bon ni mauvais. Juste correct et dans la bonne moyenne.