Hibernatus semblerait reprendre tout ce qui faisait la force d'Oscar : l'adaptation d'une pièce de théâtre à succès, Édouard Molinaro pour la réalisation, Claude Gensac pour interpréter la femme de de Funès, Paul Préboist pour jouer le domestique, mais surtout bien évidement, Louis de Funès… pourtant, Hibernatus fonctionne beaucoup moins bien qu'Oscar.
Cette reprise de Captain America made in France était pourtant intrigante :
Le corps d'un homme hiberné dans un bloc de glace est retrouvé au Groenland. Victime d'un naufrage en 1905, Paul Fournier, vingt-cinq ans, est en parfait état. Il rencontre sa descendance et cela ne ravit pas tout le monde...
Le truc, c'est que le film a beau ne même pas durer une heure trente, on s'ennuie un peu. Si la première partie est l'occasion de retrouver Michael Lonsdale ou encore Claude Piéplu (ce qui fait toujours plaisir), celle-ci se révèle plutôt lente, et même plutôt ennuyante, puisqu'on y suit Hubert de Tartas (Louis de Funès) et sa femme tentant le tout pour le tout afin de récupérer leur hiberné, Paul Fournier, interprété par Bernard Alane. La seconde partie fonctionne mieux, mais s'appuie un peu trop sur la même blague : l'objectif de cacher la vérité à Paul, son bond de 65 ans dans le futur, car apprendre la vérité pourrait le tuer selon les médecins. Ce qui implique donc de simuler un retour dans les années 1900 afin de ne pas endommager la santé mentale du patient.
Il y a des blagues qui fonctionnent, mais qui ne sont pas assez bien exploitées : le film amorce plus d'intrigues qu'il n'en résout. Par exemple, Louis de Funès veut absolument obtenir sa légion d'honneur au début du film, l'intégralité de son entourage l'ayant déjà, domestiques compris… la blague fonctionne, le côté dénonciateur aussi, mais cet élément qui fait office de carotte en début de film est finalement très vite oublié (on pourrait y voir une sorte de MacGuffin un peu raté quoi). Idem pour la relation concernant le fils d'Hubert, Didier, interprété par le vrai fils de de Funès dans le monde de réalité véritable, et sa future femme : élément sur lequel le film ne reviendra pas.
En fait, c'est surtout une fois arrivé à la fin, au moment où Louis de Funès révèle tout à l'hiberné (on notera d'ailleurs qu'en s'épargnant deux guerres mondiales, dont l'une dans laquelle il aurait probablement été engagé, que l'hiberné a vachement gagné au change !), que j'aurais aimé que le film commence. Déjà parce que cette scène de révélation est incontestablement la meilleure scène du film (pour l'anecdote, à chaque nouvelle prise de Funès improvisait de nouveaux dialogues), mais aussi parce que j'aurais aimé voir Hubert tenter de retourner le cerveau de Paul, ce dernier redevenant logiquement le propriétaire de l'entreprise appartenant aujourd'hui à ce premier… quoiqu'apprendre lors de la toute dernière scène du film que Louis de Funès a décidé d'hiberner durant un demi-siècle… soit 50 ans… soit pile-poil 2020… soit l'année de la covid… ça, pour le coup, ça m'a bien fait rire. Dommage que l'une des meilleures blagues du film ait été créée involontairement.