Sous une pluie de cendres, deux corps nus s’entrelacent au point de n’en faire qu’un. Mais cette image cache une vérité bien plus pénible, celle d’un peuple mutilé. Alain Resnais ouvre une fenêtre sur l’Histoire et témoigne de l’horreur traversée.
Le film se construit d’abord autour d’un dialogue, écrit par Marguerite Duras, frôlant dans sa construction le poétique. Hiroshima mon amour se caractérise par son esthétique littéraire puisant sa force dans la voix des deux interprètes. Elle est une actrice française venue tourner un film sur la paix et Lui est un architecte japonais. Ils se regardent, s’observent et dialoguent. Une discussion qui, justement, n’a pas de but précis. Cet égarement les amène à se dévoiler, oublier toute pudeur. Elle est animée par une vive brûlure. Jadis Elle a aimé, à Nevers, un soldat allemand. Tondue à la libération et contrainte d’oublier son idylle, ce sentiment de faute morale l’a réduite à néant.
Maintenant libre, à Hiroshima, Elle se laisse envahir par un douloureux passé et, pour la première fois, exprime son traumatisme. Lui a beau écouter, il ne peut comprendre ce qui la tourmente, l’effraie au même titre qu’Elle est inapte à concevoir toute l’atrocité de la bombe. Une liaison éphémère, en évoquant une lueur d’espoir, illustre l’incapacité à effacer définitivement les souvenirs marquants de notre mémoire.
Le film d’Alain Resnais est aussi une prouesse visuelle. Les paysages de campagnes d’une France froide se fondent au travers des écriteaux nippons. SI le présent se déroule au Japon, la France fait référence aux vestiges du passé.