Bordel à queue !

Patrick Hughes avant de se perdre dans Expendables 3 avait réalisé un film pas totalement antipathique ayant le doux nom de Red Hill, mais avec ce Hitman & Bodyguard on est loin de la série B qui a quelques qualités, on est bien plus proche du blockbuster tourné sans aucun talent.

Le problème de ce film, c'est qu'il essaye d'être "cool" (et dieu sait que la "coolitude" c'est juste de la médiocrité), mais il n'y arrive même pas. Je veux dire dans le film on te balance souvent de la musique qui déménage un peu, ou parfois un peu étrangement hors de propos, sans doute pour créer un décalage comique, sauf qu'en fait, jamais elle n'est assez forte pour réussir à être autre chose qu'une bête musique de fond un peu nulle.

Aucune blague, aucun gag ne fonctionne et ne peut fonctionner, car ce n'est jamais construit. Je pense à la scène que l'on voit dans la bande annonce avec Samuel L. Jackson qui chante avec les bonnes sœurs dans le bus, ce n'est pas drôle, ça ne peut pas être drôle, c'est juste Samuel L. Jackson qui chante dans le bus, ce n'est pas assez long pour développer quelque chose, pour créer un malaise, un comique de situation ou que sais-je... c'est juste Samuel L. Jackson qui chante... et c'est nul...
Dans le même genre on a tous les "motherfucker" qui fusent, et si je suis pour la vulgarité, je trouve ça très bien de ne pas être puritain, là c'est abusé, totalement abusé tant c'est gratuit, ça n'a même pas la moindre saveur. C'est juste Samuel L. Jackson qui se caricature et c'est consternant.

Et tout est comme ça, la mise en scène n'est jamais assez brutale, jouissive pour réussir à marquer le spectateur, c'est juste lisible, mais jamais ça n'est intense. Ce n'est pas parce qu'il y a quelques gerbes de sang que tout à coup c'est exceptionnellement couillu... au contraire, c'est un véritable cache-misère.

Mais le pire dans tout ça c'est l'histoire en elle-même, ce n'est rien que du réchauffé, tout est prévisible, on voit qui est le traître dès qu'on voit sa gueule, avant même que les personnages ne parlent on sait qui est qui et qui a fait quoi... Genre à ton avis qui est responsable du grand traumatisme du début de film de Ryan Reynolds ? Qui ? Hein ? Qui ? Jamais on n'est surpris...

Et puis cette ode à la justice expéditive à l'encontre d'un dirigeant d'un pays souverain ? D'ailleurs c'est assez hallucinant de voir à quel point Hollywood vous prend pour des cons. Plutôt cocasse, mais le film met donc en scène un dictateur fictif de Biélorussie, or le peu d'images que l'on voit de Biélorussie ça ne ressemble pas à la Biélorussie (les grandes montagnes enseignées dans le fond ça ne le fait pas trop pour un pays qui a son altitude max à 300m et des poussières). On te sert le coup du vilain dictateur qui fait des crimes ethniques dans son pays... Sauf que bon, je veux bien que Loukachenko (le vrai dictateur) ne soit pas un ange, en attendant il ne fait pas trop de crimes de ce type dans son pays...

Et donc sans doute l'on pourrait se dire que ce n'est que du détail, il faut bien un méchant, etc. Sauf que non, ça véhicule un message politique, le message politique est bien évidemment qu'une entité supranationale (ici on a encore Interpol qui sort totalement de ses attributions) a le droit de juger ce qui se passe dans un pays souverain et de décider ce qui est bien et mal et que si jamais ce qui se passe dans ce pays ne nous semble pas jojo on a tout à fait le droit d'opter pour une justice expéditive sans jamais se le voir reprocher... Ce n'est pas vraiment l'idée que je me fais du tribunal de La Haye... Mais bon, comme ça on peut sans doute faire passer la mise à mort de Kadhafi comme étant normale.

Bref, en plus d'être mauvais, c'est con et néfaste.